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![]() Le 31/07/2019 à 16:21:28 | [HRP] C'est la suite des topic 17933 et topic 17934 et qui s'inscrit dans l'arc d'aventures "La Chute d'Atsami" (cf topic 17927). Si vous ne faites pas encore partie de l'aventure et que vous souhaitez nous rejoindre, vous pouvez m'envoyer un message sur ma fiche perso ! Bonne lecture ! Et surtout... bonne écriture ! Adrentar LA BATAILLE D'URCENDIA - NÁRIË DE L'AN XIV - La rébellion s’organise ! Sous l’impulsion du mystérieux Sénéchal, une poignée de résistants s’affaire pour libérer Atsami du joug impérial. Arpentant les plans inférieurs, plusieurs émissaires sont envoyés pour convaincre les Atsamiens de rallier leur cause. Après deux mois de voyages à l’abri des regards indiscrets, les Héros d’Atsami sont parvenus à grossir difficilement leurs rangs : marchands, mercenaires, renégats impériaux, assassins et dragons égarés se sont joints à la Résistance. Pendant ce temps, une équipe de reconnaissance est partie dans les confins du Domaine des Morts, pour y infiltrer Urcendia, cible de la première attaque renégate. Mais, en quête d’informations sur le fonctionnement de la cité et de ses habitants, l’équipe de reconnaissance n’est toujours pas revenue… Le temps presse et voilà que le premier jour du mois de Nárië est arrivé. Le Sénéchal a mis ses troupes en ordre de bataille. La petite équipe, constituée d’une quarantaine d’âmes seulement, s’apprête à marcher sur la base impériale. Et à réouvrir la guerre. Les plus petites actions forgent les plus grandes destinées. Les actes les plus insignifiants mènent aux réalisations les plus grandioses. Parfois, c’est dans l’infime sursaut d’une âme que se trouve la force la plus pure : celle qui permet de bâtir les empires les plus grands. Ou de les réduire à néant. Le Sénéchal s’était isolé au coeur d’une forêt du Domaine de la nuit. Il détestait les forêts, comme il détestait plein d’autres choses. Mais il n’avait que du mépris pour ces étendues de bois qui ne demandaient qu’à être brûlées. Enfin, faute de merles… Aujourd’hui, il était confiné dans le Domaine de la Nuit, mais il savait que son exil ne durerait plus longtemps. Bientôt, il verrait de nouveau Svant. Mais la route pour y parvenir était encore longue. Dans quelques heures, les émissaires qu’il avait dépêchés à travers tout le Royaume allaient se présenter à lui. Ils ne se rendaient pas encore compte du rôle important qu’ils allaient jouer dans les événements à venir. Cette première quête qu’il leur avait confiée était un moyen de voir si résidait encore, dans le coeur des Atsamiens, la flamme qui avait permis de bâtir cet illustre royaume. De leur succès dépendait la prospérité d’Atsami, ou celle de l’Imperium. Car, si Atsami voulait vraiment conserver son indépendance, alors nul doute qu’elle avait besoin de véritables Héros ! Des âmes capables de réunir, de mener des gens à leur propre mort sans jamais douter de leurs convictions ! Des caractères capables d’endurer les pires épreuves et de rester debout, malgré tout. Pour survivre, la flamme d’Atsami devait être restaurée. Et, le Sénéchal le savait : seule une poignée de héros, tous aussi différents les uns que les autres, pourraient y parvenir. Le destin d’Atsami allait se jouer dans les lunes à venir. Tout comme celui des émissaires qui allaient revenir de leur périple. * * * En cet instant, que les dieux devaient être en train de se moquer de lui ! Le Sénéchal s’était lancé dans un projet désespéré. C’était une lutte du quotidien et même le plus insignifiant des détails revêtait la plus haute importance. L’un d’entre eux, par exemple, était le respect du temps. Le Sénéchal leur avait donné rendez-vous au premier jour du mois de Nárië. Il leur avait demandé de revenir à la tête d’une armée ! Et ils l’avaient déçu. Bien sûr, il n’en avait rien montré. Il l’avait senti, le courage était encore fragile chez certains d’entre eux. Faire part de sa frustration aurait tué tout espoir de rébellion, avant même que celle-ci ne commence. Mais, une fois isolé, le dragon argent ne parvenait plus à refréner sa peine. Pourtant, il savait qu’il n’aurait face à lui que des paysans. Loin de lui l’espoir que de voir se dresser devant lui la fière armée d’Atsami ! Enfin, si l’armée en était réduite au groupe hétéroclite qui lui avait été présenté, alors il comprenait pourquoi le royaume avait sombré. Néanmoins, le Sénéchal, qui avait le pouvoir de lire les âmes, fut marqué par quelques figures fortes. Une énergie brute émanait de la tigresse blanche, comme l’eau d’une cascade éternelle. Derrière une apparence d’animal féroce se cachait une force de caractère et une sensibilité qui, assurément, lui donneraient un avantage sur n’importe quelle brute, aussi intelligente soit-elle. Car ce mélange entre une forte personnalité et un brin de sentiments pouvait conduire aux comportements les plus surprenants. Et nul doute qu’ils en auraient besoin dans les lunes à venir. À ses côtés se trouvait son alter-égo, un dragon noir gigantesque, disposant des mêmes qualités. Le duo formait une paire intéressante, d’autant plus qu’ils étaient parvenus à ramener un groupe de vingt mercenaires, renégats impériaux. Lors de la réunion qui s’était tenue deux lunes auparavant, dans la même taverne, un dragon vert et argent avait fait part de son inquiétude. Aujourd’hui, il était revenu. En le voyant, le Sénéchal n’avait pas fait étalage de sa satisfaction. Il n’était pas surpris de le revoir, bien que sa présence le rassura. En revenant, il avait révélé son courage. Du courage pour se dresser face à l’ennemi en ces temps sombres. Du courage pour se battre aux côtés d’inconnus alors qu’il ne se préoccupait que d’une seule chose : sa propre survie. Du courage pour revenir accompagné de six dragons prêts à en découdre. Le saurien avait compris que des batailles à venir se jouait la survie de toute son espèce. Comme quoi, les actes les plus nobles pouvaient provenir des pensées les plus égoïstes. Ce dragon se tenait auprès d’une jeune femme : sa dragonnière. Bien plus réservée, elle restait en retrait. Son air sombre (ou mélancolique) était une fenêtre ouverte sur les nuages qui obscurcissaient son esprit. La peur, le manque de confiance en elle et la crainte de décevoir se disputaient le terrain de son âme. Mais dans les ténèbres de son coeur transparaissaient quelques faisceaux lumineux. On y retrouvait un courage similaire à son compagnon vert et argent, mais aussi l’honnêteté, la fidélité l’engagement et… Il y avait quelque chose d’autre, enfoui. Enfoui si profondément que c’était à se demander si elle n’avait pas cherché à faire disparaître cet éclat de lumière, ce sursaut de jour. Pourtant, il n’échappa pas au Sénéchal, qui avait le pouvoir de lire directement dans les âmes. Tout au fond d’elle se terrait la clef qui chasserait ses ténèbres : l’espoir. Une obscurité que partageait la femme debout sur sa droite. Le Sénéchal n’avait pas noté sa présence lors de la dernière réunion. Tout comme la tigresse, elle se présentait à lui pour la première fois. En la voyant, il avait retenu un sourire de contentement. Car, comme il le prédisait, Atsami avait besoin de tous les Héros pour survivre. Et cette guerrière avait la magnifique particularité de s’intégrer au groupe, tout en s’en détachant. Elle se détachait par la distance qu’elle plaçait volontairement entre elle et son entourage, ainsi que pour une autre raison, qui avait failli faire sourire le saurien. Son âme était d’un noir de geai. Mais elle faisait corps avec ses futurs compagnons de route sur l’énergie qui émanait d’elle et les démons intérieurs dont elle semblait, pour le coup, avec accepté l’existence. À ses côtés, tout près de l’entrée, un dragon de glace respirait un calme profond, digne des sauriens les plus patients. La méfiance qu’éprouvait ce duo était compensée par une obstination sans faille. Soudain, la porte s’ouvrit pour laisser place à un dragon brume, retardataire. C’était le dragon abîmé, qui avait susurré quelques mots lors de leur première rencontre. Il n’avait rien d’éloquent, mais le Sénéchal avait noté sa capacité à galvaniser le coeur de ses compagnons. Voilà le personnage qui venait compléter cette étrange tribu. Comme le duo à côté duquel il venait de prendre place, il parvenait à s’intégrer au groupe tout en s’en différenciant. En réalité, il était l’exact opposé de tous les autres. Dans le coeur de la jeune femme reposait l’espoir, là où dans celui du saurien il n’y avait plus rien d’autre que le désespoir. Un malheur profond qui, jour après jour, le gagnait. Un mal qui semblait le condamner. Contrairement aux autres, il n’avait jamais cherché à lutter contre ses démons. Et pourtant, il était là. Derrière son comportement vertueux, cherchait-il quelque chose de différent ? Comme si les ambitions les plus nobles pouvaient conduire aux actions les plus ingrates. Toutefois, il n’était pas arrivé seul. À ses côtés, un groupe hétéroclite d’une dizaine d’Humains l’avait suivi. De toute évidence, ils n’étaient pas des guerriers. La nouvelle armée d’Atsami était donc bien maigre en quantité -seulement une quarantaine d’Humains et Sauriens- mais forte en qualité. Cependant, si la victoire nécessitait une armée de qualité, elle s’appuyait aussi sur le renseignement. Or, les éclaireurs dépêchés dans les Marais manquaient à l’appel. Pour le moment, il était impossible de savoir s’il s’agissait d’un mauvais présage ou non. Les éclaireurs avaient-ils été débusqués ? Étaient-ils tombés aux mains de l’ennemi ? Ou, au contraire, étaient-ils sur le chemin du retour ? Le temps pressait et les résistants devaient avancer dans le brouillard. Le Sénéchal avait dès le début indiqué que l’armée se mettrait en mouvement au premier jour du mois de Nárië. Or, la date fatidique était arrivée. Il ne pouvait plus souffrir d'aucun délai. * * * Alors que les émissaires et éclaireurs étaient partis en mission pendant deux longs mois, le Sénéchal avait eu l’occasion de penser un plan d’attaque. Il avait espéré pouvoir le compléter avec des renseignements supplémentaires. En vain. Néanmoins, il avait plus d’un tour dans son vieux sac. Quelques semaines auparavant, dans cette auberge du Domaine de la Nuit, il avait pu donner ses instructions : - Demain à l’aube, nous partirons. Rien alors ne pourra interrompre le long voyage de l’Armée d’Atsami. Ni même les plaines désertiques, les marais pestiférants, les chimères les plus terribles ou les squelettes les plus tenaces. Mais, pour arriver à nos fins, nous devons tous agir de concert. Car si nous n’en faisons qu’à notre tête, alors notre projet, aussi ambitieux soit-il, est voué à l’échec. Après un instant de pause, il avait ajouté : - Nous cherchons à capturer Urcendia, quel qu’en soit le prix. Car, rappelez-vous, il s’agit de la base des opérations de l’Imperium sur tous les Souterrains ! Remporter cette victoire, c’est infliger un sérieux coup à l’ennemi et planter le terreau qui permettra à la Résistance de grandir. Un symbole fort, pour raviver la flamme dans les coeurs Atsamiens ! Regardant tour à tour Humains et Dragons qui constituaient la petite troupe, il précisa : - Nous ne gagnerons pas par la force de nos armes. Nous sommes trop peu nombreux pour cela. Non, nous gagnerons par la force de notre foi ! Notre foi en nos capacités de réussite ! Notre foi en nos compagnons d’arme ! Notre foi en notre combat ! Il soupira, planta son regard dans l’un de ses interlocuteurs et entra dans les détails de son plan : - Urcendia est protégée par une dense forêt, qui permettra de cacher notre progression, à condition d’éviter patrouilles et autres systèmes de défense. D’après mes sources, les gardes sont sur le qui-vive depuis des attaques répétées de morts-vivants. Je vous propose donc deux solutions possibles. Il conviendra que vous vous mettiez d’accord sur la marche à suivre. Car, une fois que nous serons lancés, nous ne pourrons plus faire marche arrière. Le Sénéchal prit une puissante inspiration et se lança dans la première hypothèse : - Nous pouvons opter pour la confrontation directe. Nous nous présentons aux portes de la ville et défions nos opposants. À entendre nos quolibets et joutes verbales, la colère les forcera à dépêcher une armée pour nous terrasser. En nous réfugiant dans la forêt, nous pourrons ensuite y mettre le feu et y piéger bon nombre de la garnison ennemie. Avec les portes ouvertes, nous pourrons entrer à l’intérieur, en ayant éliminé une partie considérable des effectifs ennemis et en ayant limité nos propres pertes. Le dragon argenté regarda la foule, afin de voir quel était l’effet de sa proposition. Voyant que son auditoire était à l’écoute, il enchaîna avec la deuxième idée : - Sinon, nous pouvons agiter suffisamment la faune locale pour les inciter à attaquer. Une telle diversion mobilisera la garnison et nous permettra d’entrer là où on ne nous y attend pas, en toute discrétion. Soyez vigilants, cette éventualité conduira certainement à notre séparation en plusieurs groupes. Avant que le débat ne commence, il jugea bon d’ajouter : - Quelle que soit la solution que nous adoptons, nous devrons trouver le moyen, une fois à l’intérieur, de prendre possession des lieux. Si nous parvenons à trouver des alliés sur place, alors peut-être pourrons-nous combattre. Si nous n’y parvenons pas, nous n’aurons que peu de temps pour capturer le général de cette place. * * * Il avait fallut plusieurs semaines pour atteindre les abords de la place forte. Même si c’était le miilieu du mois de Nárië, une forte brume planait dans les Marais. Des bruits étranges ponctuaient l’ambiance lourde qui s’était abattue sur la troupe. Le Sénéchal avançait avec quelques uns de ceux qui l’avaient suivi. Il espérait que la troupe entière fasse route avec lui, mais l’une des mercenaires avait suggéré qu’ils se séparent en plusieurs équipes. Cela afin de réduire l’attention portée sur les voyageurs. D’autant plus que des espions devaient déjà être au courant de leurs agissements. Elle avait alors préconisé la discrétion, à juste titre. En effet, le groupe du Sénéchal fut le premier à arriver à proximité d’Urcendia, suite à un trajet sans encombres. Les Dieux étaient avec eux. Mais cette épaisse brume annonçait une bataille sanglante. Car c’était avec de l’énergie, du courage, de l’espoir, de l’obstination et de la vertu que les Atsamiens avaient une chance de préserver leur royaume. Le Sénéchal était certain : tous avaient un rôle à jouer dans cette bataille. Dans les heures à venir, chacun d’entre eux seraient soumis à des choix. Dans l’adversité, mais aussi dans la solidarité ; dans la bataille, mais aussi dans le répit, ils allaient façonner l’avenir d’Atsami. À jamais. [HRP] Un message a été publié sur vos fp respectives. | |
![]() Le 08/09/2019 à 23:31:38 | La brume qui planait sur ces terres semblait s'infiltrer sournoisement jusqu'aux os de Tor qui ne savait plus si elle tremblait de froid ou d'impatience. Cela lui semblait déjà une éternité depuis que la réunion au domaine de la nuit avait eu lieu. Rester aussi longtemps dans ce sous-sol avait eu un impact fort sur son karma et son désir de sang n'avait jamais été aussi fort. Jetant un regard à Balthyla à ses côtés Tor ne nota aucun signe de l'impatience qu'elle ressentait, mais cela ne l'étonnait plus, Balthyla était bien plus forte qu'elle ne pourrait jamais l'être. Reportant son regard devant elle elle vit le Sénéchal perdu dans ses pensées. Son discours lors de cette réunion avait animé quelque chose au fond d'elle qu'elle avait oublié depuis longtemps et qui l'avait encore plus conforté dans son choix quant à apporter son aide dans cette bataille, pour un futur moins sombre. Elle l'aimait bien ce vieux Sénéchal. Autour de lui les petits groupes qui se rejoignaient commençaient à rendre leur armée un peu plus conséquente. Des dragons dont certains étaient en quelque sorte éteints, quelques mercenaires, d'autres guerriers et guerrières comme elle et sa dragonne. Certains se connaissaient depuis longtemps au vu de leurs échanges joyeux et une pointe de tristesse fit grimacer la dragonnière. Ils lui manquaient tellement ses anciens compagnons. Autour d'elle les gens s'agitaient, se préparaient et discutaient de la bataille à venir. Les deux options que le Sénéchal avait proposé semblaient toutes deux intéressantes. S'appuyant contre un arbre Tor croisa les bras et fronça les sourcils. Balthyla s'assit, enroulant sa queue autour du tronc de l'arbre. - Confrontation directe ou diversion avec la faune locale...je suis pour la première option, on les fait venir là où on veut sur un terrain qu'on aura bien préparé et truffé de pièges et paf ! On maîtrise le combat direct, l'infiltration tu sais que ce n'est pas pour nous...marmonna Tor. Balthyla rit - Effectivement ça ne le ferait pas du tout si pendant l'infiltration tu nous perdais dans un dédale de ruelles... Vu comme cela a été un cauchemar pour arriver jusqu'ici sans se perdre je ne sais où... Balthyla étira son long cou et vint effleurer délicatement la tête de Tor - Tor...je sais que cela fait maintenant longtemps qu'on a rien eu à combattre et que tu as hâte...mais regarde les gens autour...je ne sais pas si une confrontation directe serait idéale dans cette situation. Au vu de nos forces je partirai plus sur la diversion. On ne sait rien de l'armée en face et si on veut attraper le général il faut y aller en toute discrétion pour éviter qu'il ne s'enfuit.Et aussi limiter les morts inutiles. Les petits bras là-bas ne font souvent qu'obéir. Et puis on pourrait aider pour la diversion. Tor fixa son regard sur les gens l'entourant et soupira. Sa dragonne avait peut-être raison. Mais ce qu'elle ressentait était de la déception. Elle voulait combattre tout de suite. C'est alors qu'elle aperçu la dragonnière qui l'avait amené jusqu'ici. Elle ne leur avait pas mentit, il s'agissait bien d'un combat légitime. C'était une chance d'être tombé sur elle. C'était une grande guerrière et les deux amies n'en avait plus vu depuis bien des années. Balthyla sourit - Tu as l'air de bien l'aimer cette dragonnière Tor. Il est rare que tu dialogues avec quelqu'un d'habitude... Tor lui lança un regard noir. - C'est juste qu'elle me fait penser à la Cité. - Son dragon est très sympathique aussi, il se nomme Gwaihir, il porte presque le même nom que ton bracelet étrangleur. Il y a aussi d'autres personnes intéressantes dans le groupe, Okko et Ecnerual, et aussi Sire Dahokan. Et non Tor pour l'instant pas question de combat ou quoi avec eux, on est là pour la même bataille. La dragonnière hocha de la tête et changea de sujet - La diversion tout ça...qui n'est pas sans risque car va falloir bien les diriger ces morts-vivants. Et savoir par où entrer pour s'infiltrer sans être vu...Et cela va être problématique sans informations... - Oui...allons voir ce que pensent les autres, ou s'ils ont d'autres informations que nous. Sans attendre Tor qui se renfrognait déjà, Balthyla se dirigea vers leurs compagnons de combat. | |
![]() Le 28/09/2019 à 17:51:57 | Ainsi, c'était fait. L'armée était là. Plus petite que prévue, une taille ridicule pour une rébellion, mais l'essentiel était le cœur et la foi qui animaient tous ses membres. Ou presque. Elyra avait été ravie de voir Tor et Balthyla rejoindre le point de rendez-vous. Elles ne doutaient pas de l'avantage qu'elles représenteraient dans une bataille. Gwaï, lui, avait été encore plus efficace en ramenant non pas un mais six dragons. Ce n'étaient pas des bêtes de guerre: la plupart étaient bien trop jeunes. Le plus petit, un dragon jaune aux zébrures fauves, un adolescent exubérant, débordait d'énergie mais usait du moindre prétexte pour jouer à la bagarre avec les autres. Le plus vieux était splendide: une créature bleue nuit, musclée, hérissée de piques et de crocs, mais son regard somnolent trahissait la maladie qui s'était emparé de lui. Cependant, la plus belle surprise, ça avait été de constater que les avis de recherche avaient porté leurs fruits. Okko et Ecnerual étaient là aussi, et à la tête d'une jolie troupe de combattants. Elyra avait bondit de joie en les découvrant, mais les retrouvailles avaient faillies être sanglantes. Dès qu’elle avait aperçu sa vieille amie, Elyra s’était élancée vers elle, tout sourire et les bras grands ouverts. - Okko ! Toute à sa joie, elle n'avait pas réalisé tout de suite ce qui se tramait. L’air de surprise sur le visage de l’anthropomorphe, vite remplacé par un air très sévère. Cruel. Furieux. Sa main qui se portait vers la poignée de son épée. Elyra courait toujours. Gwaïhir avait été plus prompt. D’un bond, il s'était placé entre les deux femmes, coupant la route de son humaine. Normalement, la magie d’Ithil empêchait tout acte hostile… mais avec Okko, les choses étaient rarement normales. Il n'avait pas osé montrer les crocs, de crainte de faire définitivement exploser la situation, mais était resté tapi là, prêt à protéger Elyra si besoin. Celle-ci ne comprenait pas tout à faire ce qu’il se passait. Elle était restée immobile, les bras ballants, un air peiné sur le visage. - Okko, ça ne va pas ? Cela faisait des années qu’elles ne s’étaient pas vues, elle s’attendait à des retrouvailles plus chaleureuses. - Approche, avait sèchement ordonné Okko. Ely avait échangé un coup d’œil hésitant avec son dragon. Finalement, la tigresse s'était détendue, sa main s’éloignant de l’épée, mais sa voix était toujours aussi sèche quand elle avait rugit une seconde fois. - Approche ! Jugeant le danger passé, Gwaï s'était reculé et Ely approchée à petits pas, avec un sourire plus timide. - Ça fait si longtemps, mon amie… Dès qu’elle avait été tout près, elle avait hésité sur la manière de se comporter, mais avant d'avoir pu décider quoi que ce soit, elle s'était retrouvée plaquée contre le torse velu dans un geste qui semblait amical. Certes, il y avait peut-être une légère intention de lui fêler une côte ou deux, mais dans le fond, l’affection semblait dominer. Cette impression avait été confirmée par le grognement ronronné incompréhensible qui semblait clore les hostilités. Une oreille attentive aurait pu discerner le mot « manqué » dans l’affaire. Une fois libérée de l’étreinte ravageuse, la jeune femme s'était inclinée respectueusement devant Ecnerual, le temps de retrouver son souffle et un peu d’assurance. - Vous m’avez manqué tous les deux ! Cassiopée et Slider sont avec vous ? - Non. - Alors, articula-t-elle, déçue, nous sommes les derniers de la Garde. Une lueur s'était allumée dans les yeux d’Okko. - Tu as trahi la Garde, tu nous as abandonné et livré à la merci de tous les mercenaires du pays, avec ton annonce! J'espère que Slider et Cassiopée auront pu s'en sortir. - Je… - Tu as promis de l’or: et bien nous sommes là et nous avons une troupe armée à payer ! Trahi ! Si Ely ne le montra pas, la violence de ce mot l'avait ravagé. Trahi? Elle avait été fidèle aux principes de sa guilde des années après que tous les membres aient disparu ! Elle avait été complètement détruite quand elle avait réalisé que sa carrière, sa famille, ses rêves n’appartenaient plus qu’à un passé sur lequel il fallait tirer un trait ! C'était ça, une trahison? Mais elle comprenait soudain mieux la réaction d’Okko. On ne pouvait nier qu’elle s’était éloignée pour ne pas voir sa ville devenir un désert, et si elle était restée longtemps accrochée à ses illusions, elle n’avait rien fait pour les ranimer chez ses compagnons. De loin, cela ressemblait bien à un abandon. - Je paierai, avait murmuré Elyra d’une voix plus dure que ce qu’elle aurait voulu. Elle s’était éclaircit la gorge avant de répéter, plus fort. - Je paierai, et si on s'en sort, vous serez largement récompensées en butin. Prenez ça pour le moment, en acompte. Le reste est à la banque. Elle leur avait jeté ce qu'il restait de sa bourse et de son contenu puis s'était détournée pour rejoindre le reste du groupe. - Merci d'être restées, avait-elle lâché d'une voix émue en s'éloignant. Ainsi, c'était fait. L'armée était là. L'armée était prête. Ils s'étaient séparés en entrant dans le troisième souterrain. Avec plusieurs heures de retard sur le Sénéchal, le petit groupe avait enfin rejoint le point de rendez-vous et commençait à se concerter sur la suite à donner. Du moins essayait. Les dragons sauvages se tenaient à distance relative des humains. Le jeunot se chamaillait avec qui voulait bien, pour le plus grand bonheur de Gwaïhir. Finalement, il n'y avait qu'Atirie, la chef de meute, à sembler sérieuse. - Donc, on a le choix entre détruire la forêt ou condamner l'innocente faune locale à la mort? bougonna Elyra. - Pas si innocente que ça, contredit son dragon, tu te rappelles les squelettes, les morts vivants et ces affreux crapauds cracheurs d'acide? En se remémorant les fameux crapauds, l'humaine hocha la tête avec un sourire. - D'accord, faune pas innocente. De toute manière, soupira-t-elle, ça m'a l'air la meilleure option. Je vois mal tous les soldats d'Urcendia abandonner leur poste pour nous courser dans les bois. Nous ne sommes pas une si grande menace pour eux. Elyra se tut, posant son regard sur Gwaïhir qui ne l’écoutait déjà plus, occupé à se bagarrer avec son nouveau copain. En d’autres temps, c’est attendrie que la jeune femme aurait admiré le spectacle, mais elle ne pouvait désormais pas faire abstraction du sentiment d’inquiétude qui l’étreignait. Dès qu’elle avait vu son compagnon ramener tous ces dragons malades, Elyra avait compris que ses plans de fuite tombaient à plat. Gwaï aurait sûrement pu laisser mourir tous les humains du pays sans scrupule… mais des dragons, jamais. Il avait une trop grande estime de son espèce pour ça. Une trop grande rancune envers les humains, qui déjà, quand il était tout bébé, avaient tenté de l’asservir pour leur bon plaisir. A présent que cette guerre le concernait personnellement, il se battrait jusqu’au bout. Ce qui limitait fortement les choix d’Elyra : se battre pour les dragons, ou abandonner son meilleur ami et les siens à une guerre perdue d’avance et endosser le rôle de traitresse… encore. Son amour pour Gwaïhir simplifiait la question… mais si elle venait à tomber au combat, à devoir choisir entre souffrance et mort pour elle ou pour les autres, aurait-elle la force de ne pas trahir ? D’un coup de patte bien ajusté, le dragon envoya bouler son jeune ami dans les buissons et reporta son attention sur son humaine : - Tu disais ? Elyra soupira à nouveau. - Que tu avais raison. Va pour envoyer les monstres mourir à notre place. - Ça va déplaire à certains, de ne pas se battre, grogna Gwaï avec un coup d'œil appuyé en direction d'Okko. - Pas tant qu'il y aura de l'or à la clé. De toute manière, sans nouvelle des espions ni passage secret fabuleux, ça va tourner à la confrontation plus vite que prévu. Difficile de s'infiltrer avec des dragons de plusieurs mètres de haut. A ce moment, elle vit Tor et Balthyla s'approcher et les salua d'un signe de la main. - On disait justement qu'il valait mieux opter pour l'attaque de morts-vivants en diversion, vous en pensez quoi? Le seul problème, c'est qu'on ignore les points faibles de la ville, où attaquer, où s'inflitrer. Le plus simple serait sûrement d'envoyer les morts sur les portes en bois, c'est ce qui est le plus susceptible de s'effondrer. - Mes dragons peuvent les brûler, appuya Atirie, pendant que vous attaquez ailleurs. - Ailleurs, oui, mais où? Les portes sont à l'est… On attaque à l'opposé? J'espère que nos espionnes reviendront bientôt avec un itinéraire plus précis… Il faudra une équipe avec tous les combattants humains, plus discrets pour se déplacer. Spiritia pourrait venir, sous sa forme de tigresse. Peut-être un petit dragon d'Atirie également. Quand aux autres dragons, ils pourront être en support, soit côté diversion, soit pour venir à la rescousse des infiltrés si ça tourne mal. - Un bon général sera du côté du combat à motiver ses troupes, pas isolé à l'arrière, remarqua Gwaïhir. Ce qui rend l'infiltration inutile. Une troisième fois, Elyra soupira et se massa les tempes. - Peut-être. Peut-être aussi que c'est un lâche planqué dans sa tour et que ce plan marchera. J'en sais rien… J'ai pas d'autre idée. Elle n'avait aucune légitimité pour diriger ces gens mais le Sénéchal restant à distance, il fallait bien que quelqu'un décide quelque chose. - Va voir Dahokan. Demande-lui si Adrentar compte nous rejoindre ici. je pensais que Dahokan l'aurait rappelé à lui, maintenant que les choses bougent. Ce ne sont peut-être pas les seuls, mais ils peuvent communiquer par la pensée et ce serait un atout pour coordonner nos équipes. Le dragon vert s'éloigna et Elyra reprit pour qui voulait bien l'écouter. - Il faudrait une équipe qui se charge d'attirer les mort-vivants jusqu'aux portes, à l'est de la ville. Je peux aller patrouiller avec Gwaï. On a l'habitude de traîner dans les marais depuis l'invasion, on devrait trouver notre chemin. Puis il est rapide, les monstres ne nous attraperont pas, et on pourra vous rejoindre facilement. Ceux qui veulent s'infiltrer peuvent commencer à partir vers l'ouest. Il faudra juste arriver à coordonner nos attaques. | |
![]() Le 06/10/2019 à 10:55:53 | Le sommet du Perchoir, la principale tour d’Urcendia, pénétrait dans la brume pour ne plus en ressortir. La « Cité Phoenix », comme les Urcendites avaient eu l’habitude de la nommer, n’avait pas si fière allure. Mais ce qui inquiétait le plus le Sénéchal était l’absence de vision claire. Autrefois, la cité surplombait les marais et rayonnait tel un phare dans la nuit. Aujourd’hui, les ténèbres s’étaient emparées d’elle, en même temps que l’Imperium d’Elkonar avait marché sur Atsami. Les murailles, que l’on distinguait à peine, étaient abîmées par endroits. Pourtant, les habitants de l’Imperium étaient réputés pour leur entretient des plus exigeants. Toutefois, la cité en elle-même semblait souffrir de l’absence de ses dirigeants d’antan. Le Sénéchal sentait son mal-être dans tout son corps, comme si Urcendia criait son désespoir dans son âme. Les pierres de ses murailles, à l’image d’un visage tordu de douleur, renvoyaient la souffrance que connaissait la Cité Phoenix. Or, il faudra du temps pour la réparer, pour panser les plaies, pour raviver ses ruelles. Comme pour Atsami. Comme pour l’armée dont le Sénéchal avait aujourd’hui pris la tête. Le Sénéchal était un artisan, un faiseur de miracles. Et pour se hisser jusqu’où il s’était hissé, il fallait voir au-delà de la vue, lire dans les âmes et écouter les Dieux. Il n’était pas aveugle et savait très bien de quel bois se chauffait la compagnie qu’il avait créée. Tous ses compagnons de route partageaient la même essence, cette subtilité qui les mènerait à la victoire, ce secret qui faisait qu’à seulement quarante, ils changeraient le cours de l’Histoire. Ils étaient des âmes brisées. Des âmes esseulées, isolées. Tous les membres de la compagnie avaient perdu quelque chose -ou quelqu’un- de cher. Avec l’invasion de l’Imperium, ils n’étaient plus entier. C’est pourquoi -même si certains d’entre eux l’ignoraient encore- aucun ne se défausserait aux batailles à venir. Il s’agissait de leur destinée, et c’est pourquoi le Sénéchal était venu les chercher. Si les héros étaient tombés, alors seuls les invalides pourraient mener Atsami à la victoire. Ils étaient tel ces pierres décrochées des remparts d’Urcendia : un morceau de glaise par-ci, un fragment d’argile par là, du basalte… En les réunissant, le Sénéchal allait construire l’édifice le plus solide d’Atsami. C’était son travail d’artisan : rassembler sous une même bannière des guildes autrefois en guerre. * * * Sire Dahokan n’appréciait pas cet endroit. Tout d’abord, les Marais n’avaient rien d’accueillant. Ensuite, Urcendia n’avait plus rien de sa splendeur d’antan. C’était étrange de se retrouver là, à préparer un assaut suicidaire pour capturer la cité. C’était tout aussi irréaliste qu’inespéré. Qu’espéraient-ils ? L’ampleur de la tâche était démesurée et, pourtant, ils se tenaient là, prêts à porter leur premier coup à l’Imperium. Lui qui d’habitude affichait une sérénité à toute épreuve, était en proie au doute. Aucun des plans proposés par le Sénéchal n’attiraient la sympathie de Sire Dahokan. L’attaque incendiaire comme l’excitation de la faune locale étaient des approches très incertaines. Il aurait préféré une attaque plus construite, mais l’absence d’informations sur le fonctionnement de la cité ne le leur permettait visiblement pas. Le groupe était obligé de se lancer de manière hasardeuse, espérant que la suite des événements offre la bonne opportunité. Oui, il s’agissait réellement d’un assaut suicidaire. Et c’était bien ce qui inquiétait le dragon de brumes. Ses pensées furent interrompues par l’arrivée de Gwaïhir. En toute logique, son ancien compagnon de route lui posa la question à laquelle Sire Dahokan s’était tant attendue… mais à laquelle il redoutait de répondre. Dans la taverne, plusieurs lunes auparavant, il était parvenu à rester évasif. Mais le temps passait et le saurien devait admettre que l’absence de son principal allié attirait l’attention. Leur réputation les avait précédés et beaucoup se demandaient où était passé le chevalier blanc. Jusque-là, seul Sire Dahokan s’était prononcé en leur nom. Sire Adrentar n’avait donné aucun signe de vie. Le saurien savait qu’il ne pourrait plus garder leur secret bien longtemps. Il accueillit la réflexion de Gwaïhir par un long silence, avant de répondre avec précaution : - Je crains que Sire Adrentar ne se joindra pas à nous lors de cette bataille. Il est vrai qu’il est bain meilleur tacticien que moi, mais nous devrons poursuivre sans lui ! Sentant qu’il peinait à convaincre, Sire Dahokan se risqua à une autre approche : - Mais seuls les Deux savent ce qui nous attend. Prenez cette potion, peut-être pourra-t-elle vous servir. C’est souvent lorsque nous y pensons le miens que de tels objets peuvent se rendre d’une utilité salutaire. D’un geste du museau, le dragon de brumes se saisit d’une potion d’un bleu profond, parmi le fourbi attaché à sa selle. Il la confia à Gwaïhir et précisa : - Je promets de re-pondre à toutes vos questions à l’issue de cette bataille. Mais, pour l’heure, concentrons-nous sur les épreuves à venir. Puis Sire Dahokan se mit en mouvement pour s’approcher du groupe discutant de la meilleure manière de mener l’assaut. Il ne pensait pas être d’une grande aide, mais en voyant les expressions consternées des personnes engagées dans la conversation, il semblait qu’une décision n'avait toujours pas fait consensus. * * * - Qu’allons-nous faire des habitants de la cité ? C’était l’un des marchands de la Guilde des Explorateurs des Tréfonds. Il était vrai que, à aucun moment, le Sénéchal n’avait parlé des populations non-combattantes. Qu’était-il advenu des anciens habitants ? Est-ce qu’Urcendia était transformée en caserne, ou y demeurait-il encore quelques sujets de l’Empire ? Si c’était le cas, constituaient-ils une potentielle aide en cas d’insurrection ? Ah, il y avait encore tant d’incertitudes autour de cette attaque ! Sire Dahokan n’avait pas besoin d’être fin tacticien pour savoir que la rébellion risquait de mourir dans l’oeuf s’ils continuaient ainsi. - Ils ont des balistes et, de toute évidence, savent se battre contre les dragons. Le dragon de brumes avait tenté d’apporter sa pierre à l’édifice, entraînant une réaction de surprise de la part d’un des renégats impériaux : - Comment le savez-vous ? Sire Dahokan afficha un air gêné et ne put réfréner un mouvement nerveux au niveau d’une de ses ailes. Il s’agissait de l’aile blessée qui n’avait pas échappé à l’attention d’Elyra et Gwaihir lors de la rencontre dans la taverne, deux lunes auparavant. Heureusement, elle s’était réparée avec le temps. Le dragon répondit : - Ce n’est pas ma première bataille contre l’Imperium. Le groupe grossissait, alors que la totalité de l’armée s’était retrouvée au point de rendez-vous. Mais, le manque de stratégie clairement affichée attirait les plus curieux et, bientôt, tout le monde voulait aller de son avis. Le mercenaire qui avait répondu à Sire Dahokan jugea bon de préciser : - L’imperium a une armée très organisée. Peut-être devons-nous frapper à la relève ? - Oui, mais cela n’aide en rien à savoir comment nous nous y prendrons ! avait maugréé l’une des jeunes dragonnes. D’un simple échange discret, voilà que la conversation se transformait en un débat houleux, incessant aux oreilles de Sire Dahokan. Mais qu’étaient-ils devenus ? Comment cela se faisait-il que les Atsamiens ne parvenaient plus à s’arrêter sur une stratégie bien ficelée ? Soudain, une mercenaire intima le silence : - Chut ! Elle dévisagea les autres et demanda : - Qu’est-ce que c’était ? Un silence gêné accueillit sa question. Un explorateur de la guilde commença une réponse décousue : - Euh… Rien, je ne sai… Mais il fut immédiatement interrompu par la mercenaire : - Là, regardez ! Elle pointa du doigt des branchages humides, à moitié enveloppés dans le brouillard et remuant légèrement. - Un éclaireur ! s’écria-t-elle, avant de s’enfoncer à toutes jambes dans le brouillard. Alarmé, un dragon s’écria : - S’il sonne l’alerte, nous sommes perdus ! | |
![]() Le 06/11/2019 à 21:25:52 | Tor et Balthyla avaient rejoins le petit groupe en pleine discussion tactique. Elyra les avait accueillit chaleureusement, son avis rejoignant le leur pour une diversion avec la faune locale. D'autres personnes se joignirent au débat, des mercenaires, des dragons, d'autres dragonniers et bientôt une cacophonie sans fin s'installa. Tor soupira, serra les dents, avala sa salive et balaya les alentours du regard. Bon sang elle se ramollissait, dans le passé elle aurait déjà hurlé à tous de se taire et en aurait bastonné voir tué quelques uns. Quand est-ce qu'ils allaient la commencer cette bataille ? La stratégie ce n'était décidément pas sa tasse de thé, elle préférait y faire à l'instinct. Et ce qu'elle voulait tout de suite c'était sortir son épée et répandre le sang. Secouant la tête elle jeta un regard en coin à sa dragonne qui malgré ses airs nonchalants restait sur ses gardes, ce qui gênait ses réflexions sur le sujet. Quand un petit dragon jaune aux zébrures fauves s'approcha pour jouer, la dragonne émis un grognement et un regard d’avertissement qui suffirent à lui signifier qu'il ne fallait pas approcher. Comme son amie, elle n'appréciait pas la proximité étouffante de tout ce monde, elles n'en avaient plus l'habitude. Une envie de prendre l'air, Tor fit signe à Balthyla et elle s'éloignèrent du groupe. Les débats devenaient houleux, ils faisaient trop de bruit. Chacun essayait d'étoffer une tactique, mais il manquait des informations. Peut-être aurait-il fallu en l'absence des renseignements en obtenir d'une autre façon, en observant le fonctionnement de la cité : est-elle approvisionnée, y avait-il des voyageurs, des marchands, des villageois, sortaient-ils ? Si oui pouvait-on les capturer - en tuer quelques uns au passage - et avoir des informations pour leur infiltration ? Son inaction la rendant sur les nerfs, elle repris vie lorsqu'une mercenaire s'écria qu'il y avait un éclaireur. Tout en instinct, les deux amies s'élancèrent gaiement vers la source du bruit, de grands sourires illuminant leurs yeux, armes et crocs de sortie. Éclaireur ou autre chose elles allaient enfin pouvoir s'amuser ! | |
![]() Le 09/11/2019 à 10:26:10 | La gêne de Dahokan ne passa pas inaperçue pour Gwaïhir. Le dragon de brume pouvait peut-être cacher des choses aux humains, mais pas aux sens affutés d’un de ses semblables. Quelque chose clochait. Quelque chose en rapport avec Adrentar, avec l’aile blessée de Dahokan, avec son air pensif permanent. Tout en acceptant la jolie potion bleue et en craignant le pire, Gwaï cherchait une manière polie d’approfondir le sujet. - Je promets de répondre à toutes vos questions à l’issue de cette bataille, anticipa Dahokan. Mais, pour l’heure, concentrons-nous sur les épreuves à venir. Gwaï acquiesça tandis que l’autre s’éloignait. - N’oubliez pas qu’avant d’être des compagnons de bataille, nous sommes amis, répondit-il d'une voix très douce. Je serai là pour vous écouter et vous aider, quel que soit le moment, quel que soit le problème. Il fallait maintenant annoncer la nouvelle à son humaine. Elyra n’aimerait pas ça. Elle peinait à agir et cherchait à se reposer sur quelqu’un d’autre, et le chevalier blanc était dans son esprit la personne idéale pour ça. Tant pis. Elle ferait la tête... encore... comme d’habitude. Il éviterait juste de lui faire part de ses doutes quant au sort du chevalier. Quand il revint vers le groupe, la discussion stagnait encore. Il glissa la potion à son humaine tout en lui soufflant le message : “Ad est toujours en mission à la Surface, il ne reviendra pas de suite”. Elle ne répondit pas mais comme prévu, son visage s’assombrit davantage. Gwaï commença à agiter nerveusement la queue. Comment compter sur elle avec un comportement pareil ? Elle était de plus en plus faible. Autour d’elle, on débattait du sort des civils d’Urcendia sans même qu’elle ne prenne part à la conversation. Il fallait avouer que ces discussions interminables étaient une vraie torture. Parler, parler… Ne jamais agir. Insupportable ! Heureusement qu’il y avait les dragons sauvages pour lui changer les idées. En particulier le petit, Kerlym. Il était vif, enthousiaste, joueur. Avec lui, Gwaï replongeait dans son adolescence et croyait revivre les meilleurs moments d’insouciance d'alors : les nuits sous le Mur et dans la taverne, à chercher la bagarre avec Kifseg et Aruush, à mordre, griffer, jusqu’à ce que les tables volent, que les humains poussent de grands cri indignés et qu’Ecnerual mette fin aux combats d’un coup de patte colossal. Ah, la Mole… Bagarres amicales et parties de chasse endiablées… De si bons souvenirs. Tout était plus simple alors. Si cela n’avait tenu qu’à lui – qu'à eux, il inclurait les dragons sauvages dans sa meute-, Gwaï aurait déjà brûlé tous les marais et entraîné ses nouveaux compagnons droit sur les impérialistes. Ils en auraient dévoré quelques-uns avant que la nuit soit tombée et auraient bien rigolé. Ah, oui, on le disait impétueux ! Mais à trop se méfier du danger, plus personne n’agissait ici ! Comment de simples humains venus du nord avaient pû réussir à réduire les puissants atsamiens à ça ? Une troupe réduite incapable d’agir ! Humains ou sauriens, ce n'étaient que des couards. - Chut ! intima une mercenaire. Qu’est-ce que c’était ? - Euh… Rien, je ne sai… - Là, regardez ! Un éclaireur ! - S’il sonne l’alerte, nous sommes perdus ! hurla un dragon. - Un autre, à gauche! Déjà, dragons et humains avaient fusé à la suite des ennemis. Vif comme l’éclair, Kerlym se jeta à la poursuite de celui de gauche, bondissant entre les branches tel une fouine, suivi de près par Gwaïhir. Il enviait son jeune et petit ami qui pouvait se faufiler sans peine dans les arbres. En bas, c’était la pagaille: des feuilles volaient dans tous les sens, des branches claquaient, craquaient, fouettaient. Gwaï entendait le souffle court de plusieurs humains devant lui. L’espion n’avait aucune chance. Finalement, il y eut un cri. Le saurien vit deux corps rouler, projetant des gouttes boueuses tout autour d’eux. On entendit un bruit sourd suivi d’un gémissement étouffé. Quelqu’un semblait avoir pris un coup dans le ventre. Une silhouette se releva... pour finir projetée contre un tronc à moitié pourri qui trainait sur le sol. Le temps que Gwaï arrive, c’était fini. L’espion était coincé, le nez enfoncé dans le sol, une lame aiguisée caressant sa gorge. • • - Ne le tuez pas, hurla Gwaï! La lame s’immobilisa, mais des cris de protestation retentirent autour. Petit à petit, tout le monde se regroupait autour de l’ennemi. Elyra arriva à la traîne, brandissant son arc déjà inutile. Quelque chose s’agita aux pieds du dragon. Il abattit sa grosse patte griffue sur la queue qui se faufilait à côté de lui, interrompant de justesse le bond de Kerlym qui, passant outre son ordre, s’apprêtait à en finir avec leur ennemi. - Thric! rugit-il, et il claqua les mâchoires de colère. J’ai dit non! Le jeune dragon lui feula dessus et se débattit de toutes ses forces, mais Gwaïhir ne céda pas, alors l’autre finit par se soumettre et baisser la tête, non sans laisser échapper des sifflements de colère. Il peut nous donner des informations… en échange de sa vie. C’était un mensonge. Quoi qu’il se passe, leur troupe était trop avancée en territoire ennemi pour se permettre de laisser partir un éclaireur vivant. Et vu les commentaires qui fusaient, les autres en étaient tout autant conscient que lui. Leurs protestations furent coupées lorsque le groupe qui avait suivi le premier éclaireur revint de sa poursuite. - Où est l’espion ? questionna rageusement une mercenaire. - Vous l’avez eu ? - Il s’est enfui ? - Elle est morte, leur répondit-on nonchalamment. Morte... Cela réduisait de moitié leurs chances d’avoir des réponses à toutes leurs interrogations. Celui-là devait absolument parler ! Tous s’agglutinaient autour de lui avec une envie visible de lui faire la peau. - Wux *gethrisj* ! Irlym ukris usv *loreat*, ordonna Gwaï.• • • Il y eut un blanc. Forcément, Elyra hésitait. Après ce qu'il sembla une éternité, il l’entendit ranger son arc et s’avancer vers l’espion. Quand elle passa à côté de lui, Gwaï put constater qu’elle avait le visage qu’il aimait le plus. Son visage de tueuse. Évidemment, il pouvait sentir son cœur qui battait la chamade, et sûrement que tous les autres dragons le sentaient aussi. Mais pour le prisonnier immobilisé au sol, elle semblait sûre d’elle et dénuée d’émotions. Pourvu qu’elle ne flanche pas. - Souviens-toi, lui murmura-t-il pour l’encourager quand elle le frôla. Elle ne dit rien, mais son cœur s’apaisa un peu. Elle avait sorti son poignard et s’accroupit très lentement devant le prisonnier. - Combien de soldats sont à Urcendia? L’homme ne dit rien. Il avait bien le profil d’un éclaireur : une carrure plus fine que celle d’un soldat et un air plus malin. Il ne parlerait pas de manière inconsidérée. Mais il devait probablement crever de trouille. Au vu des circonstances, entouré de dragons, d’épées brandies et avec un poignard sur la gorge, il y avait de quoi. Il ne devait pas non plus être habitué à la résistance et à la défaite vu le peu d’actions atsamiennes depuis plusieurs mois. Elyra le détailla de haut en bas et lui redemanda d’une voix claire : - Combien de soldats sont à Urcendia ? Qui est votre chef et où est-ce qu’il se cache ? Est-ce qu’il y a des prisonniers ? Qu’avez-vous fait des civils qui occupaient la ville avant votre arrivée ? • • Si quelqu’un veut s’offrir le plaisir d’un ou deux combats, allez-y • • • Draconique: "Vas-y! Fais-le parler." PS: J’espère que je n’ai pas outrepassé mes droits de joueur et pris trop de liberté avec l’issue de ce combat. *** [EDIT 02/12] “Souviens toi” avait dit Gwaïhir. Derrière le masque, les pensées se bousculaient, auréolées d'un vent de panique. Le sang. Les cris. Les flammes. Bien sûr, elle se souvenait. Mais entre tuer un homme pendant un combat et torturer un prisonnier désarmé, il y avait un monde. Et tous ces gens qui la regardaient... Pourquoi Gwaïhir lui imposait-il un tel rôle ? Et le silence s’éternisait. Le visage dans la boue, le prisonnier serrait les dents et les défiait tous. Il fallait agir. Elyra se releva à moitié. Elle s’empara de la main de l’homme -c’était sa faute après tout s’il refusait de parler. Elle la plaqua au sol sans douceur et la coinça sous son pied. Elle n’avait pas le droit d’hésiter. Tous l’observaient. Gwaïhir l’observait. Agir. Phalange. Lame. Coup de talon. Il y eut un horrible craquement. La vue de la jeune femme se troubla et le sang se mit à battre à ses oreilles, si bien que le cri de l’homme lui parut très lointain. Elle essuya la lame du poignard sur son pantalon et posa un genou à terre dans un calme apparent. Il lui fallut juste poser les mains sur ses cuisses pour en dissimuler les tremblements. - Encore neuf, et j’attaque les yeux. Ou alors, je demande à un de nos amis ici là de te griller à petit feu en commençant par les pieds. Est-ce qu’il faut que je répète mes questions ? | |
![]() Le 14/12/2019 à 19:22:25 | Luffi avait toujours fait ce qui lui avait semblé juste. Ce n’était pas un mauvais gars et il avait la réputation d’être droit dans ses bottes. Enfin, par moments. Lorsqu’on venait d’une famille délaissée comme la sienne, on apprenait rapidement à se débrouiller pour arriver à ses fins. Très tôt, on développait des stratagèmes pour rapporter de la nourriture dans le foyer. Tous les moyens étaient bons, dès lors qu’ils permettaient de nourrir son entourage. Et, Luffi, lui, n’avait pas peur de se mouiller la tunique pour y arriver. Des services douteux -qui payaient bien- au vol à l’étalage sur les marchés, il avait à peu près tout testé ! Longtemps, ses petites affaires avaient eu le don d’exaspérer son frère Tasiop. Lui qui était l’aîné, qui était plus fort et qui était même entré dans la garde de la cité d’Urcendia. C’est sûr que ça renvoyait une mauvaise image que d’avoir un frère chapardeur ! Les routines de Luffi avaient conduit les deux frères à de nombreuses disputes. Aujourd’hui, il arrivait au jeune vaurien de se les remémorer avec un brin de nostalgie. Car, du jour au lendemain, tout avait basculé. À l’époque, Luffi n’avait prêté guère attention aux Paladins of Darkness. Tout ce qu’il nourrissait à leur égard était du mépris. Comment un peuple avait-il pu décider d’élire domicile dans les Marais, le pire endroit du royaume ? Même si Urcendia baignait d’une aura magique (devinez grâce à qui?) le lieu demeurait isolé de tout. Impossible de s’en éloigner sous peine de se faire attaquer par des morts-vivants ! Et puis un jours, ils arrivèrent. Les hommes en gris. Un décret royal -que dis-je ? Impérial ! - leur donnait toute autorité sur la cité. Au début, ce fut l’agitation : certains citadins refusèrent de se soumettre aux nouvelles règles. Mais la force militaire et la légitimité affirmée des nouveaux venus eurent rapidement raison des contestataires. Tous ceux qui levèrent la voix -ou, pire, voulurent saboter certaines installation ou attaquer les troupes- furent exécutés. C’était d’une violence inouïe. Ensuite, certains villageois disparurent mystérieusement. Il n’y avait plus dragons, ni nains. Ils étaient partis, disait-on. Enfin, un nouveau décret impérial annonça que toutes les personnes civiles seraient déplacées dans d’autres villes. La cité toute entière était réservée à l’armée impériale. Néanmoins, il était possible pour ceux qui le décidaient, de s’enrôler et de prouver ce dont ils étaient capables. Luffi y vit-là l’opportunité de survivre. Malin comme il était, il doutait fortement d’un simple transfert de civils. Les premières disparitions étaient assez inquiétantes et il préférait rester dans les parages plutôt que de partir vers l’inconnu. Mais Luffi était un chapardeur. Il n’avait rien de la carrure de son frère Tasiop -porté lui aussi disparu dans les premiers mois qui suivirent l’arrivée de la nouvelle armée impériale. Il rejoignit donc le corps des éclaireurs. La hiérarchie avait évoqué comme raison principale sa connaissance des Marais et de la cité. C’était sûr que c’était un avantage certain comparé à la plupart des soldats. Avec le temps, il s’était habitué à sa routine. Il passait le plus clair de son temps dans la forêt, à surveiller qu’aucune menace ne se présentait. Il aimait bien, car ça le tenait éloigné des gens qu’il n’aimait pas : ceux qui avaient pris possession de la cité. Car, même si Luffi n’appréciait pas les Paladins of Darkness, il aimait encore moins ceux qui les avaient chassés. Leur culte pour l’ordre et l’armée était si important qu’il en devenait malsain. Luffi voyait clairement dans leurs yeux qu’ils le considéraient comme un moins-que-rien, un prisonnier de guerre. Ce n’était pas étonnant qu’ils l’envoient patrouiller : si un mort-vivant décidait subitement d’attaquer, alors il serait la première victime. C’est-à-dire une perte légère (voire inexistante) pour l’armée impériale. Ce jour-là, avec sa coéquipière -une Atsamienne, comme lui- Luffi faisait sa ronde dans la forêt bordant Urcendia lorsqu’il entendit un bruit étrange. On aurait dit des voix. - Tu entends ? Chuchota-t-il à destination de sa camarade. Elle fit « non » de la tête. D’un geste, il l’intima au silence. C’était une chose inutile, puisqu’elle ne parlait déjà pas. Mais il voulait être sûr qu’il avait bien entendu quelque chose. Un nouveau bruit se fit entendre. Alors, d’un nouveau geste, Luffi invita sa coéquipière à le suivre et, le plus doucement du monde, il la guida jusqu’aux sons. Un léger bruit de la jeune femme lui fit comprendre que, maintenant, elle entendait aussi les sons de voix. Ils finirent par arriver près d’un groupement d’Humains et… de dragons ! C’était la première fois depuis une éternité que Luffi en voyait à nouveau. Mais que faisaient-ils ici ? De toute évidence, ils voulaient attaquer la cité. C’était invraisemblable ! Luffi ne savait pas quoi en penser : devait-il en rire ? Peut-être s’en réjouir ? Qu’est-ce que ça pouvait bien signifier ? Lui-même ne savait pas tant vers qui pencher, en cas de bataille. S’il s’agissait de vulgaires brigands, alors autant donner l’alerte. Mais s’il s’agissait d’autre chose… ? Son hésitation lui fut fatale. Perdu dans ses pensées -et curieux de savoir ce qu’allait donner la conversation entre les différentes personnes- il ne prit plus la peine de rester à couvert. L’alerte fut donnée ! Prenant peur, il s’élança le plus loin possible, imité par sa comparse. - On se sépare ! Murmura-t-il. C’était une stratégie classique dans ce genre de situation. Partir dans deux directions rendait la poursuite plus difficile et augmentait les chances de fuite de l’un des deux. Pourvu qu’ils s’en sortent indemne… Vite ! Il devait rejoindre les portes de la cité ! Elles n’étaient pas très loin, il pouvait le faire, nom d’un Luffi ! À un détail près : ce n’était décidément pas son jour de chance. Alors qu’il était sur le point de sortir de la lisière de la forêt -et ainsi entrer dans la zone à découvert, gage de réussite pour donner l’alerte- un dragon sortit des fourrées et le projeta au sol. Les deux corps roulèrent au sol. Luffi voulut se débattre mais l’autre était beaucoup plus fort. Le jeune homme ne put éviter le coup dans le ventre. Il voulut riposter mais fut projeter au loin. L’instant d’après, il était immobilisé, le visage dans la boue. - Ne le tuez pas ! Autour de lui, Luffi entendait l’attroupement se former. Cette consigne avait le mérite de le rassurer, même s’il était loin d’être dans une situation confortable. Au moins, ceux à qui il avait affaire n’étaient pas des brutes sanguinaires. En fait, peut-être pas. De ce qu’il venait d’entendre, il n’était pas passé loin de la mort. Les gens en face de lui n’étaient visiblement pas très bien organisés. Il l’avait remarqué par leurs conversations et le voyait à nouveau maintenant, alors qu'un contre-ordre venait d'assurer sa survie. - Où est l’espion ? - Elle est morte. Luffi eut un moment d’absence. Ils l’avaient tuée ?! Comment était-ce possible ! De toutes les personnes qu’il avait rencontrées dans l’armée -voire, dans la cité toute entière- il s’agissait certainement de la personne la plus inoffensive ! Comment avaient-ils pu faire ça ? On le maintint allongé sur le sol. Désemparé, Luffi se laissa faire. Il n’avait plus la force de rien, de toute manière. Une jeune femme, le visage dur, s’approcha de lui et lui mit un poignard sous la gorge. Voilà que son tour venait. Elle lui posa une simple question. Ah oui, c’est vrai. Quelqu’un avait dit, à un moment, qu’ils avaient besoin d’informations. Luffi se contenta d’observer la jeune femme, sans vraiment la voir. Il repensait encore à sa coéquipière et peinait à imaginer qu’elle soit morte. La voix de la femme retentit à nouveau, mais le jeune homme ne put saisir tous les mots à la volée. Son instinct de survie lui disait pourtant qu’il devait y prêter attention. Car c’était elle qui tenait sa vie dans ses mains, comme elle tenait ce poignard. Mais lui était encore trop hébété par ce qui venait de se passer. Et son amie était morte. Ils l’avaient tuée ! Soudain, sans prévenir, la femme se saisit violemment de sa main. Mais que faisait-elle ? Elle la coinça sous sa botte et appuya fort. Luffi émit un grognement étouffé : elle lui faisait mal. Mais ce n’était encore rien. - AAAAAAAAAaaaargh ! Luffi cria de toutes ses forces. Son corps fut pris de tremblements, mais les mains continuaient de le maintenir fermement au sol. Il avait terriblement mal et voulait se dégager de cette maudite emprise ! La douleur était concentrée en un point précis, et sa seule envie était de rabattre sa main vers lui afin de comprimer cette souffrance qui en émanait. C’était effroyable ! Face à lui la femme avait repris la parole, imperturbable. Pour elle, ce n’était rien. Et elle était prête à recommencer. Indéfiniment. Luffi ignorait qui elle était, mais il savait sans aucun doute que ce groupe n’était rien d’autre qu’une bande de barbares. Difficilement, il ravala ses lames et murmura, en tremblotant : - ... Deux mille… La douleur était trop forte et il ne se remémorait pas les autres questions. Il n’osait pas demander à la dame de les répéter. De toute manière, il sentait ses forces l’abandonner. | |
![]() Le 08/01/2020 à 12:15:53 | - Foutu tunnel, c’est quand que tu t’arrêtes !... Hemarys râlait dans sa barbe (inexistante) des insultes inaudibles. Sa torche faiblissait à vue d’œil sans voir le moindre rayon de lumière. Déjà qu’il ne faisait pas « jour » à proprement parler au 3eme souterrain, elle n’était pas sortie de son tourment. - Attends… Je me suis quand même pas… ! La jeune femme ne finit pas sa phrase. Rien que l’idée même de se perdre dans cet endroit lui donner des sueurs froides. Les nains lui avaient dit de toujours prendre à droite pourtant… L’avaient-ils dupée ?! Impossible ! Elle n’aura pas laissé Spiritia aux mains d’imposteurs, ce n’était pas dans les habitudes des nains… si ? Elle ne les connaissait pas vraiment, ils venaient rarement faire commerce à Varnaël comme ils vivent loin dans les souterrains et ne connaissent rien d’autre. Ses efforts payèrent puisqu’enfin elle vit un linteau en pierre ressemblant à celui d’une porte. Cette dernière menait dans le sous-sol d’une maison abandonnée. Sur le qui-vive, elle n’osait pas sortir, les sons extérieurs paraissaient étouffés comme éloignés. Elle entrouvrit la porte d’entrée, enfin ce qu’il en restait… Rien. Que des arbres à perte de vue et au loin… une immense tour qui se perdait dans la brume à son sommet. Hemarys regarda autour d’elle et ne vit que d’immenses remparts un peu abîmés par endroits. Elle eut du mal à retenir son cri de joie : - Oui !... Je suis dedans. Son cœur battait la chamade. La mission ne faisait que commencer et le plus dur était à venir. Elle allait devoir passer des jours, même des semaines à arpenter les coins sombres et à écouter aux portes pour en apprendre le plus sur le camp pour en informer au plus vite ses camarades. Le temps était compté et le 1er jour du mois de Nárië arriverait plus vite qu’elle ne l’imaginerait… * ** Quelques semaines sont passées. Hemarys avait obtenu de précieuses informations sur le fonctionnement du camp, mais quelque chose la perturbait au plus haut point… Et ce jour-là, elle essayait d’en apprendre plus, quitte à mettre sa couverture en danger car cet élément pourrait renverser le cours de la bataille à venir. La jeune femme s’était dirigée très près du Perchoir, cette grande tour au centre de la ville, sous l’œil aguerri de sa compère Trisla qu’elle avait retrouvée lors de ses vagabondages furtifs. Même si cette dernière était loin derrière Hemarys, enchaînée dans sa prison, elle pouvait sentir le poids de son regard sur ses épaules. Cette tentative était vraiment dangereuse, nul de savait ce qui se tramait dans cette tour, et tous les soldats semblaient en avoir peur et avaient du mal à le cacher. Elle avait entendu des rumeurs de « monstre » et Trisla avait été traînée dans cet endroit pour des tests disent-ils de « nature magique ». D’autres dragons asservis n’étaient plus jamais revenus de leur passage au Perchoir. Que pouvait-il bien se passer là-bas ? S’il y avait vraiment un monstre, était-il sous le commandement Imperial ou retenu captif contre son gré ? Ou pire ! Incontrôlable ? Cela pourrait être fatal pour l’assaut prévu. Hemarys ne voulait pas partir de la ville tant qu’elle n’en savait pas plus sur la nature de cette menace. D’où son absence au point de rendez-vous fixe il y a de cela quelques jours. Elle espérait juste que ses camarades n’attaqueraient pas de front sans une stratégie viable. La jeune femme attendant silencieusement derrière un tas de vieux barils qui traînaient près d’un poste de garde non loin du Perchoir. Elle espérait qu’un groupe de soldats passent et discutent des sujets qui l’intéressent. Des heures passèrent, rien. Hemarys soupira : - Allez, même pas un pauvre garde de seconde zone ? Elle était sur le point de changer de position quand soudain, un cri étouffé se fit timidement entendre. Elle se tourna en direction du bruit, il venait de derrière les remparts de l’est. Des zombies ? Cela faisait longtemps que personne n’avait été pris en grippe par une horde de zombies ou autres morts-vivants de ce souterrain. Ou bien se pourrait-il que ?... Elle devait en avoir le cœur net. Elle se faufila jusqu’à la maison abandonnée en évitant les troupes ennemies alertées par l’élément perturbateur, pour reprendre le tunnel qu’elle connaissait par cœur maintenant au bout de semaines d’aller-retours pour se ravitailler tant bien que mal. Elle courut dans les tunnels pour arriver au plus vite à son autre extrémité. Puis dès sa sortie, prit la direction qu’elle pensait être à l’origine du bruit. Elle pria pour que ça ne soit pas eux et si c’était le cas, elle pria pour qu’ils ne soient pas découverts par les soldats alertés. Quelques pas de plus et… elle tomba sur la scène d’un homme à terre la main en sang sous le joug de ses camarades eux-mêmes surpris de la tournure des événements. L’expression d’Hemarys faisait transparaître un « Mais qu’est-ce que vous faites ?! » clairement sur son visage. | |
![]() Le 21/01/2020 à 00:06:07 | Dépitée Tor l'était réellement. Les cheveux parsemés de feuilles et de petites branches elle resta un moment allongée au sol, reprenant péniblement et honteusement ses esprits. La tête de son amie apparu dans son chant de vision juste au dessus d'elle, le regard profondément moqueur. Ramenant son bras sur ses yeux Tor grogna - Je sais...je sais ! J'ai pas vu la branche... Balthyla soupira et d'un coup de museau s'assura que Tor n'était pas blessée, du moins ailleurs que dans son orgueil. - Aller...il faut retourner voir ce qu'il se passe. J'espère que les éclaireurs ont été attrapés. Dommage...cela faisait tellement longtemps qu'on avait pas chassé... Tor se releva en grimaçant et tout en craquements. - Soit plus vigilante la prochaine fois...la sermonna son amie. - et blablabla reprit Tor. Oubli ça s'il te plait et poursuivons le pourquoi du nous sommes ici... Errant prudemment pendant ce qu'il leur sembla une éternité (leur sens de l'orientation étant déplorable voir légendaire), elles retombèrent sur leur armée. Un attroupement s'était fait, mais il y régnait un intense silence. Au moins maintenant tous étaient bien plus discrets. Tor agrippa quelques mercenaires qu'elle envoya en grommelant surveiller efficacement les alentours. Bon sang ! Avec tout le raffut précédent espérons que rien n'ait filtré au travers des bois. Mieux valait s'en assurer rapidement et surveiller leurs arrières. Il y avait là-bas une nouvelle venue que Tor et Balthyla avait déjà croisée dans le passé. Mais leur mémoire leur jouait des tours à cause de leur embrassement pour les ténèbres et de ce fait elles ne s'en souvenaient pas bien. Mais comment et quand celle-ci était arrivée ? Elle semblait confuse et peut-être un brin impatiente ou inquiète. Derrière elle ce qui semblait un éclaireur au vu de sa tenue était en piteux état, très pâle, inconscient et plein de sang. Elyra, un brin pâlotte aussi, et Gwaihir se tenaient à côté. Tous avaient l'air perdus. Soupirant Tor se frotta la tête là où elle s'était pris la branche un peu plus tôt, histoire de remettre ses idées en place, mais ce fut Balthyla qui la devança, et d'un côté elle se dit que cela était mieux, elle était plus sociable et bien plus diplomate. La dragonne s'avança doucement vers Elyra et capta les tremblements de la dragonnière. Fatigue, excitation, crainte...? Tout cela à la fois peut-être. Il était compliqué de couper un chasseur de sa proie, et en général la dragonne ne le faisait jamais. C'était la règle. Elle ne souhaitait pas y déroger, mais... - Je pense qu'il ne pourra rien dire maintenant, il est inconscient. Évitons qu'il ne meurt sans avoir répondu à nos questions, qu'en penses-tu ? Nous devrions dans un premier temps arrêter le saignement. La dragonne se tourna vers Tor qui regarda autour d'elle mais les gens lui rendant son regard elle comprit qu'elle n'y échapperait pas. De mauvaise volonté elle s'avança vers l'éclaireur en maugréant tout bas et trainant des pieds. Arrivé à petite distance elle lança un regard interrogateur à Elyra qui lâcha lentement prise et se recula, laissant le chant libre à Tor. L'humaine avait l'habitude de tuer, mais torturer était une autre paire de manche, il fallait être fort pour le pratiquer. Elle savait que la dragonnière et son dragon avaient fait cela pour le bien de tous et cela ne la décontenançait pas. Elles les admiraient ! Mais devoir soigner une proie...c'était bien une première! Soigner elle savait le faire car elle avait du se soigner elle et sa dragonne tellement de fois...passer près de la mort et être seule sans secours, loin de tout...mieux valait être bon guérisseur. Maudite dragonne, qu'est-ce qu'elle ne lui faisait pas faire encore...Se vengeait-elle car leur course poursuite avait été stoppée par sa faute ?!Et cette fichue branche ! Fichu pays ! Serrant les dents elle lança un regard noir à Balthyla, mais mit cœur à l'ouvrage et commença à prodiguer les premiers soins. Elle allait lui montrer ce dont elle était capable ! Non mais ! Un membre de leur armée, un petit homme au ventre rebondit et au crâne dégarni l'aida patiemment dans sa tâche, fournissant du matériel de qualité. Eh oui, il fallait bien des guérisseurs puissant dans cette armée ! Et celui-ci en avait peut-être pas l'air comme ça, mais il savait y faire. D'un air satisfait Balthyla se tourna alors vers la nouvelle venue, qui semblait très impatiente. - Vous n'étiez pas au rassemblement. Balthyla en était certaine. - Qui êtes-vous et qu'avez-vous à nous dire de si urgent ? Faites vite nous ne pouvons rester ici plus longtemps. Qui sait si nous n'avons pas été repéré avec tout ces mouvements... | |
![]() Le 24/01/2020 à 12:52:21 | Deux mille ? Deux mille soldats ? Non, impossible. Il mentait. Comment pourraient-ils rivaliser, eux, à peine cinquante, contre deux mille soldats entraînés ? Ou alors, il devait se tromper. C’était peut-être le nombre de civils dont il parlait. Forcément ! Avec une brutalité dictée par la panique, la jeune femme saisit l’espion par l’épaule pour lui demander plus de précisions. Ce fut seulement à ce moment-là qu’elle vit ses yeux brillants. Oh, merde. Des larmes maintenant ! Elle aurait préféré cris et injures, qui auraient rendu les choses plus faciles. Elle se contenta de fixer l’homme bêtement, la gorge nouée. Deux mille ? Il mentait ! Il mentait... Ou peut-être pas. Urcendia n’était pas si grande, mais c’était le seul avant-poste vers le Cinquième. Urcendia n’était pas si peuplée jadis, mais les années avaient passé. Les groupes d’impérialistes qui patrouillaient au Troisième et Quatrième étaient aisément éliminés, mais toujours remplacés. Deux mille... C’était finalement peu, pour une armée... Mais c’était beaucoup, pour trente hommes... Deux mille... Peut-être n’avait-elle juste pas cerné l’ampleur de la tâche ? Ou pas voulu la voir. Complètement perdue, elle fut tirée de son embarras par Balthyla. De la jolie dragonne émanaient sérénité et sagesse. Après un cours temps d’hésitation, obéissante, Elyra desserra ses doigts crispés et libéra l’homme. Affichant un sourire désolé, elle se leva et laissa la place à Tor. Obtenir plus d’informations. Soigner le prisonnier – le futur mort ! Tor elle-même n’avait pas l’air très convaincue, mais se mit pourtant à l’œuvre. Gwaïhir laissa échapper un grognement contrarié en la voyant éponger le sang de l’ennemi, mais se soumit à la dragonne et ne dit rien. Elyra non plus. Qu’il vive, qu’il meure, qu’il parle ou pas... Cela ne changerait rien. Ils couraient tous au massacre. Urcendia n’était qu’une ville parmi d’autres. Si les balistes empêchaient les dragons d’approcher... Si chacun des escaliers était surveillé de la même manière... S’il y avait d’autres avant-postes entre eux et Ithil... L’espoir de ces derniers mois avaient été vain. Jamais ils ne sortiraient du Troisième Souterrain. Jamais ils ne reprendraient la Capitale. Quand elle détourna son attention de Tor, Elyra réalisa qu’une nouvelle venue avait accaparé l’attention du groupe. Et pour cause : la plupart étaient absents lors de la toute première réunion du Sénéchal et avaient tiré les armes à son approche. Heureusement, la dirigeante de Varnaël était connue et les esprits s’apaisaient peu à peu en comprenant qu’elle était une alliée. Sous le feu de ses yeux verts, Elyra recula un peu plus dans l’ombre, mal à l’aise. Elle tenait toujours son poignard à la main et le rengaina en en prenant conscience. Ainsi, Hemarys était rentrée en vie de sa mission d’espionnage. Seule, mais vivante. Avec des informations cruciales, tout le monde l’espérait. Nerveusement, la jeune femme porta la main à sa poche et effleura le petit paquet de cuir acheté au marché noir. A quoi bon des nouvelles ? En vérité, ces papiers étaient peut-être sa seule chance de revoir un jour la Surface. Sa seule chance de rester en vie. Tout autre combat était déjà perdu. | |
![]() Le 24/01/2020 à 14:37:27 | « Vous n'étiez pas au rassemblement. » La remarque de la dragonnière remit les idées d’Hemarys en place. Elle se redressa, se racla la gorge avant d’entamer les présentations. - Pardon pour cette interruption, mais je dois avouer que vous n’êtes pas passés inaperçus à Urcendia. Je suis Hemarys Wick, et j’étais en infiltration chez notre ennemi. Elle marqua une pause pour toiser le groupe d’un regard perçant. - Forte heureusement, la majorité des soldats ont pensé à une attaque de zombie et certes, sont alertés, mais ne soupçonnent pas ce qui se trame. Elle regarda le pauvre éclaireur gisant au sol, qui reçut les premiers soins par la dragonnière dont elle ne se rappelait plus le nom. Elle se massa la nuque, gênée par la situation. - Aussi… Il va falloir faire attention contre qui nous combattons, car une partie des soldats d’Urcendia sont des habitants de la ville forcés à combattre sous la bannière de l’Empire. Maintenant ce qui est fait est fait, je ne sais pas si vous avez pu savoir de quel camps il était ?... L’absence de réaction venue de ses convives en disait long sur l’étendue de la situation. - Est-ce vrai ? Avons-nous vraiment affaire à deux mille soldats ?! s’exclama un homme dans la foule. La mine d’Hemarys s’assombrit, elle répondit le ton grave. - Oui, c’est vrai. C’est pour ça que nous devons la jouer fine, ou nous ne passerons même pas les remparts… La jeune femme s’avança vers le groupe et entama de raconter les informations qu’elle avait glanées durant son infiltration courte mais productive. La ville comptait bien deux mille soldats. Mais parmi eux des anciens Urcendiens, en petit nombre mais tout de même présents. Le bataillon est dirigé par un général du nom de Moufkor et secondé par une femme du nom de Vira. L’organisation est orchestrée et réglée comme une horloge. Les quartiers du général se trouvent à l’Est de la ville, dans un quartier anciennement paisible au Nord-Ouest se trouve une vaste caserne où s’organisent des opérations militaires. Au centre de la ville se trouve le Perchoir, cœur même de l’organisation militaire. Des expériences sur la magie y sont également menées et des dragons sont pris pour cobayes. Elle explique qu’au début il y avait 5 dragons dont Trisla mais que 2 avaient mystérieusement disparus. Une rumeur court également qu’une créature est cachée en bas de cette tour et qu’elle n’y était pas avant l’invasion. La jeune femme raconte comment elle est passé par un tunnel régit par des nains alors connus de Lycinia et Spiritia mais dû à des conflits antérieurs elle avait dû passer seule pour arriver dans une cabane au milieu d’une petite forêt au Sud-Ouest de la ville. D’autres moyens d’entrer sont potentiellement envisageables puisque des convois vont et viennent quotidiennement de la Surface. De plus, les monstres qui peuplent le souterrain sont plus agités qu’avant et attaquent plus fréquemment les remparts de la ville. C’est pour cela que la garde avait été doublée et que des patrouilles étaient plus nombreuses aux alentours des remparts. - Voila. Si vous avez des questions, c’est le moment. Pour ma part, je pense qu’avec ces monstres nous pourrions nous faire une bonne diversion pour ensuite prendre d’assaut une partie de la ville peu protégée comme le Sud-Ouest ? La jeune femme se posa face à la troupe atypique qu’ils avaient réussi à réunir tant bien que mal, en attente de suggestions. | |
![]() Le 02/02/2020 à 16:11:52 | La bataille n’avait même pas commencé que la situation leur échappait déjà. Dahokan, qui n’avait pas perdu un miette de la scène, laissa échapper un léger soufflement exaspéré. Les rebelles étaient dispersés, confus et ne parvenaient pas à s’organiser. Ils devaient trouver une solution rapidement, sous peine de voir la révolution tuée dans l’oeuf. Mais comment faire ? Leur seule figure d’autorité, le Sénéchal, semblait se désintéresser de la situation. Il agissait tel un idéaliste, pour qui le mot avait valeur d’action, sans jamais s’interroger sur le plan à mettre en place pour arriver à leurs fins ! Dahokan n’aimait pas préjuger des inconnus, mais il devait reconnaître que le Sénéchal n’était pour le moment pas à la hauteur de son rôle. Pourtant, quelque chose en son for intérieur le laissait présager que le vieux roublard n’avait pas encore joué toutes ses cartes. Mais qu’attendait-il pour leur venir en aide ? De sa position légèrement en retrait, Dahokan avait observé l’interrogatoire de l’éclaireur. Ses yeux n’avaient pas quitté le corps d’Elyra. Autrefois, ils avaient combattu côte-à-côte et le saurien avait rapidement réalisé que nul adversaire ne serait plus redoutable pour elle que celui qu’elle affrontait constamment, tapi à l’intérieur de son coeur. La voir agir ainsi -torturer l’ennemi- ne participa en aucun point à son réconfort. Mais qui était-il pour la juger ? Au vu de la situation et des temps troublés que la jeune femme avait du traverser, elle n’avait peut-être pas d’autres solutions que celle qu’elle venait d’adopter. Heureusement, et à la surprise de Dahokan, Balthyla et Tor prirent soin de bander la blessure. Le retour de Dame Hemarys était une bonne chose. Du moins, l’espérait-il. Avec elle arrivaient de nombreux renseignements qui, utilisés à bon escient, pouvaient certainement retourner le cours de la bataille -en supposant qu’une bataille aurait bien lieu. Car, à quarante contre deux mille, l’issue du combat était vite établie. Même en supposant que les dragons étaient au meilleur de leur forme -ce qui était loin d’être le cas-, le groupe aurait affaire à des tueurs spécialisés dans leur éradication. Les rebelles pouvaient-ils réellement remporter cette bataille ? Jusque-là en retrait, Dahokan fit un premier pas. Puis un deuxième. À sa grande surprise, une partie du groupe se retourna vers lui, comme si ces personnes se souvenaient soudain de sa présence. En eux, il sentit une vague d’espoir -ce qui le surpris aussi. De toute évidence, ces âmes égarées attendaient quelqu’un pour leur dire quoi faire : - Nous ne ferons pas de diversion. La voix ne provenait pas de Dahokan, mais de la cheffe des mercenaires. Elle avait parlé d’un ton ferme, inspirant l’autorité. Tous les visages se tournèrent immédiatement vers elle. La combattante alla au fond de son idée : - Nous ne sommes pas assez nombreux pour une attaque frontale. La solution viendra par la ruse. D’un geste du menton, elle désigna Hemarys et expliqua : - Comme tu l’as dit, nous devons la jouer fine ! Tu es venue par un passage secret ? Alors nous savons comment nous allons entrer dans la cité. - Les dragons pourront y circuler ? Demanda l’un des sauriens. Cette question fut accueillie par plusieurs avis divergeant, laissant place à un nouveau débat animé. Mais, contrairement aux échanges précédents, la militaire semblait avoir pris la main sur les échanges. Ils finirent par s'accorder sur un plan, qu’elle résuma une dernière fois à tous les combattants : - Rappelez-vous bien de notre objectif : nous ne cherchons pas à raser la ville. Nous ne cherchons pas à éliminer tous les soldats. Pour remporter cette victoire, nous devons éliminer le général ! Et, je vous préviens, ce ne sera pas facile ! La cheffe de guerre s’accroupit et dessina un plan de la ville dans la boue. Malheureusement, le brouillard ambiant ne permettait pas une grande visibilité, même si cette tâche avait le mérite d’aider la mercenaire à garder les idées au clair. - Nous devons donc nous rendre à l’Est de la ville. Toi, fit-elle en désignant Hemarys, tu mèneras le gros des troupes jusqu’à cette cache du Sud-Ouest. Ensuite, vous contournerez la cité par le Sud, jusqu’à vous rendre dans les quartiers du général, à l’Est. Votre mission sera de l'éliminer. Je veux sa tête sur une pique ! La combattante releva la tête et désigna Gwaihir : - Toi ! Tu prendras une équipe et mèneras une diversion sur la partie Nord. C’est à côté du secteur ultra-militarisé, mais ça devrait permettre à ceux à l’intérieur de circuler plus facilement. Surtout, attendez notre signal. Elle avait finalement accepté l’idée de la diversion. Toujours de son ton aussi assertif, elle s’adressa à Banvar et indiqua : - Toi, tu embarqueras tes hommes avec nous, dans le tunnel. Une fois à l’intérieur, mobilisez le plus d’Urcendites possible. Allez frapper aux portes et convainquez-les de prendre les armes. Toute aide sera nécessaire. Soyez très vigilants, tous ne vous suivront pas. Mais, au vu de notre nombre, la moindre lance à nos côtés peut faire la différence. - Enfin, mon groupe sera en charge de perturber le plus possible le fonctionnement de la cité. Plus les impériaux auront de bâtons dans les roues, plus il leur sera difficile de réagir à des attaques multiples. Parfois, il suffit d’un grain de sable pour enrayer une machine toute entière. La mercenaire se releva puis se tourna vers Tor : - Ton équipe sera en renforts, dans les tunnels. Nous ne savons pas comment la bataille va tourner, aussi ne pouvons-nous pas jeter toutes nos forces dès le début. Nous devrons compter sur toi pour nous venir en aide lorsque les choses dégénèreront... car elles dégénèrent toujours. Le plan avait été énoncé et les rôles distribués. Pour la première fois, les rebelles avaient un semblant d’organisation. Les révélations de Dame Hemarys s’étaient avérées précieuses. Dans l’ombre de cette conversation, Dahokan en ressassait une en particulier. Elle ricochait dans sa tête. C'était quelque chose qu'on avait dit, mais omis du plan. Au bas du Perchoir, une créature se cachait. Dans un élan qui dépassa sa volonté, le dragon voulut projeter l’aura de son âme vers le coeur de la cité. Mais seul la froideur de la pierre lui fit écho. | |
![]() Le 21/02/2020 à 21:03:32 | - Sans moi. Deux mots. Deux mots, un filet de voix, murmuré, que peut-être personne n’avait entendu. Presque personne. Les membres hétéroclites de leur petite troupe qui s'étaient resserrés autour de la meneuse des mercenaires commençaient à se disperser selon ses ordres, la plupart rejoignant Hemarys pour qu'elle les guide jusqu'au tunnel. Les visages se redressaient fièrement, les voix s'apaisaient, la tension ambiante disparaissait derrière la concentration qui précédait la bataille. Gwaïhir, lui, le dragon de vert et d’argent, se figea et baissa ses yeux vers sa dragonnière. Ces mots... il avait probablement mal entendu. Elyra poursuivit pourtant, un peu plus fort cette fois : - Ce combat, c’est de la folie... Il suffit qu’un homme donne l’alerte... Que la mort du général n’ait aucun effet sur ses troupes. Que... Elle se tut, baissa la tête et se frotta les yeux avec un soupir las. Trop de craintes. Inutile de les transmettre aux autres. Ses épaules se relâchèrent alors que sa décision s'affirmait. Du bout des doigts, elle ramena ses cheveux dans son dos et réajusta la bretelle de son sac. Puis elle se plaça face à son dragon, son compagnon, le seul à qui elle devait des explications. Il n'était plus si petit, réalisait-elle soudain en se tordant le cou pour apercevoir son museau. Il avait grandi. Il s'était musclé. Il devenait vraiment beau. Quel gâchis. Elyra redoutait ce moment depuis des jours. Et parce qu’elle le redoutait, parce qu'elle l’imaginait sans cesse, elle s’y était en quelques sorte préparée. Les mots étaient prêts à être prononcés et la réalité fut moins difficile. - Je suis désolée. Je sais que tu penses sauver les tiens en agissant ainsi mais je n’y crois plus. Je n’irai pas mourir là-bas, avoua-t-elle. Un gouffre. Les yeux noirs de Gwaïhir ressemblaient plus que jamais à un gouffre, dénués d’expression, dénués de sentiment. Faisait-elle le mauvais choix ? Non... Qu’elle reste ou qu’elle parte, cela ne changerait pas l’issue de la bataille. Mais pour elle, cela changerait tout. - Soit fort. Adieu. Le dragon ne dit rien, ni ne bougea. Alors avant de faiblir, la jeune femme se détourna de lui et se faufila entre tous les rebelles, vers l’opposé d’Urcendia. Une forme musculeuse lui barra la route avec un grondement. Okko. Son amie voulait-elle la retenir ? Ou seulement récupérer sa prime ? Faisant basculer son sac sur une épaule, Elyra y agrippa une bourse pas très lourde. La part de la tigresse. A vrai dire, moins que sa part. Mais elle n’avait pas plus à donner. - Il n’y a pas tout ce que tu avais demandé, mais je n’ai rien d’autre. Considère que j’ai manqué à ma parole, une fois de plus. Si tu vas te battre là-bas, ce ne sera ni pour l’or ni pour moi. Puis elle lança la bourse à Okko et sans un regard en arrière, s’enfonça à grande enjambées dans les bois, vers le sud. Le dragon n’avait pas bougé. Chaque parcelle de son corps, chaque muscle était complètement immobile. Aucun geste, aucune grimace, aucun bruit. Son regard ne laissait rien paraître des émotions qui pouvaient s’agiter à l’intérieur de lui. Elyra avait fui. Il l’avait regardée s’en aller sans la voir. Finalement, après un long silence, un frémissement parcouru son corps. - Atirie ! De nouveau animé par la vie, son long cou survola le groupe tandis qu’il cherchait du regard la cheffe des dragons sauvages. En la trouvant enfin, il redressa ses ailes et hérissa la ligne de piques osseuses qui suivaient toute sa colonne vertébrale. - Suis-moi, avec les tiens, ordonna-t-il d’une voix morte. Nous irons montrer à ces humains ce que valent des dragons sur le champ de bataille. La dragonne rouge dévoila ses crocs en un sourire carnassier. Il lui suffit d’un tout petit mouvement de tête pour que sa meute se serre autour d’elle, les yeux brillants. - Nous contournerons la ville par l’ouest, expliqua-t-elle, prenant les choses en main. Restez bien sous le couvert des arbres et soyez discrets. Si d’autres dragons veulent se joindre à nous, c’est le moment. Ensemble, nous nous assurerons que ces humains aient trop peur pour s’intéresser à ce qu’il se passe dans leur ville. Elle pointa successivement son museau sur la mercenaire, Hemarys, Tor et Banvar. - Vous ! N’oubliez pas que ces hommes ont sûrement empoisonné l’esprit des miens. Si vous trouvez la cause de cette maladie en ville, agissez en conséquence. *** Le temps n'avançait pas dans ce monde ci. Malgré les heures qui s'égrainaient, la pénombre régnait toujours en maitre, invariable. Et sous le couvert des arbres, même la mousse lumineuse ne parvenait pas à procurer une vraie lumière. Les arbres, les feuilles, les dragons… tout prenait une délicate teinte de cadavre. Avec l'avancée du jour, la température avait néanmoins augmenté. A peine… mais suffisamment pour que la brume se transforme en gouttelettes qui empoissaient feuilles et écailles. L’humidité seule interrompait le silence pesant. Le gargouillis des marais. Le goutte à goutte de la brume condensée. Un frisson. Comme une ondulation du sol sous les arbres quand le tapis d'écailles prit vie. Comme un seul corps, dont la tête se tendit vers les murailles. Le signal. Les ailes frémirent. Les griffes raclèrent le sol. Les crêtes se hérissèrent. Derrière la dragonne rouge, tous suivirent. Immenses et pourtant aussi discrets que des félins, ils se glissèrent entre les lianes épaisses et les flaques de tourbes. La première, Atirie émergea dans l'étroite clairière qui séparait la forêt des remparts. La lueur de la ville se reflétait dans ses yeux couleurs de flammes. - Souvenez-vous, nous devons les éloigner du quartier Est. Restez-bien groupés sur la face nord. - Et soyez prudents avec les balistes, ajouta Gwaïhir. Elles peuvent jeter d’énormes flèches et pierres sur vous. Les dragons commencèrent à se déployer en éventail. Déjà, ils étaient repérés. Et sur les minces murs crénelés apparaissaient peu à peu des dizaines de corps armés. | |
![]() Le 12/04/2020 à 16:50:09 | Le tintement de la cloche retentissait dans l’ensemble de la Cité Phoenix. Au diapason de son rythme effréné, les soldats se déployaient au pas de course. Rapidement, des cris de guerre purent retentir des remparts : aujourd'hui, on allait casser du dragon ! C’était inespéré. Déjà, des rires mauvais s’échappaient de la gorge de certains soldats. Cette fois, il ne s’agissait pas d’un vaurien isolé, mais bien de toute une ribambelle. Ces lézards géants s’étaient regroupés pour frapper en groupe. Un acte désespéré pour une race au crépuscule de son existence. D’une voix forte, les officiers lançaient leurs ordres à la volée. Hors-de-question de sous-estimer l’adversaire. L’Imperium d’Elkonar ne s’était en aucun cas construit sur la négligence. Chaque bataille avait été menée comme si c’était la dernière. Chaque adversaire avait été minutieusement étudié. Chaque combattant avait prêté serment : servir ou mourir. La guerre était leur raison d’être. Le combat : leur vocation. Une poignée de dragons se jetait sur leurs défenses ? Bien, que l’on envoie les unités aux points stratégiques, que l’on prépare les mécanismes de défense et que l’on se tienne prêt ! Bientôt, la mort allait pleuvoir sur leurs adversaires ! - Soldats, en position ! La voix forte avait couvert le son des cloches et le bruit des souliers qui se déplaçaient sur la pierre humide. Il ne s’agissait pas d’une attaque anodine, aussi la Générale Vira avait décidé de mener la défense elle-même. Il était rare de voir autant de dragons massés les uns avec les autres. Ces lézards manigançaient quelque chose. Elle en avait affronté trop pour croire à une attaque aussi suicidaire que stupide. Mais elle avait souhaité voir personnellement de quoi il retournait. - Souquez les arquebuses ! Les dragons approchaient. Vira pouvait entendre le bruissement caractéristique de leurs ailes. Un signe de tête en direction de son adjoint suffit à transmettre ses ordres. Les projectiles de la moitié des balistes du mur Nord furent enduits d’huile et les torches allumées. Tous le savaient : ces premiers tirs seraient inutiles, surtout dans la bruine actuelle. Mais ils éclaireraient à minima le champ de bataille. Les fiers soldats de l’Imperium étaient préparés à cela : tuer des dragons était leur métier. L'officier qui secondait Vira abaissa le bras. À son signal, une demi-douzaine de balistes libérèrent leurs projectiles sur les dragons qui, comme anticipé, évitèrent la première salve. Les pierres vinrent se ficher dans le sol spongieux du marais. Quelques une s’éteignirent, mais d’autres restèrent allumées, indiquant une position au sol. Dans la foulée, une deuxième salve, constituée d’objets tranchants, s’abattit sur les dragons. Les soldats avaient anticipé les trajectoires modifiées de leurs adversaires. De manière fatidique, plusieurs dragons furent touchés. Un dragon eut l’aile perforé : le projectile lui déchira a membrane. Le malheureux poussa un cri de douleur, avant de piquer subitement ! Il vint s’écraser dans la boue, meurtri. Par chance, sa blessure n’était pas fatale, mais il avait la frustration de se savoir hors-jeu pour cette bataille. L’un de ses camarades n’eut pas cette chance. Touché en plein cou, il s’immobilisa instantanément. Dans un gargouillé étranglé, il disparut dans le brouillard. Pour autant, les forces d’Atirie ne se débandèrent pas. Les dragons approchaient des murs de la cité. Déjà, une troisième salve se préparait à leur être envoyée. Ce serait la dernière. * * * Ce n’était pas le seul combat qui se livrait-là. À moins d'une lieue d’Urcendia, dans l’immense feuillage de la forêt marécageuse, une jeune femme avançait d’un pas décidé, son sac sur les épaules. À la vue d’une imposante silhouette argentée, elle fut contrainte d’interrompre sa course. Le Sénéchal se tenait face à Elyra. De son regard métallique, il l’observait. Était-il en train de la juger ? Ses yeux rivés sur elle n’en laissait rien paraître. Pas plus que sa bouche close. Quant à sa posture, elle traduisait la passivité la plus totale. Il paraissait attendre quelque chose d’elle. L’instant revêtait quelque chose de magique. À moitié enfoui dans la bruine environnante, le Sénéchal paraissait quelque peu irréel. Ce moment suspendu sembla durer une éternité. Pourtant, le vénérable dragon n’avait toujours rien dit. Une seule chose était sûre : son silence était assourdissant. | |
![]() Le 10/05/2020 à 18:05:27 | [HRP] Je me permets de poster, avant de partir en déplacement, je pense que je n'aurais pas le temps d'écrire au cours des deux prochains mois. Je ne sais pas vraiment si d'autres dragons sont partis se battre avec Gwaïhir. Si mon message ne convient pas, vous me dites et je le réécrirais, ou vous ne le dites pas et postez comme s'il n'existait pas, je me ferai un plaisir de corriger après coup. [/HRP] Quelque part dans la forêt… Au moment où la petite armée loyaliste s’apprêtait à frapper Urcendia, une femme seule parcourait les marécages. Alors que son dragon imaginait les humeurs dépressives qui pouvaient l’habiter, une tempête d’émotions auréolées de cris se bousculaient effectivement dans sa tête. Mais dedans, nulle trace de chagrin. En vérité, pour l’essentiel, Elyra brûlait de fureur. A présent qu’elle avait mis une distance raisonnable entre elle et les troupes impérialistes, la déserteuse ne se souciait plus de la discrétion. Elle avançait à grandes enjambées, sinuant entre mares de boue et troncs épais. Son regard scrutait les ombres à la recherche d’ennemis. Dès qu’elle se trompait de chemin, son pied s’enfonçait dans une de ces lourdes flaques de tourbe et elle l’en arrachait avec brutalité sans même ralentir. Depuis peu, elle avait bifurqué vers l’est : sa priorité était de sortir de la forêt et de rejoindre la route. Et de là, filer tout droit jusqu’à l’escalier nord. Quelle que soit l’issue de la bataille d’Urcendia, l’accès aux plans supérieurs serait fermé dès que les impérialistes en auraient eu l’écho. Si Elyra voulait une chance de rejoindre la Surface, elle devait y arriver avant. Sinon, tout ça n’aurait servi à rien. Malgré les rumeurs d’une faune agitée dans le souterrain, pour l’heure, rien ne bougeait. Aussi la jeune femme ressassait-elle à loisir les derniers évènements. Oh oui, elle était furieuse. Furieuse contre ses compagnons et leur code de l’honneur stupide, furieuse contre le Sénéchal qui les menait tous à la mort sans réfléchir, furieuse contre les urcendites qui avaient osé se rallier à l’ennemi. Furieuse contre Gwaïhir, qui l’avait laissée partir sans rien dire. Et surtout, surtout, furieuse contre ces maudits impérialistes, qui avaient enlevé Atsami à ses propres habitants, répandu le sang d’innocents plus que n’importe quel dragonnier ne l’avait jamais fait, divisé les survivants et réduit leur existence à une misérable survie rampante dans les tréfonds sans lumière du pays. Elle les détestait. Et cette haine, combinée à sa colère, formait un courant d’énergie formidable qui la propulsait vers la Surface. Derrière ces sentiments, il y avait la peur aussi. Elle coulait dans ses veines et aiguisait son regard. Désormais, Elyra était seule. Sans ami. Sans allié. Sans dragon. Pourtant, la peur était doublée d’une étrange sérénité. Comme si pendant des semaines, la jeune femme avait été trainée poings et pieds liés vers un destin inéluctable, la mort, un mur de néant. Et tout à coup, elle était libre. Elle avait reprit le contrôle. Devant elle s’étendait une multitude de chemins semés d’obstacle. Mais au-delà, elle apercevait la promesse d'un avenir. Seule. Traitresse. Et plus dragonnière. Pas le plus joyeux des avenirs, mais au moins, il avait le mérite d’exister. Et puis, elle était jeune. Une fois la mort évitée, elle aurait bien du temps pour redonner du sens à sa vie. Une tâche claire, sous les ombres. Le temps de faire deux pas, Elyra avait fait glisser son arc de son épaule et encoché une flèche. Le temps d’un troisième, elle avait mis en joue... Elle pila. Face à elle, un ennemi, un inconnu, un monstre immense... Le Sénéchal. * ** Urcendia, face Nord Il fallait exercer une pression constante sur les soldats en haut des murailles, tout en esquivant les projectiles. Kerlym excellait à ce jeu là. Il était bien trop petit pour être une cible facile et virevoltait en l’air avec une agilité redoutable. Sa fougue qui insupportait tant les autres d'habitude était toute concentrée dans la bataille. Le premier, son jet de flammes frappa les hommes sur les murailles. Au sol, Gwaïhir ne se débrouillait pas trop mal non plus. Il évita sans peine la première salve, se coulant entre les boulets comme un courant d'air. Mais pour attaquer, il serait obligé de s'envoler et pataud comme il était, perdrait son avantage. Il mourait d'envie de tuer des hommes – kosj pothoc munthrec* ! - et la rage qui dévorait ses veines aurait facilement pû lui faire oublier toute prudence. Il devait se contrôler. Oublier Elyra. Gagner du temps pour Hemarys et les autres. A quelques mètres de lui, Atirie murmurait quelque chose à l’énorme dragon bleu. - Protégez-le, ordonna-t-elle en s'envolant. Une dragonne couleur de soleil obéit et rejoint le monstre. Ce dernier se positionna face à l’une des balistes. Et il commença à inspirer. C'était une inspiration lente et infinie. Sa cage thoracique, son estomac, son corps entier semblèrent enfler avec un bruit d'orage. Entre ses griffes, le sol bouillonna. La brume devint plus dense. Un humain qui se serait tenu à côté aurait senti la température augmenter jusqu’à devenir intolérable. Autour de lui, la dragonne tournicotait, éliminant d'un jet de feu toutes les flèches qui auraient pû le menacer. Boum ! Un énorme projectile s'écrasa derrière Gwaïhir et explosa en mille éclats de feu. Rieur, le saurien fit volte-face sur une patte et cabriola au dessus. Ridicule. Ces humains espéraient-ils vraiment vaincre des dragons par les flammes ? - Nooon ! Au hurlement d'Atirie, Gwaï avait tourné la tête. Moins chanceux que lui, un de ses compagnons se tortillait de douleur en s'enfonçant dans les bois, lui rappelant à quel point il sous-estimait le danger. Oui, les humains voulaient vaincre et seraient sans pitié. Elyra avait peut-être raison ? Peut-être… Son corps se ramassa, concentré de force. Peut-être pas ! Les balistes étaient lentes à recharger, c'était l'instant où jamais… Il fallait en profiter ! Il bondit et ses ailes s'étendirent un instant, le propulsant à hauteur des remparts. Sa gueule s'ouvrit, crachant un jet de flammes mortelles. Malheureusement, au même instant, une volée de flèches fila vers lui. Alors qu'il aurait voulu battre des ailes pour se rapprocher de sa cible, au contraire, il les replia contre ses flancs et chuta comme une pierre. Les flèches sifflèrent, inoffensives, loin au dessus de sa tête… et son feu s'écrasa sur les murailles, inutile. Mais dans un mouvement réflexe, la longue queue hérissée de piquants balaya les remparts. Gwaï eu la satisfaction de sentir un choc mou. Il avait touché une cible, quelle qu'elle soit. Ses pattes s'enfoncèrent lourdement dans le sol détrempé. Le grincement qui survolait les remparts s'acheva dans un claquement sec. Les balistes étaient à nouveaux armées. - Dégage, hurla Kerlym en le survolant à toute vitesse. Prudemment, le dragon vert obéit. Ses longues jambes se mirent à l'action pour l'éloigner des murailles. En galopant il gardait son cou tourné vers l'arrière pour guetter l'arrivée des dangereux projectiles. Boum ! Boum ! Crac ! Un autre dragon était touché. Cette fois, c'était le dragon bleu. Son épaule avait explosé sous le choc et répandu des écailles tout autour de lui. Mais malgré la plaie sanglante et le lambeau de chair qui pendouillait, il ne broncha pas et continua à inspirer. Plus que tout le reste, son immobilité terrifia la meute. Quelle était donc cette maladie horrible, qui rendait un être vivant insensible même à sa propre douleur ? Gwaï était pétrifié. Et si Elyra avait raison ? Si les impérialistes décidaient de se battre jusqu’à la mort ? Combien de temps faudrait-il pour que leur armée supérieure en nombre et protégée derrière les remparts vienne à bout des loyalistes ? En trois vagues, ils avaient mis à terre presque la moitié des attaquants. Où en était Hemarys ? Et Tor ? Et Banvar ? Le bruit d'orage se tut, le ramenant à l'instant présent. Toujours immobile, l'immense dragon bleu avait clos sa gueule et son regard éteint était fixé sur la baliste en face de lui. - Vas-y, murmura Gwaïhir sans s'en rendre compte. L'excitation avait soudain remplacé l'horreur. Kerlym et Mélinée, la dragonne orangée, s'étaient posés juste à côté de leur compagnon. - Vas-y, grondèrent-ils dans un même souffle. Atirie se posa sur le dos du dragon et rugit elle aussi : - Vas-y ! Et l'orage se déversa. Un torrent de flammes, si chaudes qu'elles en étaient presque bleues, ravagea le pan de rempart face à la créature. Il y eut des craquements. Bois ? Pierre ? Des humains hurlèrent. Méprisant toute prudence, les jeunes dragons s'envolèrent tous en même temps et se jetèrent dans le cône de flammes, feu parmi le feu. - Protégez les côtés ! Gwaïhir choisit l'ouest. Serres en avant, il surgit des flammes, visant l'une des balistes épargnée jusqu'ici. * ** Quelque part dans la forêt… Le silence était assourdissant. Stupéfaite, Elyra avait baissé son arme. Ses yeux papillonnaient du dragon aux sous-bois. Etait-il venu seul ? Qu'attendait-il d'elle ? "Pourquoi ne parle-t-il pas ?" On pouvait fréquenter des dragons pendant des années sans jamais vraiment s'y habituer. Se retrouver face à l'un d'eux restait impressionnant. D'autant plus quand on était seule, la conscience tourmentée, et que le dragon en question était des plus majestueux. Et le Sénéchal était majestueux. Majestueux… et terrifiant de grandeur. Une de ses pattes aurait écrabouillé la jeune femme sans problème et elle était sûre de pouvoir entrer toute entière dans sa gueule. "Qu'est-ce qu'il me veut ?" Après de longues secondes –minutes ?- de face à face, le corps de la chasseresse se décrispa, convaincu qu'elle n'avait pas besoin de s'enfuir. Elle rangea son arme et se décida à avancer vers le monstre. S'il avait voulu la tuer, ce serait probablement déjà fait. Et de toute manière, elle ne pouvait pas retourner en arrière, alors… A pas prudents, la jeune femme s'approcha du saurien. Elle dut se casser la nuque pour essayer de croiser son regard glacé. Voyait-il sa colère ? On disait que les dragons pouvaient lire le cœur et l'esprit des humains. Elle, en revanche, ne lisait rien du tout. Depuis le début, les émotions du Sénéchal étaient impénétrables. - Vous devriez être là-bas pour vous battre. C'est vous qui les avez conduit ici, cracha-t-elle. Toujours pas un mot. Les émotions d'Elyra reprirent le dessus et elle fronça les sourcils. Ah oui, c'était facile ! Ne rien dire, ne rien faire, prendre l'air brave et laisser les autres s'agiter ! Puis profiter de sa taille pour faire peur aux gens. Ce dragon n'avait rien d'un commandant ! "Je ne retournerais pas là-bas ! Je n'y retournerai pas !" Les voix hurlaient dans sa tête et un tremblement traversa la jeune femme. Honte. Peur. Colère. L'esprit de l'humaine s'affolait alors que le Sénéchal ne pipait mot. "Je n'y retournerai pas !" Non, assez, c'en était fini de cette faiblesse et de ces hésitations. "Ils sont condamnés." Détermination. "Ils sont condamnés et ma présence n'y changera rien." Certitude. Le frisson était passé. Les larmes rebroussèrent chemin tandis que le cœur de l'humaine retournait à son rythme normal. - Ils vont tous mourir, exposa la fuyarde. Elle avait légèrement bégayé, mais c'était terminé à présent. Elle s'éclaircit la voix. - Pas moi. Laissez-moi passer. Elle baissa les yeux. D'énormes racines se tortillaient hors du sol comme autant de serpent. Prudemment, la jeune femme recula d'un pas et reprit d'une voix apaisée : - S'il-vous-plaît. *** *"Petits humains stupides", juron préféré du dragon et surnom dont il a longtemps affublé son humaine. | |
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