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![]() Le 24/01/2021 à 16:16:56 | [HRP] Hello, n'hésitez pas à me dire si j'ai fait une erreur. Je me suis permis de resituer mes personnages pour les introduire. Ravie de vous rejoindre ![]() Napnan et Yorio n’apprirent l’invasion de l’imperium que très tardivement. Ils s’en étaient allés de Varnaël pour répondre à leur besoin de connaissances, et nourrir leur curiosité. Leur quête les avait menés en un lieu très retiré, en montagne, ou la véritable nature du dragon s’était révélée. La créature était indubitablement faite pour vivre dans les pays escarpés, et les monts neigeux. Ses dernières écailles avaient laissé place à une fourrure d’un noir profond, seul son mufle restait couvert d’une surface dure et bleutée. Ses bois, ses plumes n’avaient été que des indices de cette ultime transformation. La dragonnière qui venait des plaines, ne partageait pas cette enthousiasme pour la montagne, et ils convinrent donc de partager leur temps entre ce lieu et Varnaël. Après de longs mois d’isolement, de retour dans la ville si chère aux Chimère étincelantes, ils ne purent que constater qu’ils n’étaient plus les bienvenus. Grâce à l’étrange nature du dragon, pris pour une sorte de griffon, ou un monstre atypique dressé pour le cirque ou autre spectacle ambulant, ils ne furent guère traqués par les envahisseurs. En quelques jours, Naonan réunit un lot de plantes, d’herbes, de champignons, de racines, et autres ingrédients dont elle apprenait les secrets, et s’en goinfra des heures durant. Une fièvre profonde, l’entraina dans des plaines peu explorées du Monde a côté, comme elle le nommait, et elle y rencontra l’Ancienne, une vieille peau aigrie et désagréable, qui lui confia qu’un combat dont l’issue serait cruciale se préparait. En revenant au monde des vivants, Naonan narra son voyage à son compagnon. Il fallait faire vite, et rejoindre Hemarys et Trisla pour combattre à leurs côtés. Ils seraient fidèles à leur serment, il n’était pas envisageable qu’il en soit autrement. Le duo, fort d’une énergie nouvelle, rejoignit le souterrain en un temps record, avalant le trajet comme un médicament amer, cela ne prit que quelques jours. Le temps pressait. Par la voie des airs, Yorio était rapide, son corps élancé, et fin, ses plumes, et sa maitrise des courants lui offraient un avantage indéniable lorsqu’il s’agissait de voler. Naonan, plaquée dans son pelage, s’agrippait à la fourrure et tentait de s’accorder aux mouvements du dragon pour ne pas le gêner. D’abord ils virent, au loin, les colonnes de feu, les jets brulants crachés par l’armée des sauriens sur la place forte des marais, puis ils entendirent les projectiles de l’armée ennemie s’écraser au sol. - Nous n’arrivons pas trop tard, nous pouvons rejoindre les combattants, est-ce que tu es prête ? - Oui, cher ami, rejoignons nos frères ! Tous deux étaient conscients de rejoindre un groupe restreint de résistants, ils ignoraient exactement de quels effectifs disposaient leurs alliés, mais ils savaient qu’une arrivée pleine de panache redonneraient de la force à leurs compagnons. - Que faire ? … interrogea le dragon, suivant les idées de son amie - Si nous tentons quelque chose, faisons en sorte que cela ne dérange les mouvements de personne, répondit Napnan Elle se saisit de son arc, la température augmentait sensiblement. En contrebas, elle distingua rapidement un dragon, d’une taille formidable, isolé. - Ils ont certainement un plan, des renforts semblent attendre Mais, ils s’approchaient, et les dragons étaient si peu nombreux …. - Ils sont si peu, gronda Yorio. Il se laissa brusquement tomber vers le sol, et ramassa un lourd projectile écrasé là, et remonta de quelques coup d’ailes puissants, puis il poussa un rugissement et se servit de son élan pour renvoyer cette vilaine pierre à son expéditeur. | |
![]() Le 01/03/2021 à 22:20:43 | Sur les murailles d’Urcendia, la bataille suivait son cours. Les défenseurs, animés par leur haine envers les dragons, protégeaient leur cité avec véhémence. « Leur cité » ? Oui, ils la considéraient comme telle. Pour eux, chaque place capturée était automatiquement considérée comme un territoire de leur empire et il était donc de leur devoir de la sécuriser, au péril de leur vie. La générale Vira étudiait les progressions ennemis du haut de sa position. Même si la bataille se déroulait comme prévue -les soldats exécutant les stratégies à la perfection- elle n’en demeurait pas moins sur ses gardes. Ses années de carrière militaire lui avaient appris une chose : c’était précisément lorsqu’on considérait une victoire acquise que la situation pouvait se retourner, de manière irréversible. Vira faisait donc preuve de prudence, s’assurant qu’aucun front ne se déployait à un autre endroit de la cité. Mais les reptiles semblaient se précipiter dans une attaque désespérée. La poignée de survivants qu’ils étaient lançait un ultime assaut. La première riposte impériale n’avait rien donné, mais l’organisation méthodique avait permis d’infliger les premières pertes rapidement. Pour la plus grande satisfaction de la générale, la réaction des lézards n’avait pas été à la hauteur. La bataille prenait donc un court avantageux. Néanmoins, certains sauriens étaient comme un caillou dans sa botte. Elle avait pu remarquer certains d’entre eux qui, mués par l’énergie du désespoir, se transformaient en de véritables fléaux. Ils parvenaient à pulvériser des balistes ou à retourner des projectiles contre les remparts. Il y avait notamment ce dragon vert qui, en plus de se battre avec fougue, paraissait avoir une influence sur ses congénères. L’abattre rapprocherait sans aucun doute l’Imperium de la victoire. D’un mouvement lent, Vira le désigna et prononça tout simplement : - Sortez les filets. L’ordre était aussi clair que limpide. L’instant d’après, son subalterne transmit le message aux équipes concernées et rapidement, on arma les balistes avec les nouveaux projectiles. Ces grands filets avaient le mérite d’entraver les dragons dans leurs mouvements. Ailleurs, c’était des bolas que l’on se préparait à envoyer : des cordes lestées qui, lorsque le dragon s’y retrouvait empêtré, lui donnaient beaucoup de fil à retordre. Et oui : l’Imperium d'Elkonar avait fait du combat contre les dragons sa spécialité. * * * Bahrim se faufilait dans les ruelles de la Cité Phoenix. L’agitation était grande autour de lui et chaque personne s’affairait à la protection de la ville. C’était comme si chaque soldat savait précisément quel rôle il devait jouer dans cette opération. Le plus impressionnant était la mobilisation de chacun d’entre eux, y compris les combattants les plus éloignés du front. Aucune ressource n’était mise au repos et chacun, à sa manière, contribuait à l’effort de guerre. Chaque soldat savait précisément ce qu’il avait faire et où il devait se rendre. Bahrim avait beau regarder autour de lui, personne ne paraissait inactif. Et ça n’arrangeait pas sa tâche. Soudain, il se plaqua contre un mur et fit signe à ses compagnons de l’imiter. Une patrouille venait de passer juste à côté d’eux. Bahrim bloqua sa respiration le temps de les laisser passer. Il n’osait plus bouger ni faire quoi que ce soit, de peur d’être repéré. Mais, après quelques instants, la patrouille avais disparu. Par sécurité, le rebelle attendit encore un peu avant de faire signe à ses camarades de se remettre en route. Leur mission était certainement la plus délicate : se faufiler dans le passage secret pour s’immiscer dans la ville et localiser le Général Moufkor pour l’éliminer. Tel avait été le plan dessiné pour capturer la cité et marquer ainsi une première victoire rebelle sur le joug impérial. Se remémorer ses objectifs le ragaillardit et d’un pas assuré, Bahrim s’enfonça dans les rues du quartier Sud-Ouest, espérant se rapprocher de la bâtisse du général. Arrivant sur un carrefour, il ne prêta pas immédiatement attention aux soldats qui arrivaient. Ces derniers, aux sens affûtés et sur leurs gardes depuis le début de l’assaut, ne le manquèrent pas. Lorsque Bahrim réalisa son erreur, il était trop tard et, déjà, l’alerte était donnée. Il fit signe à ses compagnons de se replier et le groupe entier se mit à courir, voulant échapper à leurs adversaires. Bahrim qui, juste avant, avait été plein d’espoir se trouvait désormais désemparé. Car il se savait au coeur d’une toile d’araignée dont l’étau allait bientôt se refermer sur lui. Et sur le groupe dont il avait la responsabilité. * * * Le Sénéchal n’avait toujours pas pipé mot. Il se contentait d’écouter ce que la fuyarde prononçait de son air misérable, davantage pour se convaincre elle-même que pour se justifier auprès de lui. La colère, les doutes et la peur qui l’animaient émanaient d’elles aussi clairement que la lumière d’un feu de bois. N’importe quel dragon aurait pu déceler son désarroi. Elle ne cherchait même pas à le cacher. C’était déplorable. Non pas l’état dans laquelle se mettait cette humaine -les Humains étaient après tout réputés pour leur peur irrationnelle de la mort- mais bien son absence de clairvoyance sur le rôle qu’elle devait jouer dans cette guerre. Le Sénéchal n’était pas un devin, mais il n’en restait pas moins un dragon. Le passé, le présent et le futur lui avaient déjà été contés. Les choses auraient été bien plus facile sans les sentiments partagés des Humains, sans leurs humeurs impulsives et leur absence totale de clarté d’esprit. Ces êtres étaient guidés par le même brouillard que celui qui flottait dans ces marais. Le Sénéchal ne pouvait que les plaindre. Et pourtant, ils étaient essentiels à l’équilibre d’Atsami. Tout comme la volonté de l’Imperium d’éradiquer l'ensemble des Dragons était insensée, celle de vivre sans les Humains l’était tout autant. Le Sénéchal s’y était résolu il y a bien longtemps, mais il devait admettre que, quelque fois, ils parvenaient encore à le décevoir. Cependant, il existait des batailles dans lesquelles il devait personnellement s’impliquer et d’autres dans lesquelles il devait laisser les autres se battre. Car c’était le seul moyen de faire grandir les Humains. La bataille d’Urcendia en était un exemple. Le Sénéchal savait qu’il n’y avait pas sa place. En tous cas, pas au coeur de la cité, contrairement aux autres. C’était maintenant qu’il jouait son rôle. Rôle qu’il savait décisif. Car en s’éloignant de ses camarades, Elyra avait, sans le savoir, déplacé le front sur un autre terrain. Pas seulement dans la forêt qui entourait Urcendia, mais dans les limites du plan matériel. Le combat se menait aussi sur le terrain spirituel, celui qu’elle avait arpenté par ses dernières phrases. Elle cherchait à se débattre, à lutter contre sa couardise. Mais en réalité, elle affrontait un ennemi qu’elle redoutait plus encore : son courage. Elyra refusait de le voir. Elle cherchait éperdument à s’en détourner, comme si elle ne pouvait accepter qu’une part d’elle-même soit honorable. C’était un autre combat que le destin proposait donc au Sénéchal de mener. Et, en ce lieu, il lui aurait été facile de trouver les mots pour apaiser l'Humaine et pour la convaincre. Mais il savait nombreux les combats qui ne l’appelaient pas à prendre part. Sa place était ailleurs et, quoi que les DIeux puissent juger, il savait avoir déjà joué son rôle dans cette bataille, tout comme Elyra jouait le sien en s’éloignant de ses compagnons. Après tout, le destin n’était tragique que pour ceux qui en connaissaient déjà la fin. Le Sénéchal faisait partie des ces élus et même si le choix venait de lui être proposé d’impulser plus encore les choses qu’il ne l’avait fait jusque-là, il décida de le décliner. Toujours en fixant Elyra de ses yeux gris, il se décala doucement, libérant le passage devant elle. Quel serait le choix de sa destinée : aller de l'avant ou retourner auprès des combattants ? [HRP] Désolé pour le gros temps sans réponse. Concernant le groupe d’intervention, j’ai pris les devants en y mettant un PNJ à sa tête. À tous, vous pouvez bien évidemment reprendre le RP en route. Napnan et Yorio venant d’arriver (et n’ayant pas encore causé de dégâts considérables) les soldats Impériaux ne les ont pour le moment pas pris pour cible (jugeant Gwaihir et sa bande comme plus menaçants). Bon courage pour la suite et n'hésitez pas si vous avez des questions ! | |
![]() Le 08/03/2021 à 19:18:51 | Sans un mot, la jeune femme se faufila devant le dragon. Les épaules voutées, elle fixait le sol, oppressée par un regard qu'elle imaginait accusateur. Ce ne fut que loin du Sénéchal qu'elle se remit à respirer. Derrière elle, la mort. Devant, l'avenir. Elle faisait le bon choix. *** Alors que Bahrim s'approchait de sa cible, le reste de la troupe s'infiltrait dans les rues Ouest d'Urcendia, menée par un ancien impérialiste. Le quartier, plutôt résidentiel et encore un peu arboré, leur permettait de circuler aisément malgré les nombreux soldats. Derrière les fenêtres se pressaient parfois les visages inquiets des urcendites dépossédés de leur cité. S'ils furent surpris de voir les rebelles, aucun pourtant ne donna l'alarme. - Les bombes sont généralement gardées à l'écart du camp, avait expliqué leur guide un peu plus tôt. Elles sont protégées par magie. Les bombes d'Elkonar étaient réputées pour leur puissance. Diversion ou pas, il avait été décidé de ne pas y toucher, le risque étant trop grand de blesser des urcendites innocents. L'idéal aurait été de détruire les stocks d'armes, mais ceux-ci étaient trop bien protégés et divisés. Lorsqu'un pays avait élevé la guerre au rang d'art de vivre, difficile de prétendre déstabiliser son armée. Difficile, mais pas impossible. Les mercenaires s'immobilisèrent en lisière d'une place. Ici, les pavés remplaçaient la terre battue et les arbres étaient plus hauts. Deux statues en occupaient le centre. Elles avaient été décapitées, mais la frêle carrure de la femme taillée dans une pierre d’un blanc étincelant était facilement identifiable. - C'est Corellon, murmura l'un des mercenaires en baissant la tête devant la statue. L’homme ne pouvait être que son opposé, le Dieu Sombre. Entre leurs bras brisés, les impérialistes avaient attaché une tenture représentant six hommes et femmes inconnus. Dans le silence le plus total, deux rebelles rejoignirent le centre de la place. Le plus jeune, un grand échalas aux cheveux gris, déballa un assortiment de fioles de ses poches. Quel meilleur endroit pour exprimer la colère des Divinités ? Sous les ordres de leur cheffe, les mercenaires se répartirent à l'entrée de chacune des rues conduisant à la petite place. Seule la vieille guérisseuse resta aux côtés de l'alchimiste, déjà affairé et marmonnant d'incompréhensibles paroles. Un éclair surgit du plafond et déchira le ciel en deux. L'espace d'un instant, il ramena sur Urcendia une lumière digne de la Surface. Il s'abattit sur la tenture impie qui disparut dans un bouquet de flammes. Le craquement de la foudre n'avait pas encore retenti qu'un escadron de soldats gris s'était déjà engouffré sur la place. Il se heurta à trois mercenaires, qui, peu désireux de se faire discrets, leurs barrèrent la route avec grand renforts de cris. Les épées s'entrechoquèrent. A l’opposé, le reste du groupe avait déjà disparu dans une allée, les quatre combattants entourant l'alchimiste et la guérisseuse. Chacun connaissait son rôle. Sans un mot, ils filèrent vers le Nord. - Vers le cimetière, ils s'enfuient ! - Tuez ceux là ! ordonna une femme. Dans leur dos, le fracas des épées s'interrompit soudain. - Ils ont disparu ! - Retrouvez-les ! Ne les laissez pas s'échapper ! crièrent les voix au loin. Des bruits de pas martelèrent le sol. Les rebelles se jetèrent derrière une palissade, laissant passer de justesse un groupe de soldats. Le silence revenu, ils reprirent leur route. Avec un "pop", un homme apparu soudain au centre de la rue. Les rebelles lui sautèrent dessus, épée brandie, puis ils se reconnurent. - Greg ! Le sort de fuite a fonctionné ? - Les autres ont pû s'enfuir ? - Rob a été touché à la jambe, mais il a été le premier à se téléporter. - Pourvu qu’il n’ait pas atterri trop loin... - Avançons ! rappela la meneuse, et ses compagnons obéirent aussitôt. Ils atteignirent le cimetière sans encombre. Ou plutôt, ce qui avait dû être un cimetière. Là encore, l'efficacité impériale avait œuvré, emplissant l'espace vide de rangées de tentes bien droites. Les arbres avaient été coupés pour dégager de la place. Des soldats s'affairaient dans les allées, transportant des flèches, des pierres ou des civières. - Hey, vous ! Le cri provenait d'un homme, dont l'uniforme gris était couvert d'une armure d'écailles. Il n'eut pas le temps d'en dire plus : une tornade l'envoya s'écraser sur une tente à quelques pas. - Formation ! ordonna la cheffe. Les rebelles s'organisèrent en cercle et s'enfoncèrent dans le campement, détruisant tout sur leur passage. Le premier groupe de soldats qui tenta de les attaquer s'effondra sur une énorme plaque de glace. Le deuxième se retrouva embourbé jusqu'aux genoux. - Fais vite, Bahrim, murmura l'alchimiste. Fais-vite ! *** Alors qu'Atirie précipitait deux humains à bas des murailles, une baliste explosa à côté d'elle, fracassée par une roche lancée par un dragon. Le nouveau venu était étrangement recouvert de fourrure, mais la jeune dragonne l'accueillit quand même d'une pirouette enjouée. Puis elle rejoignit Sirka devant les murailles. Le succès de cette attaque ne lui faisait pas oublier son inquiétude. A présent qu'elle était à la tête de sa meute, elle devait la protéger. L'état du dragon bleu était déplorable. Le sang avait immédiatement cautérisé mais des éclats d'os dépassaient de la plaie. Atirie doutait qu'il soit capable de se déplacer longtemps. Cela remettait au premier plan la décision douloureuse qu'elle avait pris en emmenant le vieux dragon avec eux : en cas d'échec, sa taille et son esprit éteint ne permettrait pas à Sirka de s'échapper. Savoir que le vieux sage aurait sans doute sacrifié volontairement l'une de ses vies pour ses compagnons ne soulageait pas Atirie pour autant. D'un mouvement de queue, elle rappela Kerlym et Mélinée près d'elle. - Soyez prudents ! Nous ne voulons pas plus de victimes. Sur les remparts, des hommes armés de lance avaient déjà remplacés ceux tombés au combat. Les balistes encore en état était chargées de nouveaux projectiles. La dragonne rouge hésita encore un peu, puis, le cœur serré, se posa sur l'épaule valide du dragon bleu nuit. - Sirka kan mo kar, ordonna-t-elle, prononçant son nom entier, tue-les. Le dragon cligna lentement des yeux, tourna la tête de gauche à droite, regardant les soldats du mur sans les voir. Et inconscient de sa vie en jeu, il prépara à nouveau son jet de flammes mortel. Atirie bondit en l'air et ouvrit ses ailes. Ses compagnons s'élancèrent à ses côtés et d'un même mouvement, ils attaquèrent les remparts. Trois paires d'yeux n'étaient pas de trop pour repérer les flèches et ensemble, ils parvinrent à calciner quelques humains. - Attention ! Les balistes avaient tiré. Juste à temps, la dragonne rouge esquiva deux pierres reliées par une corde. Le projectile alla s'écraser sur le sol en sifflant. Elle n'eut pas le temps de se réjouir. De l'autre côté de Sirka, un nouveau dragon tomba du ciel. - Non !! Elle pila en plein vol. Le dragon s'était écrasé dans la boue, empêtré dans un épais filet. Une vague de soulagement s'empara de la jeune dragonne quand elle reconnut Gwaïhir – soulagement aussitôt remplacé par de la honte. Même s'il n'était pas de sa meute, le dragon au cœur rempli de rage était de sa race. Gwaïhir se redressa, apparemment indemne. Il se transforma en une boule de feu d'où jaillit un Kerlym surexcité. Lorsque les flammes disparurent, Atirie s'approcha. Elle calcina une volée de flèches, remonta en piqué, puis se mit à tourner lentement au dessus du dragon pour observer. Les flammes n'avaient pas entamé le filet. Lesté par des pierres, celui-ci engluait le dragon vert dans l'épaisse tourbe des marais. Gwaïhir et Kerlym s'acharnaient tous crocs dehors sur les cordes, avec pour seul résultat de les resserrer davantage. - Ne bouge plus ! Tu te fatigues pour rien ! hurla la dragonne. Elle n'eut pas le temps de voir si elle était obéie. Un éclair surgit du plafond et déchira le ciel en deux. Il frappa la ville à leur droite, loin des combats. "Enfin !" *** Désireuse d'aller au plus court, Elyra s'était enfoncée entre les pistes dans un vallon humide. Il filait plein nord, encadré par des falaises dont la hauteur aurait été négligeable si la boue dont elles étaient constituées n'avait pas rendu l'escalade impossible. L'eau y était noirâtre et nauséabonde, des champignons boursoufflés émettaient des lamentations déchirantes en éclatant quand d'autres ne cessaient de s'entortiller autour des bottes de la chasseresse. Mais au moins, songeait-elle, on n'y voyait aucun crapaud. Le sol remonta soudain. Elyra crut un instant être sortie de cette mauvaise passe, mais elle constata qu'il ne s'agissait que d'une colline nichée entre les falaises. La gorge se divisait en deux, une branche partant vers l'Est quand l'autre semblait continuer en direction des escaliers. Sur la colline partiellement préservée de l'humidité, la couche de mousse était plus importante et prodiguait une lumière dorée presque agréable. De petites fleurs blanches et jaunes ponctuaient le sol, entre d'immenses touffes de fougère. Même l'air était plus pur ici, remarqua la jeune femme en l'inspirant à plein poumons. Elle prit le temps d'avaler quelques gorgées d'eau avant de se remettre en route. Elle allait atteindre le sommet de la colline lorsqu'un zombie émergea de la touffe de fougère la plus proche. Lasse, Elyra banda son arc et s'apprêta à tirer. Comme sous un coup de vent, les fougères de toute la colline se mirent à vibrer. Et autour de la jeune femme apparurent squelettes et zombies, l'entourant en un cercle parfait. - Merde. Celui qui lui faisait face, au sommet de la colline, leva la main. Il n'était pas armé. Si elle le tuait, elle pouvait avoir les autres de vitesse. Les morts-vivants n'étaient pas très rapides. Mais avant qu'Elyra ait décoché sa flèche, le zombie avait prononcé un ordre, dans un atsamien calme et parfaitement compréhensible : - Abattez-là. Sous le choc, Elyra faillit lâcher son arc. - Vous… vous parlez ? Le zombie croisa les bras tandis que ses compagnons s'approchaient. La jeune femme ne leur accorda pas un regard. Elle avait perdu de précieuses secondes et pourtant hésitait encore à tirer sa flèche. - Attendez ! Aucune réaction. Elle parlait à des monstres. Elle tira, manquant volontairement sa cible de peu. La flèche frôla le crâne à nu du zombie et alla se perdre dans les fougères. L'armée ne s'arrêta pas pour autant, et le grincement des squelettes provoqua une vague de panique chez la chasseresse. - ATTENDEZ ! Les morts-vivants s'immobilisèrent. L'avaient-ils compris ? Jusqu'ici, la jeune femme avait toujours considéré ces créatures comme des monstres créés par magie, incapables de pensée cohérente. Mais elle n'avait pas rêvé, non ? - Vous me comprenez ? demanda-t-elle d'une voix faible. Celui qui semblait être le chef hocha la tête. - C'est pas vrai… Vous… Je croyais… - Vous nous prenez pour des monstres ? La jeune femme écarquilla les yeux. - Mais vous, vous… - Nous ? Vous ! Les humains ! Les dragons ! Vous tuez sans vergogne, sans réflexion. Et aujourd'hui, vous allez payer. Il leva un doigt et les créatures firent un pas de plus. La plupart portait de simples gourdins au lieu d'épées, et un seul une hache. Mais gourdins ou pas, Elyra ne voyait pas comment se tirer d'un combat contre dix. - Non, cria-t-elle, non, attendez ! Elle lâcha son arc et leva haut ses mains en direction des morts-vivants. - Qu'est-ce que vous voulez ? De l'or ? - Nous n'avons que faire de votre or. Seules comptent la vengeance et la sécurité. - La sécurité ? - Pour notre peuple. Pour nos familles. Des familles ? Elyra eut la vision de minuscules squelettes aux os brillants en train de jouer aux billes, avant de se demander si elle n'était pas en train d'halluciner. Parler à des squelettes ? Avec toutes les plantes toxiques qu'il y avait dans le Troisième, c'était certain, elle avait dû inhaler quelques mauvaises vapeurs. Ou alors, elle était déjà morte. - Vous n'y arriverez pas comme ça. Vous n'arriverez pas à nous tuer, improvisa-t-elle. - Et pourquoi ? - La Reine. La Reine nous protège. Les dragons et leurs humains… nous ne pouvons pas mourir. Elyra n'était pas sûre d'avoir réussi à mettre assez de conviction dans cette affirmation. Les expressions étaient difficiles à lire, sur ces corps en décomposition, aux mâchoires pendantes, aux orbites vides. Le chef fit un pas vers elle et la toisa de haut, apportant avec lui un relent de charogne. - Pourtant, vous êtes de moins en moins nombreux, affirma-t-il d’un ton dubitatif. - Nous avons un autre combat à mener. Contre les impérialistes. Les hommes en gris, précisa-t-elle. Les morts-vivants huèrent. Visiblement, ils ne portaient pas les impérialistes dans leur cœur. - Les hommes en gris brûlent tout sur leur chemin et massacrent. - Ils ne valent pas mieux que vous ! gronda un autre. - Ils mourront eux aussi. Ils ne pourront pas toujours se cacher dans leur ville ! - Elle est assiégée ! laissa échapper Elyra. En ce moment même. - Pourquoi tu nous dis ça ? demanda le chef. Des gouttes de sueur perlèrent sur le front de la jeune femme. Décidément, elle avait autant de talent pour les mots qu'un slim pour la poésie. Son regard voleta d’un mort à l’autre tandis qu’elle cherchait un échapatoire. Le zombie haussa les épaules, las de son silence, et pointa un squelette du doigt. La créature s'élança vers la chasseresse, brandissant une longue épée au-dessus de sa tête. Il attaqua de taille et par réflexe, Elyra para des deux bras. La lame fit trembler tous ses os, mais ricocha sur l'épais cuir de ses brassards. La jeune femme recula d’un pas, suivie par son adversaire. Il fit pivoter son épée en un arc de cercle du côté opposé. Elyra esquiva le premier coup en reculant, tout en saisissant ses dagues. Le deuxième coup visa le cœur. Entrecroisant ses dagues, elle dévia la lame sur le côté. - La paix ! cria Elyra. Je peux vous offrir la paix. Avec tous les dragonniers. Elle sentait tout le poids de la créature arcboutée contre elle, la lame de l'épée à quelques doigts de son corps. Il aurait suffit d'un simple mouvement de bras pour retourner son poignard contre son agresseur ou contre son chef. Un simple mouvement qu'elle se refusait à faire. De toute façon, ils étaient déjà morts. Qu'est-ce qu'une lame aurait pû faire de plus ? - Vous pourriez ? demanda le zombie, sourcils froncés. - Oui, mentit-elle. - On nous a déjà fait de telles promesses non tenues, ragea un autre squelette. - Les dragonniers sont en train de disparaître. Quel intérêt ? Le cercle des morts se rapprocha davantage. L'air avait perdu sa pureté, envahi d’odeurs de corps pourris. Il était plus chaud aussi, mais c’était sans doute la peur qui brûlait le corps de la jeune femme. Elle se redressa de toute sa taille. Retira lentement ses dagues et les rangea à sa ceinture. Et se détourna de son adversaire, des gourdins dans son dos, pour s’approcher du chef sans arme. Elyra aurait voulu être grande et forte, elle aurait voulu avoir Gwaïhir à ses côtés, sa longue robe noire et ses plumes. Elle ne pouvait qu'imaginer qu'ici, seule, elle était encore la commandante d'une guilde guerrière. Alors elle serra les doigts sur ses lames et sur ses hanches pour ne pas les voir trembler, apaisa sa respiration et s’imprégna encore une fois du serment qui avait jadis changé sa vie. - Un dernier combat, déclara-t-elle. A Urcendia. Vous résoudrez en même temps le problème des hommes en gris et des dragonniers. - Une alliance ? - Moins de victime. - Que vaut votre parole ? - Je suis dragonnière. Et chef de guilde. Elle n’avait pas rougi. - C’est un nouveau monde qui se construit. Oubliez la vengeance. Protégez vos familles. Le zombie la contempla sans répondre. Tous étaient pendus à ses lèvres. | |
![]() Le 13/03/2021 à 22:26:03 | Napnan s’agrippait désespérément au pelage de son compagnon, le corps complètement tendu, chacun de ses muscles participant à l’effort pour qu’elle se maintienne en place. Elle ne vit pas la salutation de la dragonne, mais Yorio, lui, en eu le cœur réchauffé. Ils étaient admis et reconnus, il en était heureux. C’était toujours un bonheur d’être aux côtés de valeureux compagnons, surtout dans les situations les plus critiques. Il s’éleva plus haut dans les airs. Certains sauriens étaient déjà blessés. Il évalua la situation, il serait nécessaire de rester toujours en mouvement pour ne pas être atteint d’un trait, ou succomber à l’impacte des projectiles. - Il faut que tu me fasses descendre hurla la fille. En situation de combat, et avec leur faible équipement l’effort a fournir pour rester sur le dos du dragon était trop physique, et la jeune femme finirait par tomber. Son compagnon comprenait ses intentions. Elle n’était pas une guerrière, s’il la lâchait au sol, elle pourrait peut-être aider les blesser, et faire tomber quelques ennemis à distance, elle tirait bien à l’arc. Il émit un grondement d’assentiment. Naonan ne l’entendit pas, mais senti la vibration provoquée par sa réponse. Il se rapprochait du sol très rapidement. Elle se concentra, et se laissa doucement glisser sur le côté, s’accrochant à une patte avant. Il ralentit, plana proche du sol, et elle s’écrasa. Plus durement que ce qu’elle imaginait. Elle resta quelques instant étourdies, puis se releva et couru. Certains dragons étaient blessés au sol, l’un d’entre eux ne bougeait plus, quelque chose était planté dans sa gorge. Elle eut peur. Il fallait aider les combattants entravés, ceux-là étaient réellement en dangers, ils ne pouvaient plus se déplacer, complètement vulnérables, à la merci de l’ennemi. Elle se dirigea vers l’un d’entre eux, plus il se débattait, plus l’entrave semblait se resserrer, meurtrissant la chaire. Comment venir a bout d’un tel piège ? Si cette créature, toute en muscle, en écaille, bénie du feu ne pouvait pas se libérer, même avec l’aide de ses semblables que pourrait-elle faire ? Elle n’osa pas approcher trop près, ils ne l’avaient peut-être pas vue et dans la cohue, elle risquait de se faire piétiner. Peut-être un choc thermique pourrait-il affaiblir le maillage des filets ? D’abord la glace, puis le feu, peut-être les liens cèderaient-ils ? Elle ne connaissait rien en alchimie, mais elle savait que rien n’était plus froid que la mort. Quel pouvait être un meilleur endroit pour l’évoquer qu’un champ de bataille ? Naonan fut brutalement éblouie. Il fit lumière comme en pleins jour, puis la nuit retomba sur Urcendia * * * Le dragon s’éleva de nouveau. Il ne voyait plus son amie. Il espérait qu’elle n’était pas endommagée. Les humains sont si fragiles. Il se concentra et repartit à l’assaut de la muraille. Il avait vu ses compagnons cracher le feu au loin, l’air sentait le feu. Il en avait l’eau à la bouche. Il allait prendre un risque. Survoler la muraille sur quelques mètres et cracher le jet brulant. C’était dangereux. Les adversaires maitrisaient l’art de la guerre, il l’avait constaté, à sa grande tristesse… Tant pis, peut-être pouvait-il tenter la chance ? Il prit de l’élan, et s’élança haut vers le plafond du sous-sol. Il allait leur tomber dessus. Il s’arrêta dans son envol, et se laissa lourdement retomber ajustant sa position avec sa queue et ses ailes. Il prit son inspiration, et a quelques mètres se redressa et souffla les enfers. Il était comblé. Le feu, rien ne pouvait être plus agréable, plus beau. Il se sentait vivant. Le feu. Le vol. Puis il vira brutalement. Il espérait ne pas être pris dans les filets. Blesser il le serait surement, mais la perspective d’être capturé, il ne pouvait l’admettre. Ou était la fille ? Il scruta le sol mais ne vit pas son amie. La ville, dans son dos, fut aussi brièvement que violemment la source d'une lumière trop forte et trop blanche [HRP] Hello ![]() | |
![]() Le 09/05/2021 à 15:14:40 | La situation comprenait son lot de surprises. Mais tout guerrier préparé savait y faire face. Des rebelles, par une malice encore mystérieuse, étaient parvenus à pénétrer les rues de la cité. L’alarme s’était empressée de retentir et, immédiatement, les manoeuvres de sécurité avaient été enclenchées. La description des fugitifs avait été communiquée à toutes les unités locales, à travers un système d’information élaboré. Chaque poste de commande disposait d’un relai de messagerie. Habituellement distribuées par des cavaliers, les missives étaient présentement colportées par des hommes à pieds. En effet, les chevaux impériaux ne s’étaient jamais vraiment habitués au climat de ce marécage sous-terrain. Bien que ralenti, le système d’information demeurait efficace. Au manque logistique venait s’ajouter la discipline des soldats impériaux, dont le sérieux et la formation permettaient des manoeuvres efficaces. Du haut de son point de vue, la générale Vira continuait d’observer la bataille. C’était toujours le milieu de la nuit artificielle, mais les jets de flamme réguliers des dragons venaient illuminer certaines parties de la cité. Pour le moment, les défenses tenaient. En réalité, l’avantage était plutôt du côté des défenseurs. Les dragons, en sous-nombre, subissaient des pertes lourdes à chaque salve. Les Impériaux étaient nés pour décimer ces spécimens. Ils avaient compris depuis des générations qu’ils étaient moins forts que les dragons. Ces gigantesques lézards étaient bien plus grands et bien plus puissants. En un clin d’oeil, ils pouvaient vous réduire en cendres, pulvériser votre logis et piétiner vos cultures. Longtemps persécuté par les dragons, le peuple impérial avait appris à compter sur ses maigres avantages. À la férocité, ils avaient su opposer la rigueur, face à la monstruosité ils avaient présenté le nombre, à la prédation ils avaient révélé la ruse et à la magie ils avaient opposé la foi. De leur peur intrinsèque, ils étaient parvenus à forger leur caractère : l’âme de tout un empire. Ainsi, chasser, combattre et tuer les dragons était ce qu’ils avaient toujours fait de mieux. Et c’est pour ça qu’ils étaient sur le point de l’emporter face à la poignée de sauriens qui combattait sur la porte Nord. Mais chaque bataille comprenait son lot de surprises. Les Impériaux avaient été entraînés à tuer les dragons; mais pas les alchimistes. Un grand éclair vint déchirer le faux ciel. Un signal. Tous les officiers autour de la générale Vira, elle y compris, se tournèrent vers la source lumineuse. Qu’était-ce ? La réponse tomba comme un couperet. Un officier supérieur arriva à ses côtés et lui glissa : - Le général est en route. D’un geste sec et nerveux, la générale Vira acquiesça pour indiquer qu’elle avait bien reçu le message. C’était une mauvaise nouvelle. Si le général Moufkor en personne était en train de faire le déplacement jusqu’à l’endroit que Vira avait désigné comme étant son poste de commandement, cela signifiait qu’il voulait prendre les choses en main. Et s’il voulait prendre les choses en main, alors cela voulait dire que Vira était en train d’échouer. Or, l’échec était quelque chose de très mal vu dans la culture impériale. Quelle que soit l’issue de cette bataille, elle pourrait coûter énormément à la générale Vira. - Caporal, aboya-t-elle. Au rapport. L’homme ne se fit pas prier. L’un des officiers l’entourant s’approcha d’elle, tapa des talons et déclara : - Ma générale : sur le front nord, nous avons trois balistes détruites. Un tiers des agresseurs sont inaptes. Nous entrons en phase quatre. Ce n’était pas ce qu’elle voulait savoir. Il n’y avait aucun doute que la bataille au nord n’était qu’une question temps. Au vu de la stratégie déployée, les défenseurs finiraient par l’emporter. - L’éclair ? Interrogea-t-elle. Elle n’eut qu’un silence pour réponse. D’un air furieux, elle se tourna vers le caporal qui, au moment où il croisa son regard, déglutit péniblement. Il n’était pas sûr de la réponse à apporter. - ... Des rebelles. Ils... - Trouvez d’où ils viennent. Et brûlez-les tous. Le caporal acquiesça immédiatement, tapa des talons et se retira pour transmettre les nouvelles directives. L’ordre était clair : il ne serait fait aucun quartier. Pire encore : la générale Vira venait de transmettre l’autorisation de mobiliser et tuer les civils, si les soldats jugeaient la situation nécessaire. Elle retourna son attention sur les flammes au loin. Une voix au fond d’elle lui indiquait qu’elle agissait plus par panique que par stratégie. Mais elle devait mater les agitateurs avant que le peuple ne se soulève. Elle se mit un point d’honneur à ce que toute cette situation soit réglée au moment où le général Moufkor arriverait auprès d’elle. * * * À quelques lieues de là, au sommet d’une colline, Elyra est engagée dans une conversation des plus irréalistes. Un lourd silence continua d’envelopper sa question et le temps parût suspendu. Tout le monde, même les morts-vivants, se demandaient ce que leur chef pourrait bien répondre. - Il nous suffit d’attendre, rétorqua de manière très simple le zombie. Que ce soit les hommes en gris ou vous, vous n’êtes bons qu’à vous entretuer. Les yeux froids des morts-vivants continuaient de scruter Elyra. Il y eut un nouveau silence, puis une clameur s’échappa. Certains avaient l’air satisfaits, d’autres désespérés. Mais c’était toujours difficile de reconnaître les émotions derrière des cris de morts-vivants. Toutefois, il semblait que la décision ne faisait pas l'unanimité. Certains morts-vivants s’engageaient dans des râles d’apartés. D’autres en venaient presque aux mains. - ... la sécurité... clans... Un fantôme était venu parlementer avec le zombie, aux côté du squelette qui, un peu plus tôt, s'était plaint. Il était difficile d’entendre tout ce qu’ils se disaient. Visiblement, ils devaient être les deux principaux conseillers du zombie. L’émotion était telle entre les mort-vivants que plus personne ne prêtait attention à Elyra. Puis le zombie finit par pousser un cri qui fit taire tout le monde. Une fois de plus, un silence de mort s’était abattu sur la vallée. Dévisageant tour à tour son auditoire, le chef finit par s’adresser à Elyra : - Très bien. Nous acceptons de vous aider. Mais notre aide aura un prix. Faisant durer le suspense, il s’autorisa quelques pas pour se rapprocher de la dragonnière. Satisfait de son effet, il prit soin de se redresser et dit d’un ton solennel : - En plus de la sécurité promise, nous ne demanderons qu’une chose. La vie. Nouveau silence. L’étonnement pouvait se deviner sur certains visages. Le zombie précisa le fond de sa pensée : - À l’issue de votre bataille, nous reviendrons demander notre tribu. Alors la vie de la personne de notre choix devra nous être offerte. Un sourire édenté vint soutenir cette proposition. Telle était l’offre du zombie : l’unique condition pour qu’Elyra puisse rallier à sa cause dix clans de morts-vivants. HRP : Les Impériaux quadrillent les rues et tirent à vue. Ils ont décidé d’utiliser plus de bombes (quitte à les lâcher sur certains endroits de la cité). Ils n’hésitent pas à faire du porte à porte pour menacer des civils (ou en exécuter pour l’exemple). | |
![]() Le 19/05/2021 à 20:48:40 | Urcendia brûlait. Feu des Hommes. Feu des bêtes. Urcendia brûlait et auréolait le Sénéchal d'une lugubre lumière. Lorsque l'hétéroclite armée surgit devant lui, le dragon n'esquissa pas un mouvement de surprise. Sans un mot, il les conduisit à l'entrée du souterrain. Son pas lourd faisait écho au hurlement des cors. Un son si grave qu'il était à peine discernable par l'oreille humaine, bref et répété, comme un battement de cœur. Il avait accompagné leur marche et appelé à eux de nouveaux cadavres ambulants. De dix, les morts étaient devenus trente, puis cinquante… Elyra avait cessé de compter. Les pieds de la jeune femme collaient au sol. Chaque pas était un effort. La fatigue, sûrement. Les morts avaient leurs chemins, sentes sinueuses et profondes, rivières boueuses sans prise sur les fins ossements, mais piégeuses pour l'humaine. La gangue humide l'aspirait vers ses profondeurs, l'obligeait à lutter pour se maintenir au niveau de l'armée. La peur aussi. Une corde au cou, des entraves aux poignets, impalpables et qui pourtant la tiraient vers un destin dont elle ne voulait pas, mais la vie était un labyrinthe sans fin et elle tournait en rond. Elle l'avait choisi ? Etrange choix, un sursaut au bord du précipice pour éviter la chute, juste quelques heures de répit. De mauvaises décisions, depuis trop longtemps. Elle avait eu du mal à croire que sa piètre négociation ait fonctionnée. - Une vie ? Une seule vie ? Le zombie avait hoché la tête, souriant de plus belle. Des vies, on en perdait des centaines, dans une guerre. Juste une de plus. Qui aurait refusé ? Un choix évident, puis un pas après l'autre vers la peur. De meilleures chances, certes, mais rien de facile. Une vie. Une seule. Laquelle ? "Pas lui. Jamais lui." Un pas après l'autre. Penser, plus tard. Avancer, respirer, et fermer les yeux, pourquoi pas ? Le tunnel était trop noir pour y voir de toute manière, et on y étouffait. Ou alors c'était la fatigue. Ou la peur, aussi. - On arrive, murmura un squelette. Penser, plus tard. Avancer. Survivre, encore un peu. L’obscurité s’écarta et l'armée émergea d'une cabane à l'abandon. Urcendia s’étendait devant eux, ses flammes, sa végétation éparse, les cris des humains plus forts que jamais. - Ils ont commencé à s’en prendre aux civils, expliqua le Sénéchal. Comme pour confirmer ses paroles, une bombe s'écrasa un peu plus loin. Elle se transforma en une boule de feu qui se mit à courir dans une ruelle, laissant derrière elle un sillage de flammes. Les morts reculèrent en sifflant et le chaos des os qui tremblent remplaça un instant le vacarme des hurlements. - Nous n'aimons pas le feu, grogna le chef zombie. Elyra haussa les épaules. - Les impérialistes non plus. Si les bombes sont lancées, c'est que leur chef n'est pas dessous. Aucun intérêt pour nous. Survivre, encore un peu. Tuer Moufkor. La jeune femme tourna le haut de son corps, survola du regard la maison dont la moitié des tuiles manquaient. Des lianes épaisses se mêlaient à la pierre, vestiges d’un temps où la ville verdoyait sous la lumière de son joyau. Dans leur dos et à leur droite, les remparts, trop loin pour qu'on distingue les soldats à leur sommet. S’il y avait encore des soldats... Leur arrivée avait l’air d’être passée inaperçue. Dans leur dos donc, les remparts. Alors tout droit… - L'Est est par là, indiqua Elyra en levant le bras devant elle. L’entrée de la ville. Là où il n'y a pas de bombes. Là où se trouve le général. *** Gwaïhir haletait, tête basse. Son corps crépitait. De petites flammèches couraient encore le long de sa crête. Ses dents crissèrent sur les mailles de métal du filet sans parvenir à les entamer. Atirie avait raison, il s’épuisait sans succès. Il tenta de redresser son cou, coincé dans son piège, mais là encore, le filet était trop serré. - Ils préparent de nouvelles flèches, prévint Kerlym. Aussitôt, il disparut du champ de vision de Gwaïhir. Celui-ci eu l’impression qu’un peu de chaleur avait disparu avec lui. Être ligoté et impuissant était terrible, mais être seul l’était davantage. Le froid s’accentua, le filet se resserra un peu plus contre lui. En vérité, le filet n'avait pas bougé : les mailles s'étaient juste faites plus oppressantes et plus présentes. Le métal devenait si glacé qu'il semblait s'incruster dans les écailles du dragon. Le motif se prolongeait sous sa peau et s’insinuait dans son sang. Gwaïhir grogna, trépigna, il griffa le sol et ses flancs sans parvenir à écarter ses entraves. Une forme s’accrocha à la périphérie de son regard. On aurait dit... Une femme, vacillante comme la flamme d’une bougie. Le dragon se tortilla de plus belle. En écartant son aile gauche, il parvint à ménager assez de place en dessous pour y glisser sa tête. C’était bien une femme, une minuscule femme cachée sous une crinière de cheveux. Gwaïhir gronda, hurla quelques insultes. La mort le prenait dans ses bras, et c'était cette femme à l'origine de la mort. Qui était-elle ? Elle était venue avec l'étrange dragon à fourrure. Alors amie ? Mais ce froid... Frêle, fragile, inquiète et maladroite... Imparfaite. Bien plus humaine que les impérialistes. Elle était donc du côté des rebelles ? Quel était son plan ? Le feu n’avait pû détruire le filet, comment le froid y parviendrait ? Quel était son plan ? Il suffisait de savoir qu’elle avait un plan. Faire confiance. Renier la mort, le froid... Chercher la vie. Gwaïhir tendit ses muscles, planta ses griffes dans le sol, ficha le noir de ses yeux dans ceux de la jeune humaine. Ignorer les flèches. Chercher la vie. Invoquer le feu. Dans son âme, dans ses pensées. Le soleil sur son corps. Les flammes des dragons. La chaleur du rire d’Elyra. L’humaine semblait grandir, animée d’une étrange énergie, force, magie... Faire confiance. La chaleur du rire d’Elyra, il y avait si longtemps... [HRP] Napnan, j'ai pas bien compris si tu utilisais l'alchimie ou une autre forme de magie ou pas du tout, dis-moi s'il y a un problème. | |
![]() Le 22/06/2021 à 22:57:43 | Une trêve. Les odieux projectiles étaient en préparation. Les armes employées par leurs adversaires étaient redoutables. Elles alliaient précision, et puissance, exactement comme leurs cibles. Elles étaient mortelles pour les dragons. Mortelles pour toutes les créatures. Mais elles étaient lentes à recharger. L’immense dragon. Il était vraiment effrayant. Elle croisa le regard du monstre. Elle se figea. La peur. Il la regardait. Un tel regard était insoutenable, elle détourna les yeux. Elle voulut se faire plus petite encore et tendit les mains, comme pour le toucher. Elle s’approcha lentement, les mains toujours tendues, releva les paumes vers le haut, la tête basse, comme pour lui remettre une offrande invisible. Elle se concentra à nouveau. Elle savait que la grande dame qui faisait passer les êtres dans l’empire blanc, n’était pas loin. Elle entendait marcher ses enfants. Ils n’allaient jamais sans elle. Si un courant d’air s’engouffrait dans le souterrain, peut-être sentiraient-ils les miasmes puants des cadavres avant de les voir… Cela risquait de les trahir. Elle se concentra sur cette présence et l’implora. Ses compagnons mouraient, Naonan désirait si ardemment leur venir en aide. Elle toucha le filet, cherchant une faille dans l’alliage. Le froid lui faisait mal. Puis se fut évident. Les efforts des deux sauriens avaient eu un effet. Le filet semblait endommagé. Ici. Elle toucha l’endroit. Ses mains étaient gonflées. Le froid brulait la peau. Un bref instant, tout devint blanc et silencieux. Elle faisait face à une dame qui lui posa un doigt sur le cœur, comme pour lui intimer de garder le silence, de ne pas révéler le secret. Elle porterait la marque. Seuls les serviteurs de la mort obtenaient ses faveurs. Il y aurait un prix. Elle n’avait produit qu’un petit glaçon. Il entourait le filet comme un gros anneau, il brilla un bref instant dans l’obscurité. Elle était déçue. Elle ignorait ce qu’elle avait fait, mais le résultat n’était vraiment pas à la hauteur de ses espérances. Elle se tourna pour regarder le dragon en face, déterminée. C’était ce qu’il lui semblait être un échec, mais elle n’abandonnerait pas. Elle sélectionna une flèche dans son carquois, et se tourna en direction des murs. Elle était là. Elle n’était pas une combattante, mais elle portait son âme comme une arme. * * * Yorio faillit heurter l’un de ses frères sauriens tandis qu’il planait de plus en plus bas. Il l’avait quittée des yeux un instant, quelques minutes seulement, comment avait-elle pu disparaitre ? Comment faisaient-ils tous pour parvenir à rester concentrer sur le combat tandis que leurs humains… Il gronda… Quelle idée d’être aussi minuscules et fragiles, comment de si frêles créatures parvenaient-elles a prospérer et à dominer le monde ? Un gigantesque lance, le frôla. Elle alla se planter dans le sol meuble et suintant du sous-sol. Non-loin d’un filet enserrant un compagnon. Il ne put s’empêcher de s’interroger sur la cible. Était-ce lui, ou l’autre, coincé en bas ? Une ombre retint son œil. C’était elle. Quelle inconsciente ! Il lui avait pourtant dit de ne pas approcher de trop près les dragons qu’elle ne connaissait pas ! Yorio qui n’avait pas envisagé l’ampleur désespérée de cette bataille, comprit qu’il pouvait sauver son humaine, l’enlever loin d’ici, mais que jamais ils ne vivraient heureux. Il ne pouvait se résoudre à leur imposer une vie de pariât. Une vie de fuyards, reclus dans un territoire isolé, cachés. Toujours ils seraient hantés par les fantômes de ceux qu’ils n’avaient pas aidés. La peur d’être piégé, d’être séparés comme ils avaient pu l’être lors de son enlèvement. Quelque chose le heurta de pleins fouet et mit brutalement fin à son vol. Il fut projeté au sol dans une explosion de terre, de cendres rougeoyantes et de débris indéterminés. Sonné, il se remit sur ses pattes. Son aile droite lui sembla lourde et rigide. Il la secoua. Rien de grave surement. Il allait lui offrir quelques secondes supplémentaires. Yorio pouvait être rapide au sol. Il adopta un galop, bondissant les ailes écartées pour planer à demi sur quelques mètres, reprenant sa course en direction des hauts murs de la forteresse. Il passa non loin de son amie et du guerrier qu’elle tentait désespérément de libérer. [HRP] Hello ! Désolée pour le délai, et merci de m’avoir attendue ! J’avoue que je ne savais pas trop ou j'allais avec la mort et le froid, c'était un peu "je tente des trucs" Je voudrais surtout développer une sorte de pouvoir type shaman/nécromancie, qui permettrait principalement de communiquer avec les morts pour avoir des infos clefs, ou une transmission d’énergie qui permettrait d'utiliser une magie, mais très peu puissante, genre des sorts simples Voilà, désolée pour ce plop, j'espere que je ruine pas tout ^^", hésitez pas si il faut que je change quelque chose o/ | |
![]() Le 07/07/2021 à 08:33:08 | A mesure que les rebelles s'enfonçaient dans le campement, leurs chances de survie allaient en s'amenuisant. L'alchimiste parvenait difficilement à contenir tous les soldats. Ils durent en venir aux armes. Les épées s'entrechoquèrent et le premier sang coula. L'éclair avait attiré à eux de nouvelles troupes. La diversion était-elle suffisante ? Les soldats défilaient, de plus en plus nombreux, une armée de fourmis sans que rien ne semblait perturber. Lorsque deux contingents d’hommes hurlants se jetèrent sur eux, les rebelles crurent que tout était fini. Sous leurs yeux stupéfaits, les deux groupes les esquivèrent et commencèrent à s’entretuer. - Repliez-vous ! hurla une voix de femme. La chef des mercenaires repéra une petite troupe en dehors du camp. Une jeune femme armée d’une pique leur faisait de grands signes de bras, tandis qu’une autre concentrait tout son attention sur les soldats. - Un sort de confusion ! grogna l’alchimiste. Ses camarades avaient déjà rejoint les civils. Avec les femmes se trouvaient quelques hommes équipés d’armes disparates. - Vous êtes seuls ? - Vous n’êtes pas de taille à les affronter ! protesta une deuxième voix. - Il y a d’autres groupes. Sur les remparts, avoua la meneuse, rechignant à trop en dévoiler. Les Gris confus avaient cessé de s’affronter. Ils s’éparpillaient à présent dans le campement, affrontant qui passait à leur portée. Pour la première fois, les impérialistes avaient l’air un peu perturbés : face à ces frères, ces amis, ils hésitaient à lever l’épée, malgré les ordres de leurs supérieurs. - Il faut se replier dans la ville. L’alchimiste recula de quelques pas, et parut soulagée de voir que son sort faisait toujours effet. - Cela fait des années que je n’ai pas utilisé de magie, j’ignore si ça durera longtemps. - C'est quoi votre plan ? demanda un homme. - Occuper les soldats. Foutre le bordel. - Super, alors on va sortir les gens des maisons ! - Ce n’est peut-être pas une bonne idée d’impliquer des civils là-dedans, hésita la meneuse. - Si ce n’est pas nous, ce sont les impérialistes qui les sortiront de là, et pour de pas jolies choses. Ils ont déjà fait ça quand ils ont pris la ville. La jeune femme avait frappé à une porte tout en parlant. Un homme en sortit, portant un bébé dans les bras. Il embrassa frénétiquement la jeune combattante. - C'est aujourd’hui alors ? - Oui. On sort tout le monde. La foule est la meilleure arme qu’on puisse espérer. * ** Après les flammes, c’est la fumée qui envahit la ville. Puante et sombre, elle dissimulait les corps dans un voile trouble. Aucun soldat ne fit dévier les morts de leur route. Aucun cri non plus. Les entrailles nouées, Elyra suivait, impuissante. Elle n’était qu’un pion de plus dans cette bataille, concentrée sur un seul but : ouvrir le chemin vers Moufkor. Qu’Hemarys puisse l’abattre, ou un zombie, ou n’importe qui. - Non, supplia une voix de femme au loin, pitié, non ! Elyra serra les dents mais ne dévia pas. Elle était ombre parmi les ombres, morte-vivante parmi ses semblables, mécanique bien huilée au milieu d’un tout. Le premier groupe de soldats qui apparut n’eut pas le temps de pousser le moindre cri. Les morts les mirent à terre sans ralentir l’allure. En approchant de la partie Est de la ville, la fumée se leva suffisamment pour cesser de les dissimuler. Bientôt, même Elyra dû se mêler aux combats. Les soldats étaient plus nombreux ici, signe qu’ils approchaient du centre de la ville. La jeune femme avançait, frappait, tranchant ce qu’elle pouvait, une jambe, un bras, désarmer un homme au mieux, et dix squelettes derrière lui passaient dessus. Au quatrième groupe cependant, ils ne furent pas assez rapides. Abandonnant ses camarades à la boucherie, un soldat fit demi-tour en courant. La chasseresse imagina tirer son arc... Le Gris leva la tête, porta sa bouche dans une corne de brume et sonna l’alerte. Les morts frétillèrent et se mirent à marcher plus vite. - Attendez, demanda la jeune femme, ne prenez pas de risque ! Il faut trouver le Général. Mais les morts ne l’écoutaient pas. D'un seul élan, ils se mirent à courir. Encore une fois, Elyra dû lutter pour rester à leur hauteur. Elle voulut sauter par-dessus un Gris encore trop vivant. Il se leva au même moment et elle se prit les pieds dedans. Les deux corps roulèrent l’un contre l’autre. Le soldat – non, son casque tomba au sol, dévoilant le visage fin d’une soldate - en gris crachait du sang et des insultes. Elyra lui cracha au visage et lui enfonça son poing dans le nez. Elle réussit à se lever. Courir encore, rejoindre les autres. Elle déboula au coin d’une maison et faillit renverser un squelette. Un cri s’étrangla dans sa gorge. La rue était large ici, occupée par une fontaine dont les gouttes volantes se mêlaient à la cendre en une pluie crasseuse et collante. Les morts barraient la rue, faisant face à une vingtaine d’archer. Une main saisit la chasseresse par l'épaule et Elyra se sentit tirée dans une maison. Dans un crépitement mêlé de gémissements, les flèches s'abattirent dans son dos. Quelques zombies avaient dû être touchés, pourtant le bruit des combats reprit presque immédiatement. La jeune femme leva la tête pour faire face à son sauveur, un colosse aux cheveux gris dont les muscles n'avaient pas vieilli. - Merci ! - Y en a qui ont eu moins de chance, bougonna le vieux. - On dit que des dragons sont là, c'est vrai ? demanda une petite femme dodue surgissant du fond de la maison. Entre ses mains crispées, elle serrait l'épaule de ses enfants. Leurs grands yeux béants fixaient la chasseresse, larmoyants de question. - C'est vrai, expliqua Elyra en jetant un coup d'œil dehors. Ils viennent libérer Urcendia. Quelques corps de zombies parsemaient le sol, mais la plupart des morts avaient réussi à remonter la rue et à faire reculer les Gris. La femme retint Elyra par sa tunique. - Mon mari… Il est dehors. - Ne vous inquiétez pas, les morts sont avec nous. Ils ne s'en prendront qu'aux impérialistes. - Justement, couina la femme. Elle se pencha à son tour dehors et se tordit les mains, la bouche pincée. Le vieux expliqua : - Ils ne lui ont pas laissé le choix, vous savez… Ils ont menacé de s'en prendre aux petits. Les enfants étaient silencieux, serrant leurs poupées et leur mère dans leur bras menus. Ils dévisageaient la chasseresse, redoutant ses paroles, comme si elles pouvaient sceller le sort de leur père. En les observant, Elyra se demanda quel choix elle aurait fait dans pareille situation. Qu’elle soit le père... ou l’impérialiste. Elle préférait ne pas connaître la réponse. - Je suis sûre que votre mari saura choisir son camp le moment venu, lâcha-t-elle en se forçant à sourire. Le vrai ennemi, c'est le Général. Si on le trouve, on peut faire cesser cette bataille. La femme détourna les yeux avec une grimace, peu convaincue. - Il n'est plus là, enchaîna le vieux. - Comment-ça ? - Moufkor. Il n'est plus chez lui. J'ai entendu des hommes dire qu'il rejoignait sa commandante sur les remparts Nord. Les cris des morts s'atténuaient à mesure qu'ils filaient vers l'Ouest. Ou vers le Nord. A vrai dire, Elyra avait l'impression que maintenant qu'ils étaient dans cette ville si longtemps convoitée, le plan de bataille avait un peu été oublié. La vague d'os et de chairs en putréfaction s'étalait entre les maisons et mieux valait ne pas être un Gris sur leur chemin. - Au Nord alors. Très bien, murmura-t-elle, renonçant à appeler ses compagnons. - Je vais vous montrer, répliqua le vieux en la tirant par la manche. Il la conduisit au bout du couloir où une deuxième porte s'ouvrait sur une cour. Un tas de buches était proprement rangé sous un appentis et un billot de bois en occupait le centre. L'homme saisit la hache plantée dans le billot et la fit tournoyer comme si elle ne pesait rien. - Non, reste ici ! La petite femme les avait suivis et suppliait, plantée sur le pas de la porte, bloquant les enfants à l'intérieur. - Ah, pour une fois que les choses bougent, je ne vais pas rester à me tourner les pouces ! Ne t'inquiète pas, je vais chercher ton Jules, expliqua le vieux. Les petits ont besoin d'un père, plus que d'un grand-père ! Ils sortirent de la ruelle sous les pleurs de la petite famille. Au loin, une nouvelle bombe tomba du ciel. - Vous comptez vraiment vous battre ? demanda Elyra. Contre ces hommes qu’on a forcé à rejoindre l’armée ? - C'est pas les ptits gars comme Jules que je vise, mais ceux qui tiennent les rênes de la ville. Les lieutenants, les capitaines... Ceux qui ont le plus de médailles et les traits les moins tirés. - Je tâcherai de m’en rappeler... - Ce sont eux qui suivent aveuglement Moufkor et les autres généraux depuis leur foutu empire. - Les autres généraux ? - Ouais, les autres. De ce que j’ai compris, y en a six, qui sont l’image de leur Empereur dans ce monde. Un soldat sorti d’une ruelle, toussant et brandissant son épée. La fumée lui dévoila les deux combattants au dernier moment. Il ouvrit la bouche, pour hurler ou tousser ? La main d’Elyra le baillonna aussitôt et elle le plaqua sans ménagement contre un mur. Son uniforme gris était taché de sang, de suie, de matière verdâtre dont la jeune femme ne préférait pas connaître l’origine. Des médailles ? Tout ce qu’elle vit, ce fut les yeux larmoyants - fumée ou horreur ? Elle remonta son genou et l’homme se plia en deux sous le coup. Le plat de la hache frappa sa tête et il s’effondra. Un corps de plus au milieu des ruelles. Le vieil homme poussa Elyra en avant. * ** Il monta, comme un gémissement, de plus en plus fort, de plus en plus aigü. De plus en plus proche. Le sifflement transperça les oreilles des hommes. Les soldats s'immobilisèrent. Pas les rebelles. Voulant profiter de leur avantage, ils redoublèrent de vitesse. Et le monde explosa. Pour la deuxième fois ce soir, une lumière éclaira la ville comme en plein jour et ravagea la vision de Bahrim. Il ferma les yeux de peur et d'impuissance, sentit son corps léger, un instant, puis soudain lourd et douloureux. Sa peau se mit à chauffer et le rugissement d'un torrent brûlant emplit ses oreilles. Silence. Non pas celui du calme après la tempête, mais celui de la fatigue et de la défaite, du corps épuisé qui perd ses sens et se noie dans l'obscurité. Bahrim rouvrit les yeux, le nez dans la terre. Il n'avait pas le temps de se noyer. Les flammes dévoraient jusqu'aux poutres des maisons. La ruelle dans laquelle les rebelles avaient espéré s'engouffrer avait disparu, laissant la place à un monceau de pierres et de feu. - Les bombes… Tout est fichu… geint une mercenaire. - Il faut repartir, grogna un autre. Bahrim hocha la tête et la douleur irradia dans ses cervicales. Il se leva, repoussant la roche et la terre qui l'ensevelissait et vint en aide à son plus proche camarade. Tous étaient roussis, maculés de sang et de terre, mais par Corellon, tous étaient vivants. - Il y avait des gens dans cette maison ? demanda un jeune homme boitillant. - Si c'est le cas on ne peut plus rien faire pour eux, énonça tristement le grand échalas qui leur tenait lieu d'alchimiste. Il faut avancer. Les soldats vont revenir. Le petit groupe se remit en route. Ils escaladèrent piteusement les décombres, espérant pouvoir disparaître dans les ombres plus loin. Bahrim fermait la marche, comptant les membres du groupe, soutenant les plus faibles. A mesure qu'il avançait, il prenait conscience de la faiblesse de leur plan. Le Général était dans leur dos, avancer n'était pas la solution, mais comment espérer l'atteindre avec les escouades de soldats au milieu des rues ? - "Erell ?" L'ordre n'avait pas été prononcé, juste pensé. Un cadeau de Sina, sa dragonne, qu'il avait perdu en même temps que sa langue quelques années auparavant. La télépathie pouvait remplacer la parole. Rien ne remplacerait jamais Sina. - "Erell ?" répéta-t-il. L'alchimiste ne répondit pas, mais bientôt une vague d'air frais soulagea les rebelles. Ils se redressèrent sous l'effet du sort de soin, laissant même échapper quelques soupirs de soulagement. Ils marchaient plus vite à présent, mais toujours dans la mauvaise direction. - Il faut y retourner, transmit Erell au reste du groupe. Le Général est là-bas. - Ça grouille de Gris… - Bahrim ? gémit une voix à l'avant du groupe. Tous pilèrent en se retrouvant face à un groupe de morts-vivants. Les mercenaires entraînés levèrent leurs épées, mais les zombies et les squelettes étaient plus nombreux. - Non ! Ils sont avec nous ! Une femme surgit derrière les morts. Bahrim la reconnut : la dragonnière pas très maligne qui s'était sauvée avant l'attaque. Ou peut-être la plus maligne d'eux tous ? Mais la voir ici, c'était bon signe, non ? - D'où ils sortent ? - Vous cherchez Moufkor aussi ? demanda un vieil homme armé d'une hache. - Oui, répondit Erell. A l'Est, près de l'auberge. Mais ça grouille de soldats. - Il est au Nord, chuinta un zombie. - Au Nord ? - J'ai entendu les Gris en parler. Il rejoint la Commandante Vira sur les remparts. Paraît que ça chauffe là-haut. Bahrim croisa le regard d'Elyra qui haussa les épaules. "Je ne suis au courant de rien", semblait-elle dire. Elle s'était rangée derrière les morts et trépignait de nervosité. Penser à Gwaïhir en cet instant, c’était trop difficile. - Au Nord alors, grogna un squelette. Deux rebelles lui empruntèrent le pas, puis le vieil homme et les zombies. - Je couvre vos arrières, annonça Erell en poussant Bahrim vers l'avant. D'autres morts-vivants les bousculèrent, ricanant en serrant leurs gourdins ensanglantés. Au Nord, le feu brûlait plus fort qu'ailleurs, pourtant les monstres semblaient avoir oublié leurs craintes. Elyra espérait qu'ils n'avaient pas oublié quel était leur véritable ennemi. * ** Le froid s’étendit, enveloppa le dragon en entier. Et soudain, il s'envola. Il n’avait pas disparu non : semblable à une vague d'oiseaux qui vole, change de forme et file vers un point précis, le froid était devenu une flèche brûlante qui lâcha Gwaïhir pour transpercer le filet. Rien ne se passa. Le dragon laissa échapper un gémissement plaintif, un gémissement de dragonneau apeuré, indigne de lui. Le filet lui sembla plus lourd sur ses épaules et le marécage plus humide qu’avant et plus sombre. La femme le regarda droit dans les yeux et tira une flèche dans son carquois. Muet, Gwaïhir la contempla. Les flammes mettaient en relief ses petits bras musclés et les reflets noirs de sa peau. Fragile et forte. Le dragon tendit ses ailes et souffla un grand coup. Il n’était pas seul. Et si cette petite femme ne pouvait le sauver, tant pis, il n’abandonnerait pas, ils n’abandonneraient pas. On ne pouvait détruire les dragons. Un jour, dans cette vie ou la suivante, il expliquerait à son humaine qu'elle avait tort. Gwaïhir souffla encore, laissant échapper quelques flammèches qui coururent un instant sur la tourbe des marais avant de se dissiper. Oui, le filet était plus pesant sur ses ailes, mais à présent qu'il était calme et respirait, la situation semblait moins désespérée. Il s'arcbouta en arrière et parvint à remettre sa tête face aux remparts. L'essentiel dans l'immédiat, c'était de ne pas finir épinglé comme un insecte au sol. | |
![]() Le 12/09/2021 à 17:15:39 | La générale Vira affichait un air contrarié. La situation échappait totalement à son contrôle. Et, elle le savait, les remontrances du Général Moufkor seraient sans commune mesure. Elle était en train d’échouer là où ce n’était pas permis. La situation, en un instant, avait basculée de « sous contrôle » à « catastrophique ». Les rapports que la générale recevaient en continuent apportaient tous leur lot de surprises. Au front Nord, là, où elle se trouvait, la situationdevenait intenable. Même si les dragons avaient été repoussés sur l’ensemble des remparts, la générale avait sous-estimé la stratégie adverse. Les rebelles s’étaient immiscés dans la ville. D’abord, ils avaient fait venir des alchimistes et, maintenant, des morts-vivants s’en prenaient au soldat. Les Impériaux, elle devait l’admettre, étaient sur le point de se retrouver dépassés. La générale avait cru bien faire en expédiant les bombes. Depuis, la cité était à feu et à sang. Semer le chaos chez les adversaires, leur barrer la voie, leur faire comprendre qu’ils n’avaient aucune issue. Cette stratégie aurait été efficace contre de misérables paysans. Mais elle était confrontée à bien plus coriace que ça. Elle le réalisait à ses dépens : la situation chaotique profitait en réalité aux rebelles. Le bruit des bottes gravissant les escaliers des remparts interrompirent ses pensées. Son coeur, au même instant, s’était figé. Elle savait son temps terminé. Mais la générale Vira n’était pas apte à la lâcheté. C’était en combattante qu’elle s’apprêtait à périr. Elle se retourna prête à affronter la colère de générale Moufkor. Celui-ci, fidèle à son habitude, affichait un masque imperturbable. Son crâne rasé brillait à la lumière des flammes. La générale Vira aurait pu croire qu’il était dans le même état de calme que dh’abitude. Mais deux éléments avaient tendance à prouver le contraire. Déjà, une veine était visible au niveau de ses tempes. Et, surtout, son regard intensément noir laissait comprendre que, quoi qu’elle dise, elle ne pourrait racheter son salut. - Générale, au rapport. Le ton sec avait été été sans appel. Ne se laissant guidée plus que par l’adrénaline, la générale Vira s’exécuta dans un automatisme surprenant. - Sur les mille so... - C’EST UN FIASCO ! s’emporta le général Moufkor. PRENEZ VOS MEILLEURS SOLDATS ET DESCENDEZ SUR LE FRONT ! EXÉCUTION ! Le général Moufkor était quelqu’un de réputé pour sa franchise. Il n’avait pas souhaité s’encombrer d’un laïus sur la profonde déception qu’il ressentait à l’égard de sa subalterne, ni du cadeau qui lui faisait de la laisser en vie et d’avoir, si Tah était miséricordieux, la chance, peut-être infime, de périr en combattante et d’aller au paradis des soldats. Il n’avait pas non plus jugé utile de préciser qu’il avait pleinement conscience de la situation. Qu’il savait que sur les mille soldats mobilisés, cinq cents avaient péris et que cinq cent autres étaient en train d’entrer en fonction pour prêter main forte à leurs camarades mobilisés depuis le début des opérations ; qu’il savait que 75% des bombes avaient déjà été lâchées maladivement sur la cité et ses alentours, ce qui voulait dire que Vira, en quelques instants, avait drastiquement épuisé leurs stocks de l’année ; qu’il savait que les citadins étaient en train de prendre les armes ; qu’il savait que les morts-vivants marchaient sur la ville et qu’il savait que, malgré tout ça, les dragons avaient été tenus en respects grâce aux balistes et défenseurs des remparts. Tout ça, bien évidemment, il le savait. Et il n’avait pu contempler, qu’en triste sire, les déboires de son adjointe. Une situation certes périlleuse, qui s’était malencontreusement envenimée, mais qui lui avait totalement échappé. Or, quoi qu’on en dise, c’était sa responsabilité à lui, en tant que général de garnison, qui était en jeu. S’entourer d’une adjointe fébrile avait été sa première erreur. Se reposer sur ses compétences avait été sa deuxième. Mais il n’en commettrait pas de troisième. - Que les réservistes se tiennent prêts. Donnez une torche à chaque soldat et du feu à chaque archer. Quand tout le monde sera paré, cessez les hostilités. Laissons-les venir jusqu’à l’endroit que l’on souhaite : le Nord Est. Là, nous les acculerons et les réduirons en cendres. Un bruit de bottes et des ordres lancés à la volée indiquèrent que les injonctions du général avaient été bien comprises. Son regard s’adoucit, signe de satisfaction. Il n’était pas dit qu’il laisserait tomber Urcendia. De son côté, la générale Vera était partie avec ses lieutenants d’un pas précipité. Elle n’avait pas entendu les consignes transmises par son supérieur, mais elle avait sa petite idée. Puisque Poha avait été miséricordieux, le Dieu de la pierre lui offrait une nouvelle chance de peser dans la bataille. Elle n’allait pas se jeter dans le coeur de la bataille, contrairement à ce que lui avait ordonné Moufkor. Non, elle allait sortir un nouvel atout de sa manche. Si les bombes n’avaient pas fait tout le travail, alors elle allait le terminer elle-même. Parce que si cette place devait tomber avec les rebelles, alors elle n’aurait aucun scrupule à la laisser s’effondrer. Bientôt, l’architecture d’Elkonar surplomberait l’ensemble du monde. Entourée de sa garde rapprochée, la générale Vira se fraya un chemin dans les ruelles de la cité. La fumeux et l’odeur âcre empestait les narines. Mais sa rage de vaincre la détournait de cet inconfort sensoriel. Elle se rapprochait de la bataille, sentant son coeur battre plus fort au bruit de déflagration au loin. Dans l’excitation du moment, elle pressa le pas, prête à en découdre. De malheureux rebelles se trouvèrent sur sa voie. Voyant arrivée son groupe, elle put entendre des exclamations sur ses lèvres. Les ennemis tentaient tant bien que mal de se coordonner pour se préparer à recevoir les soldats qui marchaient vers eux d’un pas décidé. Elle ne prêta pas attention à ce qu’ils pouvaient murmurer. Sa hallebarde à la main, elle se préparait à n’en faire qu’une bouchée. Elle observa leurs traits épuisés et fut surpris de voir dans leur regard une volonté de vivre, une motivation inébranlable. Elle admirait leur détermination : sa victoire n’en sera que plus glorieuse. Mais il n’en fut rien. En un instant, son avant-garde venait de se frotter aux rebelles. Un coup d’épée d’un côté, un bouclier levé de l’autre. Les soldats en armure, parmi les meilleurs de la cité, firent étalage de leur talent. Ils disposèrent de leurs adversaires à la perfection, tant et si bien que la générale n’eut aucune occasion d’utiliser ses armes. Là-haut, Tah se moquait d’elle. Il lui faisait payer ses mauvais choix dans le début de la bataille. Mais bientôt, elle pourrait redorer son blason. La voilà qui approchait du centre de la ville. La grande tour centrale était au bout de la rue. Elle ordonna à ses soldats de presser une nouvelle le pas : plus rien ne pouvait attendre. Derrière elle, un cor retentit. Quoi ? Moufkor sonnait la retraite ? Non, c’était impossible ! L’Imperium n’allait faire qu’une bouchée de ces misérables : vivants ou morts, peu importe ! De toute manière, ils allaient tous finir en trépas ! Voilà, l’entrée de la tour était là. Les gardes, encore de faction, ne prêtèrent pas attention à l’arrivée de son escouade. Le drapeau dû à son rang flottait fièrement et révélait son identité. Elle fit signe à son groupe de rester sur la place, à l’entrée du bâtiment. Quant à elle, elle n’en aurait pas pour longtemps. Elle emprunta les escaliers avec précipitations. Dans les laboratoires de cette tour, la magie était mise à rude épreuve. C’était là qu’on travaillait l’esprit des dragons pour en faire les fameuses bombes d’Elkonar ; les mêmes que celles qui avaient servi dans cette bataille. Mais on y menait aussi d’autres expérimentations : des tests sur des créatures mystérieuses que l’on avait capturé lors de la conquête de ces terres primitives. Un garde se mit au garde-à-vous alors qu’elle faisait son entrée dans le plus enfoui des couloir. D’un regard latéral, elle dévisagea l’endroit dans lequel elle n’était encore jamais entrée. Un couloir s’enfonçait rapidement dans l’obscurité, tant la torche à l’entrée ne parvenait à pourfendre les ténèbres. D’un mouvement compulsif, comme si elle était possédée, Vera s’empara dans la torche et commença à marcher dans le tunnel. Derrière lui, le soldat s’agita : - Ma Générale… Êtes-vous sûre de... D’un geste, la femme lui cloua le bec. Elle marchait lentement, passant devant une première geôle dans laquelle elle jeta un oeil, espérant y trouver ce qu’elle cherchait. Le gardien, cette fois-ci, implora : - Ma Générale, attention ! Je... Agacée, Vira se retourna. Elle demanda d’un ton sec : - Où est-il ? Pendant un instant, le garde ne sut pas quoi répondre. Puis, d’un doigt tremblant, il désigna le fond du couloir. - Libérez-le. À l’écoute de cet ordre, les yeux du soldat s’écarquillèrent. Il reprit suffisamment ses esprits pour parvenir à bredouiller : - Mais, Madame... Yoakhim et Perdo sont morts... Vira se doutait qu’elle faisait référence à ses anciens compagnons. Elle avait entendu parler de deux geôliers morts en service, alors qu’ils étaient allés nourrir la bête. C’était en pensant à eux qu’elle avait eu l’idée de libérer sa rage contre leurs adversaires du jour. - Maintenant, fit-elle d’un ton qui n’appelait à aucune réaction. Le garde se mit à trembler entièrement. Il parut hésiter puis finit par se résigner : il avait plus peur de la générale que du monstre. Il avança tout tremblotant dans le couloir, Vira l’accompagnant et l’éclairant de sa torche. Ils ne firent que quelques pas, jusqu’à s’arrêter à une bien différente des autres. Les premières étaient en bois ; celle-ci : d’un métal récemment forgé. Les déboires de Yoakhim et Perdo avaient conduit à de nouvelles mesures de sécurité. Les mains tremblantes, le geôlier chercha la bonne clef dans son trousseau. Il jeta un regard inquiet vers sa supérieure, espérant qu’elle ait changé d’avis. Mais elle était plus déterminée que jamais. D’un geste de la tête, elle l’incita à accélérer. Au-dehors, la bataille se poursuivait. Surmontant son angoisse, le soldat glissa la clef dans la serrure. Un lourd cliquetis mécanique se fit entendre. Aussitôt, le geôlier s’écarta, pour se mettre à l’abris loin de la porte. Vira, quant à elle, resta bien campée sur ses positions. Elle contemplait la porte, s’attendant à la voir s’ouvrir. Mais il ne se passait rien. Surprise, elle dévisagea son compagnon qui, apeuré, ne savait plus vraiment où se mettre. Le silence devenait tellement pesant que la générale ne savait plus si cette frayeur était démesurée, ou si elle devait rejoindre les craintes de son acolyte. Au bout d’un moment, ne constatant toujours rien, elle se tourna vers le soldat et lui ordonna : - Ouvrez. HRP : Au moment où le cor résonne, la retraite est sonnée pour les soldats impériaux. C’est-à-dire qu’ils se désengagent de tout combat et se replient. Les Atsamiens peuvent avoir l’impression de gagner du terrain mais, en réalité, les soldats tiennent les rues dans lesquelles ils ne veulent pas voir leur adversaire. Tout est mis en place pour contraindre les Atsamiens à converger vers un seul et même endroit : le Nord-Est. Quelques chiffres Côté Imperium - Au total, l’Armée Impériale comprend 2 000 soldats (ça inclut une minorité d’Urcendites enrôlés de force). - Depuis le début de la bataille, 1 000 soldats ont été mobilisés (sur les remparts, dans les rues, etc.). 500 ont péri (principalement à cause des morts-vivants). - Les 1 000 soldats restants sont en train d’être équipés et mobilisés. - Dans la cité, c’est le chaos, entre fumées, explosions, alchimies, mutineries. Le système de communication (soldats à pieds avec missives) est perturbé et l’imperium a donc mis en place un système par cors. Malgré les lourdes pertes, la motivation des défenseurs d’Elkonar reste intacte (notamment à cause de leur fanatisme). - Dans les geôles, le monstre est une créature hybride golem-humain (les jambes, le buste et le bras gauche sont celui d’un golem, une partie du visage (oeil droite, joue droite, oreille droite et le bras droit du coude jusqu’aux doigts est celui d’un humain). Côté Atsami - 40aine de combattants mobilisés. - A l’extérieur de la cité, les dragons ont surtout fait diversion. La moitié seulement est encore apte au combat (les autres sont soit morts, soit blessés), mais ils ont beaucoup occupé les défenseurs situés sur les remparts. L’un des murs (au choix) a été un peu amoché et la plupart des balistes sont hors-service. Mais, dans l’ensemble, les défenses tiennent. - La plupart des groupes rebelles sont encore actifs. Là aussi, parmi les combattants initiaux, il y a eu de lourdes pertes (à peu près la moitié). Mais certains civils se joignent tant bien que mal à la bataille. - Une cinquantaine de morts-vivants ont rejoint les troupes. Dix ont péri. L’idée est d’enclencher la bataille finale (boss) au prochain post. | |
![]() Le 17/01/2022 à 19:33:14 | L'armée impériale était une machine huilée à la perfection. Pour un soldat terrifié et fuyant, quatre autres tenaient leurs rangs, alignés en solides positions : piquiers, soldats, archers, psalmodiant de répétitives litanies où il était question de glace et de feu. "Kô deouvra hau bienisfica." Les lances se couvraient de sang, les corps tombés étaient aussitôt remplacés. La fougue des morts avait accordé un court avantage aux rebelles, leur permettant de dépasser le Perchoir. Mais désormais, ils reculaient, écrasés. - Tah inka edosip bienisfica ! - Restez en rang ! Ne leur tournez pas le dos, hurla Elyra. Un squelette s?effondra, se dissipant en un tas d?os sans tenue. La chasseresse prit aussitôt sa place. Lames croisées, elle dévia l'épée du Gris, puis tenta un coup d'estoc qu'il para sans difficulté. Lorsqu'il leva son épée pour trancher, elle se jeta contre lui, fit bloc de tout son corps contre le sien, trop proche pour le blesser, trop proche pour se faire toucher. Les flèches avaient cessé de pleuvoir. Peut-être les munitions commençaient à manquer, peut-être les soldats commençaient-ils à hésiter, ou alors était-ce trop compliqué dans ce méli-mélo de toucher les ennemis sans s?en prendre à ses alliés ? L'impérialiste avait des yeux verts et un long catogan, un visage à faire craquer les demoiselles et une épée bien trop aiguisée. Arcboutée contre lui, Elyra ne pouvait que maintenir l'épée loin d?elle. Son armure lui paraissait aussi fine que du papier et sa tête beaucoup trop exposée. Un corps se serra contre elle, puis un deuxième, deux zombies colossaux qui vinrent l?encadrer et menacer le soldat. Le front avança de quelques pas, dégageant le corps de la jeune femme. Un peu de liberté de mouvement, un pas en avant, une jambe qui traîne, une opportunité, tenter un coup. Echec, ouverture, mais elle para la lame une fois encore, amorça un deuxième pas sans laisser de répit à sa cible. Sa dague s'enfonça dans la chair et les yeux verts clignèrent puis disparurent sous la masse des corps amis et ennemis. Un autre soldat, épée aussi mais plus petit, remplaça le précédent. Mais de nouveaux morts avaient rejoint les zombies, étoffant le flan rebelle. - Tenez-bon, cria une voix humaine. Des urcendites s'étaient joints au combat, empêchant la déroute. Morts et vivants, unis, formaient une barrière inébranlable à travers la rue. Peu à peu, la bataille changea : les coups flamboyants firent place à un duel de force, duel de nombre. Un jeu auquel les impérialistes avaient l'avantage, pourtant la barrière tenait bon. Armés de table, de chaises, de haches, les urcendites ne reculaient pas. Un chant monta des rangs, un chant en une langue oubliée depuis longtemps. Un chant qui enfla dans les rangs, reprit par cinq voix, puis dix. Pare, pique, un pas en avant. Les bras d'Elyra devenaient lourds, son corps moite, alors quand le chant reprit en atsamien, elle se joignit aux autres, puisant dans leurs cris la force qui lui manquait. - Là où règnent les ténèbres, une lumière subsiste. Des lances traversèrent les zombies. Celui de gauche, enfonçant la lance un peu plus en son corps, parvint à saisir le soldat au bout et lui broya la tête. A droite d'Elyra, l'autre zombie avait balayé deux hommes d'un revers de main. Un pas en avant, encore, puis deux. La chasseresse avait réprimé un mouvement de fuite, reprit son souffle et aiguisé sa concentration. La réalité se limitait à ce chant dans ses oreilles, ce corps contre le sien, cette épée devant elle, contre ses lames, qui voulait se faufiler à travers sa chair. Elle frappa une armure de plaque, sa dague ripa dessus, puis une main honnie s'empara de la sienne et la griffa à sang. Elle ne bougea pas, arcboutée sur ses jambes, cherchant une faille à l'armure. La poussée se fit plus forte, dans son dos. Un pas à nouveau, et la jeune femme trébucha sur une chose molle. Elle fut rattrapée par deux bras vigoureux et tirée en arrière. Déjà, un jeune urcendite avait pris sa place et brisé le crane du Gris. Il adressa un sourire à la chasseresse en arrachant sa hache du corps et reprit le chant de guerre. - La balance est maintenant à son équilibre. Alors pousse, hurle, et avance ! Quelque chose explosa à leur droite, derrière les impérialistes. Une pluie de pierres leur tomba dessus, des pierres noires et lisses que seul le feu avait pû transformer ainsi. Hommes et morts ne flanchèrent pas, mais des cors s'affolèrent au loin. - Ils se replient ! - Faites front ! Avancez ! - Ces terres ne vous appartiennent plus désormais ! Sur la pointe des pieds, Elyra haussa la tête pour voir par-dessus la foule. Les Gris reculaient, en effet. Autant qu'elle pouvait en juger, ils se repliaient vers le cimetière. Avec un peu de chance, le reste des mercenaires rebelles serait sur place et les impérialistes seraient pris en tenaille ! - Ces terres ne vous appartiennent plus désormais ! - Moufkor ! Le nom tonna dans l?air, dominant les cris de douleur et les chants. Elyra était incapable de distinguer un visage dans ce tumulte. Mais elle vit une hache qui tournoyait et la voix du vieil homme gueula plus fort : - Moufkor ! Tu ne peux plus nous échapper ! La poussière de roche avait envahi l'air, remplaçant la fumée. Elle n'y voyait rien, Moufkor encore moins. Mais la foule bougea autour d?elle : étrange sensation, ces corps qui se tordaient et tournaient et le sien qui suivait bêtement. Et la foule avança vers la voix, vers Moufkor peut-être. Les Gris tombaient plus vite, mais à présent ils étaient rouges et roses et boue. On plantait les armes, on piétinait les corps, durs, mous, vivants ou morts ou morts-vivants ou plus morts que vivants. La hache oscilla, gauche, droite, et disparut. Alors les rangs ennemis éclatèrent. Un brusque élan en avant, les morts hurlèrent, Elyra valsa sur le côté, contre un homme en gris, écailles et médailles dorées et elle l'enlaça, esquivant son épée. Malgré la poussière et le sel qui lui brûlaient les yeux, la chasseresse glissa sa lame sous le casque du soldat. Le sang jaillit, l?étreinte de l?homme s?effaça et il s?effondra au sol. La jeune femme jeta un regard autour d'elle. Le front s'avançait à gauche, vers le cimetière. A droite, la poussière commençait à retomber, dévoilant les murailles de la ville, éventrées ? elle crut distinguer une ombre bleutée à travers. Se pouvait-il que les dragons soient si proches ? Soudain, le souffle lui manqua et son corps fut secoué par une explosion terrible. Une explosion qui venait de l'intérieur d'elle-même. Elyra s'appuya contre le mur le plus proche en suffocant, les jambes tremblantes. Autour d'elle, le chaos continuait, insensible à ce choc qui faisait vibrer tous ses os, tordait son ventre et son âme. Une vague glacée traversa son dos, une vague survolée par un nom, une certitude. "Gwaïhir !" Elle releva la tête, cherchant son ami, et se retrouva nez à nez avec un soldat. Toile grise, yeux bleus, trop bleus et embués par des larmes qui amplifiaient leur éclat. La jeune femme n'eut pas le temps d'hésiter : une lance la cueillit en plein flanc. Elle fut projetée en arrière et roula au sol. La bouche pleine de terre, elle ouvrit les yeux sur le plafond à la lueur verdâtre. Elle était étendue sur une surface moelleuse. Corps parmi les corps mais vivante ou presque. "Debout." s'ordonna-t-elle mentalement. L'homme l'avait suivie. Il était jeune et frêle et les larmes coulaient de ses yeux trop pâles sur ses joues, dessinant des sillons à travers la poussière. Pourtant il brandissait sa lance encore, menaçant d?épingler Elyra au sol. Elle saisit un objet à terre ?un tibia- et s'en servit pour dévier l'arme mortelle de justesse. "Debout !" Elle tremblait, incapable de coordonner ses jambes pour se lever. Soudain, une boule jaune tomba du ciel sur le soldat fourbe. L'homme poussa un bref cri lorsque des griffes s'enfoncèrent dans ses épaules et il s'envola. Avec un long craquement, son corps s'encastra dans une maison puis roula jusqu'au sol, aussi flasque qu'une poupée. La boule d'énergie était remontée dans les cieux avec un ricanement sadique. "Kerlym !" reconnut Elyra. Elle songea à l'appeler, demander des nouvelles de Gwaï. Déjà, le jeune dragon avait disparu. La jeune femme rampa jusqu'au mur. Elle s'en aida pour se remettre debout en se massant le ventre. Son armure l'avait protégée et même si ses jambes chancelaient encore, elle pouvait toujours marcher. Tout son côté gauche en revanche était ankylosé : aucune douleur, aucune sensation même. C'était comme si ses os vibraient de l'intérieur. Quelque chose était arrivé à son dragon, mais elle ignorait où le chercher. Les rebelles avaient presque disparu à l?opposé des remparts. Le chant de guerre s'était tu, remplacé par des cris de douleur. Une main lui saisit la cheville, et la jeune femme ne put retenir un sursaut. C'était un squelette, se traînant au sol. - Je vais avoir besoin de ça, cliqueta-t-il. Elyra prit conscience de ses doigts, toujours crispés autour du tibia. Sans un mot, elle le rendit à son propriétaire et le regarda bêtement se relever et courir vers le front. Moufkor. Elle n'avait pas le temps de chercher Gwaïhir. Ses poignards avaient disparu et elle se rappela l'homme qu'elle avait égorgé. Il gisait toujours à quelques pas d'elle, son armure d'écailles désormais écarlate. Elyra arracha la lame de sa gorge avec sa main droite, la gauche toujours inutilisable. Sur le corps du mort, les médailles chantèrent. Sous les yeux stupéfaits de la chasseresse, elles se mirent à s'entrechoquer à répétition, et bientôt le choc d'un pas lent et lourd se mêla au rythme. La jeune femme redressa la tête? Derrière elle, la rue déserte ne l'était plus. Une créature immense s'avançait vers les combats, une créature aux jambes de pierre grosses comme un homme adulte. Chacun de ses pas creusait un trou dans le sol, ou broyait les corps abandonnés avec un bruit écoeurant. A chaque fois que sa main gauche raclait les murs, elle les transformait en petit bois pour le feu. Son visage? Elyra déglutit. Non, on ne pouvait appeler ça un visage ! Dans la partie gauche brillait un ?il d'un noir profond, une flamme noire qui brûlait sans attaquer la pierre. Mais la partie droite? C'était un amas de chair, indubitablement humain, mais si tuméfié, si gonflé, si tordu qu'il en devenait irreconnaissable. La jeune femme recula vers les maisons, décrochant son arc de son dos. Elle avait les doigts gourds encore et plia et déplia sa main gauche pour y faire circuler le sang. "Tu n'es pas Gwaï, ton bras n'a rien, se morigéna-t-elle. Tu n'es pas lui, tu ne peux pas l'aider." Ses doigts étaient aussi raides que ceux d'une vieille femme. Même si elle réussissait à viser? Quelle idée stupide ! On ne tuait pas un golem d'une flèche. On tuait un golem avec un dragon. Mais elle n'avait pas ?plus- de dragon. "La tête. Les golems sont sensibles de la tête." Cette horreur n'était pas un golem, c'était un monstre à moitié fait de chair, et une flèche pouvait tuer la chair. La main tremblante, elle banda son arc, tenta d'aligner la flèche qui tomba à terre une première fois. La créature se dirigeait vers le cimetière et les combats. Elyra n'était pas sûre que les rebelles l'aient vu arriver, elle hésitait à crier, pas certaine d'être entendue, pas certaine de vouloir être entendue. Si ce monstre changeait de cible? Elle ramassa la flèche et l'encocha. La tête de la flèche tremblait sur la corde, si lourde. Inspiration lente. Expiration. Les chants de guerre n'étaient plus, les cors non plus. Inspiration. Son coude percuta le mur. La flèche tomba à nouveau. Alors Elyra hurla : - Urcendites ! Derrière vous ! *** [[HRP] Et bonne année !!! Gwaïhir est toujours coincé sous son filet, le côté gauche fauché par une baliste. Sirka a jeté son feu et son corps sur les murailles, ouvrant une brèche dans la ville au péril de sa vie. Les murailles d'Urcendia sont censées être faites de bois d'ailleurs, mais ça ne doit pas être très efficace contre des dragons. Est-ce que les impérialistes les ont renforcées ? Il reste je crois trois dragons intacts, Kerlym, Atirie et Mélinée. Résumé des troupes dans le topic 17927.] | |
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