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![]() Le 03/07/2012 à 14:45:11 | TERNOCK ACHIUSK PREMIÈRE PARTIE : GANIM VS'SHTAK CHAPITRE PREMIER : ÂMES HÉROÏQUES « La détermination et le courage sont ce qui transforme un homme ordinaire en véritable héros. » (Frameric Ferito) Le groupe arriva enfin au sommet de la colline, à la lisière de la forêt. En contrebas, plusieurs chaumières étaient visibles. L'un des hommes s'arrêta et dit dans un soupir : - Nous y sommes enfin. Le groupe entier rit aux éclats et reprit la route vers le village, chaque membre portant les gibiers qu'il avait réussi à tuer ces deux derniers jours. Au fond de la vallée, il était possible de voir les derniers rayons de soleil avant que celui-ci ne soit entièrement couché. Quelques feux de bois parsemaient le village et de la fumée s'échappait des cheminées. Le chef des chasseurs, Lancelin, se sépara de ses camarades après les avoir félicités pour la chasse du jour. En chemin vers sa bâtisse, Lancelin se passa la main dans la barbe, signe chez lui d'une intense réflexion. Le lendemain sera le dernier jour de ce mois de Súlimë, donc du monde affluera des villages alentours afin de célébrer l'arrivée de la nouvelle saison. Déjà, les préparatifs des festivités devenaient visibles dans l'enceinte du village. Le chasseur espérait que les recettes de la vente de gibiers seraient assez importantes. En temps normal, il ne se serait pas inquiété des bénéfices de sa chasse, mais celle-ci avait été un peu moins bonne qu'à l'accoutumé étant donné que l'un des leurs s'était blessé la semaine précédente et n'avait pas pu venir. Le groupe avait alors été constitué de seulement cinq personnes et, par conséquent, moins de gibier avait été chassé. Tout en étant perdu dans ses pensées, Lancelin avait traversé le village et suivit le petit chemin qui menait jusqu'à chez lui. Il vivait avec sa femme dans une maisonnette en bois, en arrière du patelin. Auparavant se tenait à cet emplacement une tour de guet afin de prévenir l'arrivée d'éventuels envahisseurs, mais elle avait été détruite alors que la région s'était apaisée, et Lancelin avait donc décidé d'y construire sa demeure. En apercevant la lumière aux fenêtres de son doux foyer, il chassa toute inquiétude et franchit le seuil de sa maison. Mais alors qu'il s'attendait à voir sa femme, affairée à la cuisine comme elle avait pour habitude lorsque son mari était de retour de la chasse, Lancelin la vit penchée au dessus de leur lit. Sur les draps se trouvait un bébé. Quand elle vit le chasseur arriver, elle se précipita vers lui, et s'écria: - Oh Lancelin ! Puis elle le prit dans ses bras. - Que se passe-t-il Maria ? Répondit-il, inquiet de la situation. - Tôt ce matin, une jeune femme est arrivée portant dans ses bras un bébé. Ses vêtements étaient sales et elle avait l'air épuisée. À peine fut-elle sur le pas de la porte, qu'elle s'évanouit. - Comment vont-ils ? - Le bébé vient de s'endormir. Il avait l'air fatigué lui aussi. La femme est souffrante, elle est chez la guérisseuse du village. - Que leur est-il arrivé ? - Je l'ignore. À cet instant, des coups se firent entendre à la porte de la maisonnette. Lancelin s'éloigna de sa femme et alla ouvrir. Dehors se tenait le dernier chasseur du groupe, un jeune homme de taille moyenne et aux cheveux bruns. Il tenait son bras gauche en écharpe et une expression d'inquiétude recouvrait son visage. Il prit la parole : - Bonsoir Lancelin ! C'est la guérisseuse qui m'envoie. La femme qui est arrivée chez vous plus tôt dans la journée s'est réveillée et les nouvelles ne sont pas bonnes. - Quelles sont-elles Frameric? - Elle a pu nous parler. Elle nous a annoncé que le village de Ne'pala avait été attaqué. Des pillards sont venus et ont incendié le village. Elle a prit la fuite avec son nourrisson, abandonnant son mari et les autres hommes qui sont restés afin de se battre. Un groupe de sauvetage s'organise pour aller secourir les blessés sur place. - Mais qui va s'occuper de la défense de notre propre village ? - Nous ne serons pas nombreux à partir. Prépare tes affaires et rends-toi devant l'auberge si tu décides de te porter volontaire ! Lancelin n'eut pas le temps de réagir : déjà, Frameric était en train de courir vers le centre du village. Lancelin ferma la porte et se tourna vers Maria, inquiète : - Tu ne vas pas... ? Demanda-t-elle. - Si, Maria, il le faut bien. Je dois me porter au secours de ce village. Si nous n'arrêtons pas ces pillards maintenant, ils s'en prendront à nous. Et nous devons aider les villageois blessés. Elle s'approcha de lui, il la prit dans ses bras. Ils s'embrassèrent, d'un long baiser doux. Lancelin sentait la délicatesse des lèvres de Maria. Puis il desserra son étreinte et la regarda dans les yeux. Il aurait voulu rester auprès d'elle encore quelques instants, mais il devait se rendre au centre du village. Lancelin se saisit de son équipement : un arc accompagné d'un carquois, ainsi qu'un épée et des vivres dans un sac. Il ouvrit une nouvelle fois la porte de la demeure et, après un dernier regard vers sa femme, sortit dans la fraîcheur du soir. | |
![]() Le 03/07/2012 à 15:34:41 | Hop, un petit début tranquille avec une “simple” attaque de bandit, pour l'instant. Ce qui reste commun et rationnel pour un village évoluant dans un monde moyenâgeux. ![]() Vu que cette zone semble en paix, ces bandits seraient-ils annonciateurs de désastre. | |
![]() Le 09/07/2012 à 23:54:18 | Le chasseur rejoignit la petite place du village où plusieurs dizaines d'hommes étaient regroupés. Il reconnut parmi eux ses compagnons de chasse. Frameric était présent, malgré sa blessure. Lancelin vint vers lui et dit : - Frameric, tu ne peux pas venir dans cet état ! Tu n'es pas apte à te battre. - Ne t'en fais pas Lancelin, cette blessure est presque guérie. Et puis, il ne s'agit pas de moi, mais de notre village à défendre ! - Nous sommes plusieurs dizaines, on peut se passer d'un combattant. Rentre chez toi et attend que ta blessure finisse de guérir. - En vérité, nous sommes un peu moins. La moitié des volontaires va rester surveiller le village. Seuls deux groupes de chasse, dont le notre, se rendront à Ne'pala. Et moins d'une douzaine de personnes, ce n'est pas assez. - Justement, un homme blessé... - Lancelin. J'insiste pour venir. Peut-être même qu'il n'y aura plus de pillards. Avant même que Lancelin ne put répondre, Frameric se tourna vers les chasseurs restants. Pendant la discussion, le groupe de personnes se trouvant sur la place s'était dispersé, les autres courageux paysans s'organisant pour une éventuelle défense du village. - Allons porter secours aux villageois de Ne'pala ! S'écria Frameric. Sous les cris d'approbation, le petit groupe s'en alla en direction du village attaqué. À pied, et à allure soutenue, ils en avaient pour un jour de marche. Ils arriveraient donc à Ne'pala à la mi-journée. Frameric et Lancelin marchaient en tête. Celui-ci observa son compagnon blessé. Frameric n'avait prit que son épée. Il n'avait pas d'autre équipement pour se battre, contrairement au reste du groupe qui portait en plus arcs et carquois, même des boucliers pour certains. Après une nuit entière et une demi journée de marche, ainsi qu'une pause de quelques heures, les chasseurs se retrouvèrent face à l'entrée de Ne'pala. Des « C'est horrible ! » et « Quel carnage ! » s'échappèrent de la bouche de certains membres du groupe. En effet, là où auparavant se dressait avec fierté le petit village, il ne restait plus que des ruines. Une importante fumée noire s'échappait de débris calcinés d'anciennes habitations. Le groupe, avec prudence, s'engouffra dans le village. L'odeur de la fumée, de celle que l'on peut sentir après un incendie, était présente dans chaque ruelle. - Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Souffla Frameric. - Les pillards ont mis le feu au village. Mais combien pouvaient-ils être ? Et pourquoi ont-ils fait ça ? Dit Lancelin, en guise de réponse. - Un dragon ? Interrogea un chasseur. Une rumeur se répandit dans le groupe. L'inquiétude se lisait sur de nombreux visages. Dans la région, il arrivait que des conteurs vantent les exploits de dragonniers et de leurs compagnons. Parfois, certains commerçants étrangers, lors de foires, prétendaient en avoir déjà vu. D'après les rumeurs, le doyen du village avait même vécu avec un dragon. Mais ces étranges animaux mythiques inspiraient aussi la terreur parmi les chasseurs : des immenses bêtes ailées capables de cracher du feu et peut-être même... de brûler un village entier ! Lancelin calma le groupe et tenta de les rassurer : - Pour le moment, nous n'avons aucune preuve qu'il y ait un dragon dans les parages. Alors il n'y a aucune raison de paniquer ! Les chasseurs continuèrent d'avancer. A certains endroits, des cadavres carbonisés jonchaient le sol, ravivant les craintes. - Ils n'ont même pas pris la peine d'enterrer les morts ! S'offusqua Frameric. Le groupe finit par se retrouver sur la place centrale du village. - Il n'y a pas âme qui vive, constata Lancelin. - Il vaudrait mieux fouiller le village, proposa un chasseur. - Bien, séparons-nous ! Approuva l'homme blessé. Faisons des groupes de trois. Les chasseurs se séparèrent en plusieurs groupes, et chacun emprunta une artère différente partant de la petite place. Lancelin avait décidé de se mettre avec Frameric afin de surveiller son compagnon blessé. Il craignait qu'un malheur n'arrive au jeune homme à cause de sa blessure. Le troisième chasseur était un jeune homme blond, du nom de Senoc. Lancelin le connaissait de vue, mais avait eu peu d'occasions de lui parler et n'avait jamais chassé avec lui. Il ne devait pas avoir plus d'une quinzaine d'années. À chaque fois que le trio passait devant une maison, il prenait bien soin d'en fouiller les ruines - ou la bâtisse quand celle-ci, par n'importe quel miracle, était restée entière - espérant rencontrer des survivants. Mais il ne trouvait que des débris, preuves que le village avait été habité il y a peu, puis subitement incendié. Parfois les trois chasseurs tombaient sur des cadavres. Ils prenaient alors soin de les regrouper et de les recouvrir avec ce qu'ils pouvaient. | |
![]() Le 16/07/2012 à 12:34:42 | Après avoir visité une demi-douzaine de ruines, ils se retrouvèrent au milieu de la rue. - Courage, il nous en reste la moitié à visiter, murmura Frameric. Lancelin et ses compagnons entrèrent dans la bâtisse suivante : une maison comportant un étage qui avait semblé résister aux douloureux événements qui avaient frappé le village. L'épée à la main, Lancelin marchait en tête. À l'intérieur, la pièce était saccagée et semblait ne tenir que par miracle. - Je monte explorer l'étage, lança Frameric. - Bien, je vais inspecter la cave, répondit Lancelin. Senoc, vérifie qu'on n'ait raté aucun indice ici. Tandis que ses compagnons s'attelaient à leurs tâches respectives, Lancelin s'engouffra dans la cave. La porte n'était pas verrouillée, il n'eut aucun problème pour l'ouvrir. A l'intérieur, l'air était plus frais. Prudemment, le chasseur descendit les marches. La seule forme d'éclairage se faisait par l'ouverture derrière lui. Arrivé en bas, Lancelin scruta les ténèbres. Une odeur nauséabonde parvint à ses narines. Il devina une silhouette étendue sur le sol. Seule l'extrémité d'une botte était visible dans le clair-obscur. Le chasseur s'approcha, s'accroupit, puis se pencha au dessus du corps. Il le tâta, afin de vérifier s'il était toujours vivant. Mais celui-ci ne réagit pas. Dépité, Lancelin se redressa, prêt à rejoindre le rez-de-chaussée. Mais lorsqu'il se retourna, il reçut un coup au visage ! Sonné un bref instant, une forte douleur à la mâchoire, il se ressaisit, brandissant en avant son épée. Il porta son autre main à ses lèvres : elles saignaient. Mais ce n'était pas le moment d'examiner ses blessures. Un homme armé d'une épée se dressait entre Lancelin et la sortie. - À moi! Cria le chasseur, espérant être vite secouru par ses compagnons. La lame de son adversaire s'abattit, Lancelin la para tant bien que mal. Les épées s'entrecroisèrent, l'adversaire essayant de percer la défense du chasseur. Celui-ci, car il affrontait un ennemi à contre-jour, n'osait pas attaquer et se contentait de parer les coups comme il le pouvait. Soudain, une déflagration se fit entendre! Elle déstabilisa Lancelin et son adversaire profita de l'inattention du chasseur pour l'attaquer une nouvelle fois. La lame traversa sa chair. Il ressentit une énorme brûlure à son ventre. Le jeune homme se figea, laissa tomber son arme. La douleur lui faisait monter des larmes, brouillant sa vue. Le choc le fit tomber à genoux. Puis le noir se fit autour de lui. | |
![]() Le 19/07/2012 à 12:20:01 | * * * La lumière était feutrée. Son corps n'était que douleur. Il pouvait voir au dessus de lui les poutres soutenant la structure du petit bâtiment de bois. Avec difficulté, l'humain se redressa. Il était dans un lit, torse nu. Un bandage recouvrait son ventre. En le voyant, Lancelin fit une grimace, retenant un cri. La douleur avait été plus forte au moment du coup, mais elle persistait tout de même. Le chasseur pivota afin de poser ses pieds nus sur le sol. Au moment où il allait se lever, la porte de sa chambre s'ouvrit. Un homme vêtu de noir fit son apparition. Il portait des bottes de cuir et une longue cape. A sa ceinture pendait une épée. Il avait un visage carré et une fine moustache surplombait ses lèvres, un petit bouc décorait son menton. Lancelin eut un mouvement de recul. - Tu es réveillé à ce que je vois, dit le nouvel arrivant, d'une voix grave. - Qui êtes-vous ? - Ton sauveur. Je t'ai trouvé inconscient dans la cave d'une maison en feu. Tu es maintenant en sécurité. - Où sont les autres ? L'inconnu se tut une instant. Lancelin le dévisagea, il ne ressemblait pas à son agresseur. - Dans le feu de l'action, j'ai vu certains villageois fuir. Je t'ai emmené avec moi afin de te soigner. Des milliers de questions se bousculaient dans la tête du chasseur. Qui était réellement cet homme ? Où se trouvaient-ils ? Qu'est-ce que ses compagnons fuyaient ? Comment un feu s'était-il déclenché ? Ils se contenta de répéter, hébété : - « Dans le feu de l'action » ? - Oui, les pillards sont revenus pendant que vous étiez à Ne'pala... Lancelin s'emporta: - Mais que s'est-il passé ? Allez-vous m'expliquer ? * * * | |
![]() Le 17/08/2012 à 19:42:47 | Frameric monta les escaliers. L'unique pièce de l'étage constituait la chambre des anciens propriétaires. Un lit double trônait au centre de la pièce, à côté d'une petite table de chevet en bois. Un tapis vert se trouvait au pied du lit. Le chasseur se dit qu'ici devaient probablement vivre les habitants les plus riches du village. Curieux, il s'approcha de la fenêtre donnant sur la rue d'où venait le petit groupe. La ruelle paraissait calme. De son poste d'observation, Frameric pouvait voir de la fumée s'échapper d'anciennes demeures désormais calcinées. Il allait faire demi-tour quand un mouvement attira son attention. Intrigué, il colla son visage à la vitre afin de mieux voir sur le côté. Puis la stupeur l'arrêta net. Son cœur se mit à battre la chamade. Devant lui se tenait un immense dragon rouge, battant des ailes. Il semblait très intéressé par quelque chose que le chasseur ne pouvait voir depuis sa fenêtre. Mais comme alertée par un sixième sens, la créature mythique tourna subitement sa tête vers lui. En un mouvement d'ailes, elle se retrouva face à Frameric. Seule la fenêtre les séparait. L'immense tête rouge impressionnait le jeune homme qui n'osait pas effectuer le moindre mouvement. Le chasseur pouvait observer les immenses crocs et les yeux perçants de la créature. Le dragon émit un bref cri, puis prit son inspiration. Soudain, Frameric retrouva tous ses réflexes de chasseur. Il pivota sur lui-même et se jeta au sol, le plus en avant possible, rentrant sa tête dans les épaules et la recouvrant de ses mains. Au même moment, le dragon expulsa de ses poumons toute l'énergie qu'il put, créant une immense déflagration, faisant voler en éclats la vitre de la chambre. Secoué, couvert de suie et de débris de bois, Frameric se retourna. Assis, ils s'aida de ses jambes et de son bras valide afin de se rapprocher des escaliers. Pendant qu'il reculait peu à peu, le dragon se tenait toujours dans les airs, face à lui. La façade où se trouvait la fenêtre avait disparue. De la fumée se répandait et le feu se propageait à travers la pièce. Le dragon fixait encore de ses yeux clairs le jeune chasseur. Celui-ci se leva et se précipita dans les escaliers en appelant ses compagnons. | |
![]() Le 02/12/2012 à 16:16:00 | * * * Alors que Frameric était occupé à fouiller l'étage, et Lancelin la cave, Senoc se dirigea vers la porte du fond. C'était probablement une petite cuisine où devaient se trouver une cheminée et des ustensiles permettant de concocter les repas de la famille qui, il y a peu encore, vivait ici. Le jeune chasseur ouvrit la porte : il avait vu juste. À première vue, il n'y avait aucune trace de survivant dans la petite salle. Une fois entré, Senoc referma la porte derrière lui. Il entreprit ensuite de fouiller les lieux, ouvrant les placards, à la recherche du moindre indice. Apparemment, la nourriture avait été consommée : les propriétaires des lieux avaient probablement fait leurs bagages avant de s'enfuir. À peine avait-il fini d'inspecter un premier placard qu'il entendit crier : - A moi ! Cette voix provenait de la cave, ce devait être Lancelin. Senoc se rua dans la salle principale du rez-de-chaussée, celle qui faisait office de salle-à-manger. Il allait entrer dans la cave quand, à l'étage, le bruit d'une déflagration l'interrompit une nouvelle fois. Qu'est-ce qui se passe ? Ne sachant plus où aller, Senoc resta immobile, envahit par une panique paralysante. Son indécision prit fin au moment où il aperçut Frameric, couvert de suie, descendre à toute vitesse les escaliers. - Un dragon ! Cria-t-il alors qu'il descendait les dernières marches. Un dra... Senoc n'entendit pas la suite de ses paroles. Il s'était retourné quand il avait entendu la porte de la cave s'entrouvrir. Un individu en était sortit, brandissant une épée. Mais ce n'était pas Lancelin. Avant que le jeune homme ne put réagir, Senoc reçu un violent coup à la tête. Il s'écroula, sonné. Autour de lui, tout était flou. Il sentait son cœur battre à toute allure, ses tempes étaient sur le point d'exploser, pulsant au rythme de son pouls. Puis il réalisa qu'il était tombé sur le sol. Lentement, il se mit à genoux, s'appuyant sur sa main gauche. La main droite, elle, palpait la base de son crâne. Il sentit du bout de ses doigts la blessure. Du sang en sortait, mais ça n'avait pas l'air grave. Il reprit ses esprits et se redressa. Frameric combattait le pillard, mais était en position désavantagée à cause de son bras en écharpe. Pendant ce temps, l'incendie se répandait dans la bâtisse. Soudain, une poutre s'effondra dans un sillon de flammes. Voyant que la situation commençait à se dégrader, le pillard asséna un coup au visage de Frameric puis se rua vers la sortie. Senoc s'approcha de son compagnon : - Vite, sortons d'ici ! - Non, répondit Frameric, examinant sa propre blessure. Elle semblait superficielle. - Il faut aller chercher Lancelin ! ajouta-t-il - Ce pillard ne nous aurait pas fait de quartier. S'il est sortit de la cave, c'est que Lancelin est mort... Je suis désolé... dit Senoc, la mine défaite. - Je vais le chercher. Pars si tu veux. D'autres morceaux du plafond se détachaient pour s'écraser, enflammés, sur le sol. L'environnement se faisait étouffant, l'oxygène rare. Senoc toussa : - On ne peut pas, c'est de la folie. Mais déjà Frameric se dirigeait vers la cave. - Alors, attend-nous dehors ! Lança le courageux chasseur. Toussotant, Senoc prit la direction de la ruelle. Une fois dehors, il respira à pleins poumons l'air frais du soir. À l'horizon, il pouvait apercevoir le soleil se coucher. Mais ce n'était pas ça qu'il observa. Ses yeux suivirent du regard le dragon rouge qui atterrit à ses côtés, d'un air menaçant. Sur son dos se trouvait le pillard qui venait d'agresser les chasseurs. * * * | |
![]() Le 16/12/2012 à 10:36:42 | L'air devenait étouffant. Il était presque impossible de respirer. La chaleur se faisait de plus en plus importante. Frameric se pencha afin de pouvoir mieux s'emplir les poumons d'air. Il toussa. Progressant à trois pattes, il se dirigea vers la cave. Il n'en voulait pas à Senoc d'être parti. À son âge, il aurait probablement agi de la même manière. Et puis, c'était un miracle s'il était toujours en vie ! S'il n'avait pas lancé ce tabouret à la tête de Senoc, le jeune chasseur se serait fait transpercé par le pillard. Cette diversion avait permis de sauver la vie du jeune homme et d'engager le combat face à l'assassin. Alors que Frameric allait atteindre l'entrée de la cave, une autre poutre s'écroula. Il cria, une douleur épouvantable aux jambes. Il était coincé et ne pouvait plus remuer ses jambes. Elles devaient être broyées. Du moins, l'une d'entre elle le faisait atrocement souffrir. Sa blessure au bras n'était rien comparée à ce qu'il ressentait maintenant. Il essaya de se dégager mais n'y parvint pas. Son bras blessé le gênait dans ses tentatives pour s'échapper. C'était à son tour de demander de l'aide, mais il avait de plus en plus de mal à respirer. Il toussa plus fort. Ses jambes le brûlaient désormais. La maison entière ressemblait à une torche géante. Plus aucun meuble, plus aucun mur n'étaient visibles. Au-dessus de lui, le toit continuait de s'écrouler. Frameric était entouré de flammes. Le sol en bois brûlait autour de lui. La température avait atteint un pic incroyable et maintenant la fumée l'empêchait de respirer. Lui-même prenait feu, les flammes de la poutre se propageant sur le tissu de son pantalon ! Il sentait l'odeur de sa chair se carbonisant. Si la température n'était pas si élevée, des larmes auraient coulées sur ses joues. Il réussit à crier, à lancer un râle profond, long, sortant de ses entrailles. Symbole de sa douleur et de sa peine. Ce cri était une prière, une prière pour que cela s'arrête, pour que cette souffrance le quitte. Ce cri fut le dernier son que l'on put entendre de Frameric Ferito. Sa dernière prière fut exaucée. Juste avant de sombrer dans les ténèbres, il se dit que finalement c'était Lancelin qui avait eu raison : Frameric n'aurait jamais dû partir avec cette expédition... Et il regrettait que Senoc ne soit pas resté pour l'aider... | |
![]() Le 03/05/2013 à 10:43:55 | CHAPITRE DEUXIÈME: LA NAISSANCE D'UN GUERRIER « L'homme raisonnable est celui qui reconnaît ses limites tandis que l'homme brave est celui qui les ignore. L'homme sage est celui qui sait les ignorer. » (Panteïx le Sage) Dans la cabane où se trouvait Lancelin, l'inconnu prit un tabouret et s'assit. Il regarda le chasseur fixement, puis il entama son récit : - Je suis un voyageur. Cette cabane dans laquelle nous nous trouvons est l'un de mes refuges. Depuis quelques semaines, des brigands pillent des villages. Ils recherchent quelque chose en particulier. - Quoi donc ? - Ne m'interrompt pas s'il te plaît. Laisse-moi t'expliquer. Comme tu le sais, ces pillards ont attaqué Ne'pala. Ils ont incendié la ville à l'aide de dragons. - Des dragons ?! L'hôte fusilla Lancelin du regard. - Oui, des dragons, reprit-il d'un ton sec. Puis il se détendit : - … et n'ont épargné personne. Chaque villageois qu'ils trouvaient, ils le tuaient ! À cet instant, Lancelin voulu poser une autre question, mais en voyant l'expression de son interlocuteur, il se ravisa aussitôt. Celui-ci poursuivit son discours : - Ce fut un massacre, un véritable carnage. Il n'y eut que très peu de survivants. Les courageux hommes qui étaient parti défendre leur village ont tous été abattus. Ceux qui s'étaient terrés dans leurs habitations ont aussi été décimés. Seul une poignée de personnes, trop lâches ou assez prudentes, ont réussi à prendre la fuite et à en sortir vivants. Lancelin n'en pouvait plus : - Qui étaient-ils ? Que voulaient-ils ? Pourquoi ont-ils fait tout ça ? Comment en savez-vous tant ? - Peu importe qui ils sont. Ce sont des brutes sanguinaires qui cherchent à imposer leur domination sur la région. Cette scène à Ne'pala n'était qu'une démonstration de force visant à montrer ce dont ils étaient capables. Mais plus encore, ils recherchent quelque chose. Quelque chose qu'ils n'ont toujours pas en leur possession... L'homme s'interrompit, perdu dans ses pensées. Lancelin n'osait pas dire un mot, malgré les questions lui brûlant les lèvres. Après une courte pause, l'inconnu cligna plusieurs fois des yeux, comme s'il voulait chasser les derniers lambeaux d'un rêve, puis continua : - Quoi qu'il en soit, après avoir pillé Ne'pala, ils se dirigèrent vers un autre village. Votre groupe a fait preuve de bravoure en se rendant à Ne'pala. Vous avez probablement sauvé des vies. Cependant, quand vous êtes arrivés, certains pillards étaient resté en retrait. En quête de nouveaux trésors ? Pour tendre des embuscades ? Peut-être... L'homme marqua une nouvelle pause dans son récit. Il se saisit du pichet posé sur la table de chevet à côté de lui et bu. - Pour continuer dans mon histoire, je pense que je dois t'en dire davantage sur moi. Mon nom ne te sera d'aucune utilité. Mais on me surnomme « Le Duc » . Je t'ai dis que j'étais un voyageur. En réalité, je suis plus que cela, je suis un dragonnier. Lancelin ouvrit la bouche d'étonnement. Devant lui se tenait un véritable dragonnier ! - Je n'ai pas assisté à la première attaque de Ne'pala, je ne suis arrivé qu'après, enchaîna l'inconnu afin d'éviter toute autre intervention du chasseur. Vous étiez déjà là. Je volais à bord de ma monture quand j'ai aperçu une bâtisse en feu, au centre du village. À côté, un dragon rouge semblait l'incendier. Au moment où je suis arrivé dans la ruelle, le dragon avait été rejoint par son dragonnier et allait s'en prendre à un jeune homme. Mon compagnon de route et moi-même nous ruâmes vers les agresseurs. Mon dragon lança un jet de flamme qui les fit fuir. Le blondinet aussi prit la fuite. Je sautai à terre et me ruai dans la maison en feu afin de voir s'il restait des survivants – le jeune homme était partit en courant, se retournant souvent vers la bâtisse. J'en avais déduis qu'il laissait quelqu'un ou quelque chose derrière lui. Le dragonnier s'arrêta quelques instants, avant de reprendre, d'un air grave : - J'entrai donc dans le bâtiment. À l'aide d'un sortilège, je créai une armure magique, me protégeant du feu. Je compris rapidement pourquoi le jeune homme semblait regretter partir aussi précipitamment. Dans la salle où je me trouvais gisait un cadavre carbonisé. Malheureusement, le toit continuant de s'écrouler je dû agir vite. J'allais partir au moment où j’aperçus la porte ouverte de la cave. Je me précipitai à l'intérieur et je vis un cadavre au fond de la pièce, à tes côtés. Espérant que l'un de vous au moins était encore en vie, j'inspectai vos corps. Réalisant que seul toi étais toujours vivant, j'entrepris de te porter jusqu'à ce que tu sois dans la rue, hors de danger. Voyant ensuite que ta blessure était importante, je t'ai emmené hors du village pour te soigner. C'était il y a trois jours. Lancelin avait écouté, interdit. Il n'osait poser la question qui le hantait le plus, mais il se résout à le faire : - Qui était l'homme carbonisé que vous avez trouvé dans la maison ? Fit-il d'une voix tremblante. - Je l'ignore. Il était méconnaissable. Frameric... Ce devait être Frameric... Ce ne pouvait être que lui... Lancelin refusait de croire ce que disait l'homme en face de lui. Soudain, il n'arriva plus à respirer, il n'entendit plus ce qui l'entourait. Il hoqueta. Puis des larmes se mirent à couler. Il pleura, ne pouvant se retenir. Sans doute par compassion, le dragonnier se leva, un air peiné sur son visage, et posa sa main sur l'épaule du chasseur en pleurs. Il la retira après un court instant puis quitta discrètement la chambre, laissant le pauvre homme seul avec sa douleur. | |
![]() Le 09/01/2014 à 15:32:56 | Plus rien n'avait de sens. Bien sûr, ce n'était pas la première fois que Lancelin perdait un être proche. Mais cette fois-ci, cela semblait plus injuste que jamais. Frameric était un jeune homme d'une trentaine d'années. Il n'était toujours pas marié et avait encore de nombreuses années devant lui. Du moins, il aurait dû en être ainsi. Lancelin ne pouvait pas croire ce qui lui arrivait. Il y a quelques jours, il vivait sa vie paisible de chasseur dans son village, auprès de sa femme. Désormais il était dans un lieu inconnu et venait d'apprendre que son plus proche ami avait été assassiné. Quelques heures après le départ du dragonnier, Lancelin se leva, déterminé. Il avait pleuré un long moment, regrettant son défunt compagnon. Puis il avait décidé à se mettre à la poursuite de ces pillards, de les traquer, jusqu'au dernier s'il le fallait, afin de venger son plus grand compagnon ! Il enfila les vêtements que le dragonnier avait laissé pliés sur une chaise, au pied du lit. Il se saisit ensuite de son équipement puis quitta la pièce par l'unique porte qui s'y trouvait. Il entra dans une petite salle contenant une table et trois tabourets. Sur le côté, un feu illuminait l'antre de la cheminée. À son pied reposait un petit tapis. Le Duc était occupé à raviver la flamme à l'aide d'une tige en fer. Lorsque Lancelin entra, le dragonnier se tourna vers lui, d'un air surpris. Il lui lança : - Où vas-tu ? Lancelin ne prit pas la peine de répondre, il se dirigea vers la porte en face de lui, donnant sur l'extérieur. À travers les fenêtres, il pouvait voir que la nuit était tombée. Il ouvrit la porte... et eut à peine le temps de voir le projectile arriver vers lui ! Il se pencha et évita de justesse la flèche, qui rebondit sur le mur du fond. Aussitôt, le chasseur ferma la porte. S'adressant à son hôte, il s'écria : - Qu'est-ce qui vient de se passer ? - Nous sommes attaqués ! Les brigands nous ont retrouvés ! - « Retrouvés » ? Répéta Lancelin, incrédule. - Oui, cet objet qu'ils cherchent, il est en ma possession. Tout au long de l'échange, le Duc avait cessé de s'occuper du feu. Il l'avait même éteint pour plonger la salle dans l'obscurité, afin que ses occupants ne deviennent pas des cibles trop faciles. Il avait dégainé son épée et scrutait les environs, accroupi contre la fenêtre et jetant des regards discrets vers l'extérieur. D'un geste, il avait intimé Lancelin d'en faire autant. - Et vous me l'annoncez seulement mainten... - Ils arrivent. Coupa le dragonnier. Curieux, Lancelin se redressa afin de jeter un œil au dehors. Un groupe de guerriers s'avançait, s'éclairant dans l'obscurité de la nuit à l'aide de torches. - On ne devrait pas … ? Lancelin s'était arrêté au milieu de sa proposition lorsqu'il vit un grand dragon noire et rouge se jeter sur le petit groupe. De sa position, le chasseur pouvait entendre les cris des pillards, donnant des instructions pour affronter la grande bête. Celle-ci lança un grand jet de flammes sur le petit groupe qui se dispersa en criant, certains hommes prenant feu. En assistant à cette scène, Lancelin repensa à Frameric ; à la façon dont il avait dû mourir : brûlant, appelant à l'aide, pris au piège dans une maison enflammée. Une lueur de haine traversa le regard de Lancelin. Il se leva et ouvrit grand la porte. Il brandit son arc et prit une flèche de son carquois. Les jets de flammes du dragon éclairaient quelque peu la scène, permettant au chasseur de voir par intermittences où se situaient ses adversaires. Il avait déjà chassé lors de nuit d'orages et s'était déjà aidé de la lumière d'éclairs pour tuer du gibier. Mais cette fois-ci, ce n'était pas du gibier qu'il chassait. Il banda son arc, visant les silhouettes situées à une vingtaine de mètres. Ce n'était pas non plus des êtres humains. Ces créatures étaient des êtres qui avaient tué son frère d'armes, son ami d'enfance. Ils étaient des monstres, des êtres sanguinaires, sans foi ni loi. Lancelin visa. Un rictus se forma au coin de ses lèvres. Il entendit les cris apeurés des quelques pillards qui fuyaient, pourchassés par le dragon noir et rouge du Duc. Il relâcha la corde. La flèche traversa l'obscurité et alla se planter dans le torse d'un brigand. Celui-ci s'écroula dans un cri. Il devait seulement être blessé, mais Lancelin n'y accordait pas d'importance. Il avait touché sa cible. L'un des assassins de son ami était au sol, agonisant ou bien déjà mort. Le chasseur ressentit une certaine satisfaction alors qu'il vengeait la mort de Frameric. Mais soudain, un choc sourd se fit entendre depuis le toit en bois de la bâtisse. - Voilà enfin le dragon, murmura le Duc. Il se redressa, regardant en l'air, l'épée au point. Lancelin décida lui aussi de sortir son épée du fourreau afin de se préparer à un combat rapproché. Des coups, moins intenses, se faisaient entendre sur le toit : le dragon essayait de le briser. - Viens, suis-moi ! Déclara le dragonnier. Il s'accroupit et dégagea le tapis. Dessous, on pouvait distinguer une trappe. Le compagnon de Lancelin l'ouvrit sur une petite échelle qui permettait d'accéder à une salle secrète. Il l'emprunta et invita le chasseur à le suivre. Mais au moment où celui-ci commençait sa descente, un brigand entra dans la maisonnette. Lancelin reconnut la silhouette de l'homme qu'il avait affronté à Ne'pala. - Saute ! Souffla le Duc. Lancelin ne réfléchit pas et obtempéra, détachant le piquet maintenant la trappe ouverte. Il atterrit sans difficulté sur le sol en pierre de la salle puis fit tomber l'échelle. Pendant ce temps, le dragonnier allumait une torche à l'aide d'un briquet en amadou. À la lumière de la torche, Lancelin pu observer au centre de la pièce un piédestal sur lequel trônait un gros œuf d'une étrange couleur. Il était vert. Vert comme une émeraude. Mais le chasseur n'eut pas le temps d'approfondir ces détails. Le dragonnier s'empara de l’œuf et, à l'aide de la torche, indiqua à Lancelin la route à suivre : un souterrain creusé par la main de l'homme, plongeant dans les ténèbres. Ils s'y engouffrèrent en courant tandis que la trappe au dessus de leur tête s'ouvrait. L'assassin, malgré l'obscurité qui régnait dans la cabane, l'avait retrouvée sans difficulté. Lancelin arrêta sa course et fit volte-face. Le Duc s'arrêta aussi, quelques mètres plus loin, lorsqu'il s’aperçut que le chasseur ne le suivait plus. Entre temps, le pillard avait rattrapé Lancelin. Lui aussi portait une torche afin de s'éclairer dans le souterrain. Dans son autre main, il tenait une épée. Lancelin dégaina son arme une nouvelle fois. Cette fois-ci, il pouvait observer distinctement son adversaire. Il était un peu plus grand que lui et semblait plus costaud. Il avait la peau pâle et des des yeux marrons, reflétant la haine mais aussi la détermination. Les deux adversaires se dévisagèrent un instant. Puis Lancelin attaqua en premier. Dans un cri de rage, il brandit son épée en avant, de toutes ses forces. Le brigand para sans difficulté. Le chasseur fut déstabilisé et un coup de pied dans l'estomac l'envoya au sol. Mais le pillard ne se décida pas à l'achever. Il préféra se diriger vers le Duc, en possession de l’œuf et seulement armé d'une torche. Lancelin se releva rapidement afin d'aller secourir son compagnon. Celui-ci arrivait à se battre avec sa torche. Il l'utilisait afin d'éblouir son adversaire, ou pour parer certains coups. Agiles, les deux combattants semblaient aussi entraînés l'un que l'autre. Aucun ne parvenait à prendre l'avantage, et ce malgré le handicap du Duc, encombré de l’œuf , et l'épée dans son fourreau. Mais le pillard réussit à trancher le seul outil que son adversaire avait pour se défendre. La torche tomba au sol. Lancelin profita du moment de stupeur qui suivit pour attaquer à sont tour. Il piétina la torche, supprimant une des seules sources de lumière du souterrain. Désormais, le pillard était seul contre deux. Le Duc, légèrement en retrait, avait sorti son épée. Lancelin attaquait avec vigueur. Face à lui se tenait le véritable assassin de Frameric. Il désirait venger la mort de son ami. Sentant la situation tourner en sa défaveur, le brigand voulu une nouvelle fois battre en retraite. Il brandit sa torche en avant afin d'éblouir ses opposants. Surpris, Lancelin bondit en arrière mais le Duc, anticipant, se courba et avança son épée vers le tueur. Celle-ci entra dans la cuirasse de l'assassin qui s'immobilisa quelques instants, puis il laissa sa torche tomber au sol. Il fit quelques pas en arrière, prenant dans ses mains la lame qui dépassait de son torse. L'éclairage tamisé permettait à Lancelin de voir le liquide rougeâtre se répandre depuis la blessure de son adversaire qui, se sentant vaciller en arrière, tenta de s'agripper à la paroi rocheuse du tunnel. Mais il n'y parvint pas et s'écroula, immobile. Lancelin regarda l'assassin de son meilleur ami mourir sous ses yeux. Il ne réagit pas, ne tenta pas même de l'aider. Il observa seulement la dernière lutte que le pillard menait afin de trouver de l'air, afin d'empêcher son corps de l'abandonner, afin de survivre. Le chasseur vit le regard vide de son adversaire ainsi que la dernière étincelle de vie qui le parcourut, une étincelle représentant l'abandon, la compréhension que tout était fini et que rien d'autre ne pourrait le sauver. Pendant un instant, Lancelin regarda la dépouille de son adversaire, puis il fut couper de ses sombres pensées par une remarque du Duc : - Viens. Nous devons y aller. Ils reprirent donc la route vers l'autre sortie du tunnel, laissant le cadavre de l'assassin derrière eux. | |
![]() Le 12/01/2014 à 14:00:26 | - Tu dois te demander où je me suis procuré un tel œuf, supposa le Duc tout en marchant d'un pas vif dans l'obscurité du tunnel. Il avait ramassé la torche du pillard et portait l'œuf sous son autre bras. - En effet. D'où vient-il ? Et qu'est-ce exactement ? Répondit un Lancelin intrigué, essayant de marché à la même allure que son compagnon. Où allons-nous ? Ajouta-t-il. - Ceci est un œuf de dragon. Son histoire est longue, mais pour résumé, je l'ai sauvé d'un groupe de pillards qui cherchait à le récupérer. J'ignore ce qu'ils voulaient en faire, mais leurs intentions étaient malsaines. Toutefois, ce groupe n'a pas perdu espoir de mettre la main sur cet œuf, et c'est pour cela qu'il le traque sans répit. En ce qui concerne ta dernière question, dit le Duc après un court silence, nous nous rendons dans une petite clairière où nous attend mon dragon. De cet endroit, nous partirons pour ton village où je te laisserai auprès des tiens. Ils finirent leur traversée de l'obscur tunnel, plongés dans leurs pensées respectives. Lancelin assimilait peu à peu les révélations faites par le Duc. Ainsi, ce dragonnier s'imposait comme défenseur de ces lézards géants et combattait des pillards sanguinaires qui cherchaient à s'emparer d'étranges œufs. Il serait donc indirectement responsable des massacres perpétrés dans les villages alentours... Ils arrivèrent à la sortie du souterrain. Le sol s'inclinait un peu et ils montèrent sur quelques mètres. Puis ils se retrouvèrent face à un ramassis de branches qui bouchait l'entrée. Le Duc donna sa torche à Lancelin et écarta les branches Ils franchirent l'issue du tunnel et se retrouvèrent au bord d'une clairière, à côté de quelques rochers qui couvraient le passage secret. Le dragonnier remis les branchages en position. La cachette était désormais invisible pour ceux qui en ignoraient l'existence. Le Duc reprit la torche des mains du chasseur et se dirigea vers le centre de la clairière. Lancelin aperçu alors un grand dragon rouge et noire, celui qui quelques instants plus tôt avait mis en fuite les assaillants de la maisonnette. Le jeune homme était impressionné. Il n'avait jamais approché une telle créature de si près. Celle-ci tourna sa tête écailleuse vers lui et le regarda d'un air serein, comme si, pour le dragon, la présence de l'humain ne la surprenait pas plus que ça. Le Duc rangea l'œuf dans une sacoche accrochée à la selle du dragon puis, d'un geste ample et majestueux, enfourcha l'animal. Il se tourna vers le chasseur, et lança un : - Allez, en selle camarade ! Lancelin resta bouche bée. Cet individu voulait que le jeune chasseur s'installe sur le dos de cet animal géant ! Il balbutia : - Mais je croyais qu'on allait rentrer à pied... Le Duc éclata de rire : - Haha ! Non, cela nous prendrais trop de temps, ton village est bien trop loin ! Allez, monte ! Rien qu'à l'idée de se retrouver à califourchon sur une telle créature, Lancelin se sentait mal à l'aise. - Non, je refuse monter sur un tel animal ! Dit fermement le chasseur. À peine eut-il terminé sa phrase que le dragon se tourna vers lui et lui lança un regard noir. De peur d'avoir vexé l'imposante créature, Lancelin ne se fit pas prier et monta derrière le dragonnier. Quand le chasseur fut installé, le dragon se propulsa dans les airs. Il déploya ensuite ses grandes ailes et le trio vola au dessus de la forêt. Surpris, Lancelin faillit être désarçonné, mais le dragon faisait attention à ses cavaliers, anticipant et compensant leurs mouvements. Ils voyagèrent ainsi jusqu'au levé du jour. Fatigué, Lancelin s'était endormi et fut réveillé par le dragonnier alors qu'à l'horizon se dessinait un village... Son village ! Le dragon piqua subitement vers le sol. Le chasseur tenta d'articuler : « Qu'est-ce qui se passe ? », mais n'y parvint pas. Ils foncèrent vers le sol à toute allure, mais l'atterrissage se fit en douceur. Le chasseur bondit sur le sol et demanda à son compagnon : - Pourquoi avons-nous atterrit maintenant ? Le dragonnier descendit de sa monture et répondit : - Tu connais ce village mieux que moi. Comment réagiraient les villageois s'ils voyaient arriver un dragon monté par deux guerriers ? - Je ne suis pas un guerrier ! - C'est du moins ce qu'ils croiraient. - C'est possible, répondit Lancelin, d'un air songeur... Le dragonnier s'avança vers Lancelin et dit: - Notre route se sépare ici, l'ami ! - Comment ça ? - Tu n'as plus besoin de moi. Tu retrouveras ton village en suivant ce sentier. Je te remercie encore pour ton aide cette nuit. Le Duc s'approcha du chasseur pour lui faire une accolade. Une tape dans le dos plus tard, Lancelin demanda : - Je ne saurai donc jamais qui vous êtes réellement ? - Non, répondit en souriant son interlocuteur, remontant sur son dragon. - Vous ne voulez pas connaître mon nom, non plus ? Le sourire du dragonnier s'élargit. Il lança un regard complice, comme s'il partageait avec le chasseur un secret vieux de plusieurs années, un secret qu'au fond de lui Lancelin connaissait et n'avait jamais cessé d'oublier. - Et oui, ce que nous disons lorsque nous sommes atteint par la fièvre est parfois vrai, Lancelin. Lorsque je t'ai soigné, il t'est arrivé de parler dans ton sommeil. C'est comme cela que j'ai su d'où tu venais. Va ! Rentre chez toi, retrouver les tiens ! Lancelin hésitait. Il sentait qu'il avait encore besoin du dragonnier : - Vous êtes soigneur, peut-être pourrez vous aider les autres chasseurs de mon village qui ont été blessés. - Votre village ne possède pas de guérisseur ? - Si, nous avons une guérisseuse, mais elle aura certainement besoin de votre soutien. - Cela ne sera pas nécessaire. Je dois mettre l'œuf à l’abri. - Vous allez vivre votre vie en cavale ? Loin de toute attache ? À fuir tout le monde et ne faire confiance à personne ? S'emporta Lancelin. - Je dois trouver un dragonnier pour cet œuf... Répondit le Duc, d'un ton calme et posé. - Et qu'est-ce qui vous dit que son futur dragonnier ne se trouve pas dans notre village ? Le Duc sembla hésiter un court instant. Puis il se pencha au dessus de son dragon, posant un main sur la tête de l'immense créature et s'approchant de son oreille, comme 'il voulait murmurer tout prêt de lui. Mais il ne remua pas les lèvres. Quelques secondes plus tard, il sauta à terre. - Tu m'as convaincu, Lancelin ! Mais nous irons seuls, sans mon dragon. Le chasseur hocha la tête. | |
![]() Le 15/01/2014 à 17:23:54 | CHAPITRE TROISIÈME : L'AVÈNEMENT D'UN DRAGONNIER « Les Dragons sont des créatures mythiques qu'il nous faut apprendre à respecter et à comprendre. » (Le Duc) Les deux compères se mirent en route et arrivèrent rapidement auprès du village. Lorsqu'ils furent sur la place centrale, beaucoup d'habitants s'étaient approchés et avaient formé un cercle autour d'eux. Certains avaient reconnu Lancelin, surpris de le revoir. Mais tous étaient intrigués par la présence du Duc, richement vêtu et l'air sûr de lui. Puis, la foule se déchira, laissant passer une jeune femme qui se jeta dans les bras de Lancelin. - Je te croyais mort ! Dit-elle entre deux sanglots. Le jeune homme serra très fort sa femme dans ses bras. - Non, grâce à cet homme, ce n'est pas le cas, dit-il les dents serrés afin de retenir un cri de douleur. Surprise, elle relâcha son étreinte et regarda son mari: - Mais tu es blessé ! S'exclama-t-elle. - Ce n'est rien, Maria, répondit Lancelin, affichant un sourire rassurant. Satisfaite, Maria releva la tête et dévisagea le nouvel arrivant. - Bonjour chers villageois ! Dit-il, Je ne suis qu'un modeste voyageur qui demande l'hospitalité pour la nuit. J'ai aussi quelques talents de guérisseur et je suis prêt à en faire usage si besoin est, sachant que ces temps sont durs et qu'il peut vous être nécessaire d'y avoir recours. Un vieillard s'approcha du Duc et dit : - Soyez le bienvenu jeune homme. Je me nomme Panteïx et je suis le chef de Krymade, le village où vous vous trouvez. Je suis ravi, au nom de tous ses villageois, de vous accueillir parmi nous. Puisque vous avez sauvé la vie de Lancelin, je vous propose de loger chez lui, en guise de remerciement. Mais, je me fais vieux, et je n'ai pas bien entendu qui vous étiez, pouvez-vous répéter votre nom je vous prie ? - Pardonnez cette méprise de ma part, noble Panteïx. Mon nom vous est probablement inconnu, mais on me surnomme « Le Duc ». - « Le Duc », dites-vous ? Étrange surnom. - En effet, répondit l'homme concerné, en souriant. Mon nom est tombé depuis longtemps dans l'oubli. Et puis, quelle importance lui porter ? Nous sommes ce que nous faisons. Nos actes définissent qui nous sommes réellement, pas le nom qui nous a été donné lors de notre venue en ce monde. - Vous avez peut-être raison, répondit Panteïx, mais il retrace aussi nos origines. Avez-vous honte des vôtres ? - Peut-être me sont elles inconnues, répliqua le Duc, d'un ton mystérieux. Cette dernière phrase acheva la conversation. Voyant qu'il ne servait à rien d'insister, Panteïx acquiesça puis se retira d'un pas lent. La foule l'imita et se dispersa peu à peu ; Maria et Lancelin guidèrent leur hôte jusqu'à la demeure un peu isolée. Alors qu'ils empruntaient le petit chemin menant à la bâtisse du jeune couple, ils entendirent : - Lancelin ! Les trois membres du groupe se retournèrent. C'était Senoc qui accourait vers eux. Arrivé à leur niveau, légèrement essoufflé, il reprit son air puis dit : - Je suis désolé pour Frameric. Lancelin posa sa main sur l'épaule de jeune chasseur : - Tu n'y es pour rien Senoc. - Si. J'aurais dû rester avec lui, il avait besoin de moi, et j'ai fuit ! Des larmes commençaient à couler lentement sur ses joues. - Lancelin, sais-tu comment il est mort ? Celui-ci porta un instant son attention sur le Duc puis, regardant Senoc droit dans les yeux, dit: - Oui, je sais. Il a péri brûlé dans la maison que l'on fouillait à Ne'pala. - Il est mort car il voulait te sauver ! Il allait te chercher dans la cave et il n'en est jamais ressorti. La maison avait pris feu. J'ai pris la fuite mais je suis revenu quelques instants après. La maison finissait de brûler mais personne n'en était sorti. Lancelin lui donna une tape sur l'épaule : - Tu n'as pas à t'en vouloir Senoc. Tu as agi par crainte, et tu avais raison d'avoir peur. Senoc sécha ses larmes et fit un sourire timide. - Quoi qu'il en soit, je suis content de te savoir en vie et en bonne santé ! Après avoir fait une accolade à Senoc, Lancelin reprit la route vers sa demeure en compagnie de sa femme et du Duc. Une fois à l'intérieur, ce dernier s'installa à la seule table qui occupait la pièce principale tandis que Maria se dirigeait vers la cuisine afin de chercher des breuvages à présenter à leur invité. Lancelin prit un tabouret et s'assit face au Duc. Celui-ci avait laissé sa sacoche sur le sol, à côté de lui. Alors que le chasseur allait commencer la conversation, des pleurs de bébés retentirent. - Pardonnez-moi, dis Maria. Je dois aller m'occuper du bébé. La jeune femme sortit alors de la pièce. - Félicitations ! Vous êtes parents depuis peu ? S'exclama le Duc, ravi. - Non, cet enfant est un rescapé de Ne'pala, répondit Lancelin. Une jeune femme est venue nous l'amener peu après l'attaque. - Ah bon ? Et où est-elle désormais ? - Elle se repose chez la guérisseuse. - Non, plus maintenant. Maria entra dans la pièce, portant le bébé dans ses bras. Elle était en train de le bercer doucement. Elle reprit, d'un ton légèrement méprisant : - La jeune femme est partie un beau matin, sans prévenir. Elle avait dû reprendre assez de force pour abandonner son enfant. - Il faut la comprendre, tenta le Duc, son village a été brûlé, son mari est probablement mort au combat. Elle est venue ici et a trouvé une famille d'accueil pour son enfant, tandis qu'elle n'est pas sûre de son propre avenir. Elle a fait le choix qui lui semblait le mieux. Le regard de la jeune femme s'adoucit. Elle sourit, mais ne semblait pas tellement convaincue. Ensuite, le Duc et Lancelin entreprirent de lui conter leurs aventures depuis le départ des groupes de chasse du village, jusqu'au retour des deux compagnons. Entre temps, le bébé s'était calmé. Le Duc demanda : - Quel est son nom ? - Je l'ignore, répondit Maria. Si vous allez l'élever, il vous faudrait peut-être en choisir un, proposa le dragonnier. - Oui mais lequel lui attribuer ? S'interrogea Lancelin. - Je ne peux vous aider ! C'est à vous de choisir, dit son invité en guise de réponse, avec un petit sourire en coin. Maria berçait toujours le bébé. - Peut-être la femme a-t-elle donné le nom du bébé à la guérisseuse, avant son départ. Supposa le chasseur. - Je propose que nous y allions tous deux afin de récolter quelques informations. Et peut-être que mes talents de guérisseurs pourront servir. - Très bien, allons-y ! Répondit Lancelin. Les deux hommes se levèrent et, après avoir salué Maria, se dirigèrent vers l'hospice. | |
![]() Le 01/02/2014 à 17:36:37 | La maisonnette en bois était semblable aux autres de la petite place située à l'est du village. La seule différence résidait en la présence d'une petite enseigne au dessus de la porte où y était représentée à la peinture blanche une main ouverte aux doigts serrés, signifiant que des soins étaient dispensés à cet endroit. Lancelin et le Duc entrèrent dans la petite demeure. La porte grinça lorsqu'elle s'ouvrit. Un petit carillon avait été placé au dessus de l'encadrement pour tinter à l'arrivée de nouveaux clients. L'intérieur était petit. Des bocaux habitaient les étagères de bois, contenant poudres ou dragées. Un petit guichet séparait la porte d'entrée de celle menant à l'arrière-salle, plus profonde, où étaient disposés les lits sur lesquels les patients se reposaient. Entendant les nouveaux arrivants entrer dans son échoppe, la guérisseuse quitta les lits pour aller au devant des deux visiteurs. C'était une femme d'une trentaine d'années, aux longs cheveux roux : - Bonjour Lancelin. Ravie de voir que tu n'as pas eu besoin de mes compétences ! Dit-elle, affichant un grand sourire. Elle regarda le Duc et demanda: - Que puis-je pour vous ? Peut-être me suis-je trompée et vous avez besoin de soins. - Non, rien de tout cela Yselda. Nous venons à propos de la jeune femme de Ne'pala. N'a-t-elle pas donné son nom ou celui de son enfant ? Yselda prit un air gêné: - Non, malheureusement, ce n'est pas le cas. Elle était souffrante lorsqu'elle est arrivée, très fiévreuse. Je l'ai soignée et elle a commencé à aller mieux. Puis, un beau matin, elle n'était plus là. - Et elle n'a rien dit ? - Non. Pas même dans ses délires enfiévrés. Elle n'a rien dit d'autre que de timides remerciements. - Bien. Merci Yselda. Répondit Lancelin. Le dragonnier et le chasseurs quittèrent la bâtisse de la guérisseuse. - Nous n'en aurons pas appris plus, finalement, dit le Duc. Ils rentrèrent donc chez Lancelin et Maria. Au moment où ils franchirent le seuil, ils virent d'abord le bébé, installé dans un tas de langes, délicatement posé sur la table. Il regardait avec de gros yeux étonnés ce que la jeune femme tenait dans ses mains. Elle aussi était surprise par l'objet qu'elle contemplait. Elle avait peut-être fouillé dans la sacoche du Duc, ou alors celle-ci s'était renversée, mais elle tenait l'œuf vert-émeraude du dragonnier. - C'est la première fois que je vois un œuf de dragon, dit-elle lorsque les deux hommes entrèrent dans la pièce. - Je comprends votre curiosité, répondit le Duc. Mais faites attention, les œufs de dragon peuvent être très fragiles. Mal à l'aise, Maria posa l'objet sur la table, à côté du bébé. Rassuré un court instant, le Duc poussa un léger soupir de soulagement. Mais il devint blême lorsqu'il vit le bébé tendre son bras vers l'œuf, risquant de le renverser. Il voulut l'en empêcher, mais n'y parvint pas. Soudain, lorsque le doigt du bébé entra en contact avec la coquille de l'œuf, un grand flash se fit dans la salle. Des images floues apparurent sous les yeux des différents occupants, accompagnés de sons sourds, comme éloignés. FLASH ! Un jeune homme chassant dans la forêt. Il trouve un œuf vert par terre, surpris. Il se penche pour le ramasser. FLASH! Il est assis dans une maison, près d'un feu. Un dragonneau vert dans ses bras. FLASH ! Une clairière, un cadavre au sol, à côté d'un dragon. Face à eux, le même jeune homme avec une épée ensanglantée et le dragon, d'un vert différent. FLASH ! La nuit. Un feu de camp. Une aile protectrice autour de l'homme engourdi par le froid. Le froid. La chaleur. La confiance. L'homme : « Merci Draginos ». FLASH ! L'intérieur d'un temple. Deux dragons, côte à côte, tous deux rouge et noir. Un vieillard. Des alliances. FLASH ! Toujours des alliances, une femme, un dragon blanc et bleu. Un sourire. Une voix : « Pito » . Le bonheur. FLASH ! Une maison en bois. Des cris. De la douleur. Un bébé naît. Encore un sourire. Toujours le bonheur. FLASH ! Une ville en chantier. L'homme tient la femme par la taille. Sourires. FLASH ! Le dos de l'homme. Un tatouage flou sur l'omoplate droite. FLASH ! Un village. Un jeune homme aux longs cheveux blonds. Il tend un parchemin. L'homme lit. La stupeur. FLASH ! Un groupe. Des dragonniers. De la détermination. L'homme marche devant. FLASH ! De la pluie. Des éclairs. La corde d'un arc qu'on lâche. Une flèche dans l'épaule. De la douleur. Du sang. L'agonie. La lutte pour la survie. La mort. FLASH ! La salle réapparut distinctement devant ses occupants. L'œuf était toujours sur la table, à côté du bébé qui se mit à pleurer. Les trois adultes n'avaient pas bougé et restaient déstabilisés par ce qu'ils venaient de vivre. - Que s'est-il passé ? Demanda Maria, toujours aussi ébranlée. - Un événement très rare, expliqua posément le Duc. Son regard était lointain. Il essayait d'analyser ce qu'il venait de voir. Pendant ce temps, Maria prit le bébé dans ses bras et le berça afin de le consoler. Peu à peu, l'enfant se calma. Le voyageur reprit : - L'œuf a trouvé son dragonnier. Mais surtout, ils ont pu voir leur destin. Ce phénomène est extrêmement rare, cela s'appelle un Ganim Vs'shtak. - … « Pito » … souffla Lancelin. - En effet, Lancelin, il semble bien que ce bébé se nomme Pito. Ou plutôt, se nommera. Du moins, c'est à vous de voir! - Il va mourir ! S'écria Maria. - Nous n'avons vu qu'un destin probable, répondit le Duc, il est possible de le changer. Cette fin-là n'est pas certaine. Nous conservons un certain contrôle sur nos vies. - Nommons-le Pito, proposa le chasseur. Qu'en penses-tu Maria? - Si nous choisissons ce nom-là, nous irons dans le sens de cette prophétie, dit-elle avec inquiétude. - Et vois ce qu'accomplira cet Homme ! Tôt ou tard, ce bébé mourra. Mais le porteur d'un tel nom, selon cette étrange vision, sera digne de grands actes. - Comme le meurtre ? - Maria, concentre-toi sur ce que tu ressens. Écoute ton instinct, ce que te dis ton cœur. - Prenez le temps de réfléchir, dit le Duc. Avez-vous parchemins, plumes et encre? Je dois noter ce qui vient de se passer! Nous devons conserver une trace écrite de cet événement. Lancelin alla chercher ce que le dragonnier réclamait dans un petit bureau en bois tandis que le Duc rangeait délicatement l'œuf dans sa sacoche. Quand le chasseur revint, le dragonnier s'empara du matériel, se rassit à la table et entreprit de mettre sur papier les récents événements. Il trempa le plume dans l'encrier et écrivit. Lancelin put lire par dessus son épaule: « Ganim Vs'shtak de … » Le Duc s'interrompit et demanda : - Avez-vous décidé d'un nom ? Lancelin fixa Maria un court moment puis répondit : - Pito. C'est un fait, cet enfant s'appelle ainsi. Ce n'est pas à nous de choisir, l'Histoire l'a fait pour nous. - En êtes-vous sûrs ? - Oui. - Très bien. Le Duc reprit l'écriture du parchemin. Il rédigea ainsi plusieurs lignes. Lancelin ne lut pas le contenu du rouleau, de peur de paraître indiscret. Quand il eut terminé, le dragonnier enroula le parchemin. Il se leva et alluma une bougie. Il utilisa la cire fondue afin de sceller le parchemin, à l'aide d'une bague qu'il portait au doigt. La gravure représentait un dragon aux ailes déployées. En dessous, un mot était lisible: Cadilan. Le jeune père se demandait quelle pouvait être la signification de ce mot, mais il n'osa demander au dragonnier. C'était probablement le nom de sa maison : « Le Duc de Cadilan ». Une fois sa tâche accomplie, le dragonnier prit congé de ses hôtes et alla dormir dans la couche que Lancelin lui installa. Ensuite, Maria et son mari couchèrent l'enfant auprès d'eux et s'installèrent à leur tour dans le lit conjugal. Cependant, ni l'un ni l'autre ne fermèrent l'œil de la nuit. * * * Le lendemain, le Duc fit ses adieux à Lancelin, Maria et Pito: - Un jour, je reviendrai former l'enfant. Je vous souhaite d'être heureux et de fonder une maison solide. Mais promettez-moi de ne pas parler à l'enfant des événements d'hier soir. Dites-lui que vous êtes ses véritables parents. Élevez-le comme s'il était réellement votre fils. Vous serez plus heureux ainsi. Adieu à vous! Il emprunta le sentier qui partait de la maison du chasseur et la petite famille le vit s'éloigner, le parchemin de la veille à la main. C'est ainsi que le jeune Pito fut recueilli et élevé par Lancelin et Maria. Il grandit et apprit les rudiments de la chasse. À l'âge de douze ans, il savait manier l'arc et chassait déjà avec ses aînés. Ainsi s'achève la première partie de l'histoire de Pito de Varnaël. | |
![]() Le 02/02/2014 à 21:21:46 | DEUXIÈME PARTIE : LE PACTE DES DRAGONNIERS CHAPITRE QUATRIÈME : VOLEUR(S) ENVOLÉ(S) ? « L'union fait la force » (Dicton populaire, façon de penser de Pito) Le soleil s'était couché depuis plusieurs heures dans les bas-quartiers de Huddington. Les seules lumières provenaient des tavernes miteuses où les ivrognes dépensaient leur paie, et où les voleurs leurs faisaient les poches. Cela faisait plusieurs années qu'Aganon rôdait dans cette ville. Âgé d'une quinzaine d'hivers, le jeune garçon avait erré de villages en villages jusqu'à arriver aux portes de Huddington. Cette ville était en expansion et de nombreux travaux étaient proposés aux personnes acceptant de vendre leurs talents d'ouvriers. Malheureusement pour le jeune homme, il n'en avait aucun. Par contre, il s'était découvert des qualités de voleurs. Il passait la plus grande partie de la nuit dans les auberges à dépouiller discrètement les visiteurs. En ce soir du mois de Cermië, Aganon se trouvait dans la taverne Au Dragon Essoufflé. Il connaissait le tavernier qui, de temps en temps, le laissait « travailler » ici. Le voleur aidait son ami au service, et faisait quelques poches au passage. Plus tard dans la nuit, il gagnait de l'argent en posant des énigmes aux rares voyageurs encore assez éveillés pour participer et qui, contrairement à quelques uns, n'étaient pas avachis sur une table à ronfler bruyamment. Enfin, quelques tours de passe-passe suffisaient à alourdir suffisamment sa bourse pour la soirée. Il avait assez d'argent pour se payer la nuit dans l'auberge située en face de la taverne. Mais ce soir était différent. Un homme entra dans la taverne, un inconnu. Aganon n'avait jamais vu sa tête auparavant. L'homme s'approcha du comptoir derrière lequel se trouvait le jeune homme et commanda à boire. Le voleur lui servit une cervoise. L'étranger s'en saisit et alla s'asseoir à une table où il la sirota tranquillement. Aganon le dévisagea depuis le comptoir. L'homme était grand et athlétique. Il était enveloppé dans une cape noire. Ce voyageur paraissait riche. C'était là une occasion pour le voleur de se faire un peu d'argent. La soirée se poursuivit, tandis qu'Aganon ne lâchait pas l'étranger des yeux. Il guettait l'instant où celui-ci serait assez distrait pour pouvoir lui dérober sa bourse. Mais, malheureusement, cet instant ne semblait jamais arriver. Justement, l'étranger paraissait épier Aganon, ce qui le mettait fortement mal à l'aise. Il avait l'impression que l'inconnu lisait en lui, comme dans un livre ouvert. Voulant se changer les idées, il sortit prendre l'air quelques instants. Il s'assit sur le perron et observa le va-et-viens des clients entrant ou sortant de la taverne. Il se demanda alors ce qu'il faisait là. Non pas assis par terre en pleine nuit, mais à travailler dans cette taverne pour gagner une misère. Tout ça était la faute de ses parents. Dès sa naissance, ils l'avaient abandonné dans les bas-quartiers d'une ville miteuse. Il avait alors grandit dans la rue, seul contre tout un monde hostile. Il avait été contraint à survivre dans un milieu où les hommes se battaient pour une bouchée de pain. C'était la loi du plus fort. Et au vu de ses compétences physiques, ce n'était pas lui le plus fort. Il avait donc usé de ruse. Il lui fallait être plus malin que les autres. Au fil du temps, il avait réussi à être plus ou moins respecté par ses pairs, et dès qu'il avait récolté assez d'argent, il avait fait ses bagages et était partit dans la ville la plus éloignée qu'il avait trouvée. Jusqu'à atterrir dans cette taverne. Aganon poussa un long soupir, pensif. Il était temps de reprendre le travail. Il se leva et se dirigea vers l'entrée de la taverne. Au moment où il ouvrit la porte, il heurta un homme de plein fouet. La surprise du choc le laissa pantois. Des mains robustes et fortes le saisirent aux épaules, afin de le maintenir debout. Déboussolé, le jeune homme leva les yeux vers la personne qu'il avait percutée. C'était l'étranger à qui il avait servit une cervoise. Celui-ci le regarda droit dans les yeux et dit, d'une voix bourrue mais amicale : - Fais gaffe petit. Surveille où tu mets les pieds. - … Oui, pardonnez-moi noble seigneur. L'inconnu rit à gorge déployée et donna une grande tape dans le dos d'Aganon. Puis il reprit sa route, suivit par deux autres personnes portant une cape noire similaire à la sienne. Apparemment, elles l'avaient rejoint quelques minutes plus tôt. Aganon n'avait pas fait attention à eux quand ils étaient entrés dans l'auberge. Le jeune voleur, sur le pas de la porte, les regarda s'en aller. Puis il baissa son regard vers la paume de sa main gauche. À l'intérieur se trouvait la bourse que finalement il avait réussi à dérober à cet inconnu. Elle paraissait bien remplie. Aganon sourit. Il en déversa le contenu dans son autre main. Quelle ne fut pas sa stupeur lorsqu'il s'aperçut que la bourse ne contenait que des jetons de cuivre ! Il porta alors la main à sa bourse... et s'aperçut qu'il n'en avait plus ! Le jeune homme était tombé sur plus fort que lui. Il courut alors dans la nuit d'Huddington, voulant rattraper le trio qui lui avait dérobé sa propre bourse. | |
![]() Le 07/02/2014 à 16:03:16 | Aganon courut jusqu'aux portes de la ville. Il avait longé l'allée principale, était sorti des bas-quartiers, suivant le chemin qu'avaient probablement emprunté les seigneurs. D'ailleurs, que faisaient-ils dans les ruelles les plus sombres de la ville ? Aganon avait chassé ces pensées lorsqu'il avait aperçut le trio dans une grande rue. Il avait voulu les interpeller pour demander sa bourse. Mais la curiosité le poussa à se cacher et à les suivre discrètement. Le petit groupe sortit de la ville, suivi par le voleur. Apparemment, il n'avait pas été aperçu. Ils arpentèrent le chemin ainsi sur quelques kilomètres, jusqu'à arriver à un petit bosquet. Aganon était fatigué et avait mal aux pieds. Il était habitué à courir sur de courtes distances pour prendre la fuite, quand cela était nécessaire, mais il ne marchait que très rarement sur une distance aussi longue, sans même s'être préparé mentalement à cela. Qui plus est, il faisait nuit et il n'avait pas dormi depuis près d'une journée. Sans réelle couverture, Aganon se mit à plat ventre, derrière des herbes hautes, afin d'observer la scène qui se déroulait sous ses yeux. En effet, dans le bosquet, les fourrées avaient bougé. Le jeune voleur vit alors une tête de lézard géant en sortir, suivit de deux autres légèrement semblables. Dans l'obscurité, il ne discernait pas très bien les couleurs. Mais il en voyait assez pour savoir qu'il était face à trois dragons... et à leur dragonnier ! Les dragons, d'une taille imposante sortirent complètement du bosquet. Aganon entendit des bribes de conversation, mais rien de bien distinct. Les immenses créatures et leurs dragonniers semblaient unis par un lien intérieur. Évidemment, Aganon avait déjà pu en apercevoir, mais il n'avait porté qu'un léger intérêt pour eux. Croiser un dragon lui faisait le même effet que de voir un chien dans la rue. Mais il ignorait pourquoi, les gens des villes et villages qu'il avait traversés étaient fascinés par ces créatures. Un mythe semblait s'être construit autour d'eux. Les villageois semblaient les craindre et les respecter en même temps. C'était ridicule, ce n'étaient que des lézards géants ! À peine Aganon eut-il pensé cela qu'il lui sembla voir un des dragons tourner la tête vers lui, d'un regard menaçant. Effrayé, le voleur se tassa encore plus derrière ses hautes herbes. Il put observer les dragonniers enfourcher leurs fières montures. Mais le jeune homme ne pouvait pas les laisser partir avec sa bourse. Il s'élança vers eux en criant : - Attendez ! Dragons et dragonniers s'immobilisèrent. Six paires d'yeux se tournèrent vers un Aganon en course. L'homme de la taverne, qui se trouvait sur le dragon du milieu, mit pied à terre et s'avança lentement vers le jeune homme, attendant que celui-ci arrive à son niveau : - Rendez-moi ma bourse ! Pesta Aganon. Le dragonnier rit du même rire qui s'était échappé de sa gorge plus tôt, au seuil de l'auberge. Il répondit, narquois : - Dites-donc, jeune homme. Vous m'avez l'air moins respectueux envers vos seigneurs que vous ne l'étiez toute à l'heure. - Vous avez volé ma bourse. - N'en n'avez-vous pas fait autant ? Gêné, Aganon sentit ses joues rougir. Malgré l'obscurité, son interlocuteur sembla s'en apercevoir. Il tendit la bourse au jeune homme. Mais au moment où celui-ci allait s'en saisir, il la maintint hors de portée d'Aganon et dit : - Soit ! Si vous voulez votre bourse, il vous faudra vous battre pour l'avoir. Si vous gagnez, vous la récupérerez. Dans le cas contraire, vous serez à ma merci et seul moi serai chef de votre destin. Le perdant est le premier des deux combattants qui réclame la fin du combat. Dans quelle mésaventure s'était-il embarqué ? Aganon n'était pas habitué au combat. Certes, il possédait une dague : c'était utile, vitale dans le milieu dans lequel il évoluait. Elle pouvait servir à découper de la viande, ou encore à rompre les cordons reliant les bourses aux ceintures de ses victimes. Mais il ne l'avait utilisée que très rarement pour se défendre. Les autres dragonniers étaient restés sur le dos de leur dragon et semblaient confiants en la décision de leur champion. Celui-ci ajouta : - Ou sinon, vous pouvez toujours faire demi-tour et repartir sans votre bourse... Aganon hésitait. Cela ne valait pas le coup de se battre pour quelques pièces d'or. Sa bourse ne contenait que les recettes de la soirée. Même si le défi le tentait, il savait qu'il n'avait aucune chance face à un tel adversaire. Il poussa alors un long soupir et fit demi-tour. À peine eut-il fait le premier pas qu'il entendit dans son dos : - Ainsi donc vous êtes un lâche ? Vous préférez fuir plutôt que de tenter de regagner votre bien ? Vous voulez vous terrer dans cette misérable ville, cette misérable vie, en vous contentant de débourser des voyageurs trop distraits ? Aganon n'en pouvait plus. Qui était cet homme pour oser le juger ainsi ? Il s'emporta : - Oui je suis un lâche, puisque vous appelez cela ainsi. Je préfère justement survivre dans cette ville plutôt que de risquer ma vie pour une vulgaire bourse ! Son interlocuteur répondit plus posément : - Vous êtes un voleur. Vous avez passé votre vie à voler des bourses. Et là, vous refusez de récupérer celle-ci ? Vous reconnaissez donc que votre vie n'a aucun sens ; que toutes vos valeurs viennent de voler en éclat. - Où voulez-vous en venir ? - Vous êtes un jeune homme plein de talent, qui disposez d'une certaine agilité. Or, notre groupe aurait certainement besoin de vos services. Évidemment, vous aurez une récompense conséquente à la clef. - Votre groupe ? - Là n'est pas la question. Est-ce que vous acceptez de travailler pour nous en échange d'argent ? Joignant les gestes à la parole, l'inconnu lança la bourse qui atterrit aux pieds du jeune voleur. Il ajouta : - Ce n'est qu'un petit travail comme un autre. Vous n'aurez qu'à récupérer des objets et à nous les apporter. Rien de bien compliqué, en fin de comptes. Mais qui étaient ces dragonniers ? Jusque là, Aganon pensait que les dragonniers étaient des être nobles et majestueux. Cependant, ceux-là lui demandaient d'accomplir des actes douteux pour des raisons qui l'étaient encore plus. Le jeune voleur fut surpris par sa propre réflexion. D'habitude, il ne se posait pas de telles questions. Il se contentait de voler pour survivre. Comme si le dragonnier lisait dans ses pensées, il dit : - Bien entendu, nous vous offriront le gîte et le couvert, tant que vous continuerez de travailler pour nous. En vérité, Aganon était assez tenté par l'offre. Il voulait quitter cette ville et le goût d'aventure lui donnait l'eau à la bouche. Il avait là l'occasion de changer de mode de vie, et même de s'enrichir bien plus. Mais il ne devait pas laisser paraître son enthousiasme grandissant. Il dit d'un ton hésitant : - J'accepte votre offre, messire. Cependant je veux une liberté d'agir à ma guise, et la possibilité de vous quitter à tout moment. - Vous pourrez agir selon votre bon vouloir, tant que vous nous rapporterez les objets demandés sans avoir toute la garde locale à vos trousses. L'accord semblant conclu, Aganon s'empara avec agilité de la bourse traînant à ses pieds. L'inconnu scella l'accord par quelques mots : - Bienvenue parmi nous Aganon. Je vous présente les sieurs Alkhor et Gernich. Sans oublier leurs dragons Stejar et Qidir. Pour ma part, je suis Balem et mon dragon se nomme Ylep. - Vous connaissez mon nom ? Répondit le voleur, surpris. - En effet, cela fait un certain temps que nous vous observons, et nous savions que vous accepteriez de nous aider. Le jeune homme avait l'impression d'avoir été roulé. Il rangea sa bourse à sa ceinture et vérifia qu'elle y était bien accrochée. Mais son impression s'estompa lorsqu'il observa les individus face à lui. Balem chevauchait un immense dragon jaune, aux écailles presque dorées. Sur sa gauche se tenait Gernich. Il paraissait grand et massif. Sans doute un montagnard, pensa Aganon. Son crâne était chauve et ses sourcils formaient un angle donnant l'impression qu'il était toujours en colère contre quelque chose. Qidir, son dragon, était noir de jais et semblait plus robuste que les autres. Enfin, Alkhor était le plus grand des trois. Le teint pâle, il avait de longs cheveux bruns. Son visage paraissait sympathique. Aganon pouvait voir les écailles vertes de Stejar reflétant la lumière de la Lune. Aganon allait radicalement changer de vie et vivre une aventure qui allait le transformer ! - Montez avec Gernich et Qidir proposa Balem. Notre ami dragon sera assez robuste pour vous porter tous les deux. Enjoué, enthousiaste, Aganon s'approcha de ses futurs compagnons de vols. Gernich lui tendit la main. Aidé du dragonnier, et par un geste ample, le voleur sauta sur la selle, derrière le montagnard. Une fois le jeune homme bien installé, Qidir déploya ses ailes et, à l'aide de ses robustes membres postérieurs, s'élança dans les airs, à la suite des deux autres sauriens. Aganon poussa un cri de joie et, cramponné à Gernich, jeta un regard vers le bas, s'éloignant de plus en plus du bourg d'Huddington, s'éloignant de plus en plus de son passé... | |
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